La journée du 17 décembre a été pour le pape François l'occasion d'une double fête. Celle de son anniversaire d'abord, qu'il a célébré d'un air de tango et d'un verre de maté, la boisson traditionnelle argentine ; celle, ensuite, de l'aboutissement de nombreux mois d'une longue médiation qui a contribué à la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis.
Depuis son élection en mars 2013, le premier pape latino-américain de l'histoire suivait de près le dossier cubain, une démarche venue prolonger les voyages à La Havane de ses deux prédécesseurs Jean Paul II (en 1998) et Benoît XVI (en 2012), qui, choisissant le pragmatisme, n'avaient jamais refusé le dialogue avec le régime communiste.
DEUX LETTRES POUR UN APPEL PERSONNEL
Le Vatican, avec le Canada, a accueilli les pourparlers secrets engagés depuis des mois entre les Etats-Unis et Cuba. Discussions qui ont été un sujet majeur de l'entretien entre le pape et Barack Obama lors de la visite du président américain au Vatican à la fin mars.
Dans un communiqué du Saint-Siège, le pape a exprimé « ses chaleureuses félicitations pour la décision historique prise par les gouvernements des Etats-Unis d'Amérique et Cuba à établir des relations diplomatiques ». Mais plus qu'une réaction, ce texte confirme le rôle joué par le souverain pontife pour aboutir à ce rapprochement américano-cubain.
On apprend ainsi qu'au début de l'été 2014, le pape a adressé deux lettres aux présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro, pour lancer un appel personnel « à résoudre les questions humanitaires d'intérêt commun, y compris la situation de certains prisonniers, afin d'engager une nouvelle phase dans les relations entre les deux parties ».
Selon des responsables américains, mentionnés par l'Agence France-Presse, les prisonniers détenus par les deux camps ont en effet été au cœur du débat. Sur ce point, le Vatican est en fait impliqué depuis mars 2012, lorsqu'un groupe de parlementaires américains s'était rendu à la nonciature apostolique (représentation officielle du Saint-Siège) à Washington pour y solliciter une aide pontificale. Celle-ci a notamment facilité les négociations concernant Alan Gross, un Américain libéré après cinq années de détention à Cuba.
DIPLOMATIE SECRÈTE ET SILENCIEUSE
Le Saint-Siège a également reçu des délégations des deux pays en octobre et « a fourni ses bons offices pour faciliter un dialogue constructif sur les questions délicates, résultant en des solutions acceptables pour les deux parties », explique le communiqué, qui conclut :
« Le Saint-Siège continuera à assurer son soutien aux initiatives par lesquells les deux nations s'engagent à renforcer leurs relations bilatérales et à promouvoir le bien-être de leurs citoyens respectifs. »
Ce succès de François, salué par Barack Obama, permet à la diplomatie vaticane de retrouver la visibilité qu'elle avait avec Jean Paul II, au moment de la fin de la guerre froide. Secrète et silencieuse, celle-ci n'a pourtant jamais cessé d'œuvrer, le réseau diplomatique des nonces étant un des plus étendus au monde. Le style de la diplomatie de François est cependant assez différent de celui de Jean Paul II, pape polonais très ouvertement politique et en première ligne dans la chute du communisme en Europe de l'Est.
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