Europe : la douche froide du pape François

L'Europe ? Une grand-mère égoïste, oublieuse de ses valeurs et uniquement tournée vers le matérialisme économique : le pape n'a peut-être pas tort...

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Le pape n'a pas mâché ses mots à Strasbourg devant les eurodéputés. © AFP

Temps de lecture : 2 min

"Une impression générale de fatigue" : la formule semble tout droit sortie de la bouche d'un de ces "déclinologues" qui pullulent désormais sur le Vieux Continent. Erreur. Elle émane d'une personnalité créditée d'une certaine influence et bénéficiant d'une audience sérieuse : le pape François. Devant le Parlement de Strasbourg, ce souverain pontife venu du Nouveau Monde a déploré la langueur qui semble s'être emparée de l'Europe. Il n'a pas mâché ses mots. Sur le système économique, sur la famille, sur l'immigration, il a fait entendre une petite musique inhabituelle, en rupture avec le discours dominant qui ne parle que de croissance, de chômage, de compétitivité, de productivité, de flux de capitaux. Le pape, sans évacuer ces questions, rappelle à sa façon que la vie politique et sociale n'est pas réductible à la fonction marchande et que l'homme est au centre de tout.

Si l'on s'en tient aux statistiques, l'Europe se porte pourtant assez bien : elle représente à elle seule près du quart du PIB mondial. L'UE est le premier investisseur de la planète et la première destination des investissements mondiaux. C'est aussi la première puissance industrielle, agricole et dans le domaine des services.

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Catastrophe démographique

Mais, signe de faiblesse, son taux de croissance (0,2 %) est devenu atone face à celui des États-Unis (autour de 4 %). Plus grave encore : la démographie de l'UE est en berne avec un taux de fécondité de 1,5 enfant par femme. La situation est catastrophique en Allemagne (1,38), en Italie (1,48), en Espagne (1,32) et même dans la très catholique Pologne (1,30). Seuls le Royaume-Uni (1,92) et surtout la France (2,01) assurent le renouvellement des générations. Bientôt, dans la vieille Europe, il y aura davantage de cercueils que de berceaux, avec pour conséquence une immigration accrue et les problèmes insolubles que cela risque de poser. Ce déficit démographique est emblématique d'une certaine frilosité, d'un repli sur soi qui ne laisse pas augurer un élan dynamique.

Le destin de l'Europe ne se lit pas que dans les chiffres. Que cela plaise ou non, le logiciel européen, qui a façonné l'histoire tourmentée mais intimement liée de ses peuples, puise ses racines dans la chrétienté. Le pape François n'est pas Jean-Paul II, mais il exprime avec d'autres mots la même évidence d'où découle la même nécessité : construire une Europe pas seulement autour de l'économie mais autour de la solidarité et de "la sacralité de la personne humaine et de ses valeurs inaliénables".

Peut-il être entendu ? Rien n'est moins sûr. En Europe, les héritiers de Marx et d'un libéralisme mal digéré évoluent souvent dans le même univers conceptuel. Ils nous expliquent que l'économie est le principal moteur de l'histoire. "La plus cohérente des erreurs", aurait dit Raymond Aron...



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Commentaires (29)

  • maumau333

    Ça fait du bien d'entendre la parole d'un homme venu du bout du monde et qui a toujours vécu auprès des pauvres ; il sait de quoi il parle ; alors les commentaires des internautes casés derrière leurs ordis et qui n'ont, pour la plupart jamais servi les pauvres dans les Restaus du coeurs ou le secours catholique ne me convainquent pas beaucoup…
    soir dit en passant : le patrimoine du Vatican, c'est justement celui de toute l'Europe qui s'est construite, c'est pas seulement celui de l'Eglise et du pape, il fait ma fierté même si je ne suis pas plus croyant que cela… Allez François, tu nous fais du bien !

  • njut off

    De s'adresser aux démocrates qu'aux extrémistes, n'est-ce pape, monsieur François ?

  • ST LOUIS

    J aime bien le papes, mais il peut les prendrent au Vatican il n'y a pas de problème.

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