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Pesticides: Stéphane Le Foll veut faire rimer écologie et économie

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, vendredi lors de la présentation de son plan de réduction de l'usage des produits phytosanitaires. JACQUES DEMARTHON/AFP

Le ministre de l'Agriculture a présenté un plan de 70 millions d'euros visant à baisser de 50% l'usage des pesticides d'ici 2025.

«2015: an 1 de l'agroécologie». Rien de moins. Le ministre de l'Agriculture a présenté vendredi son plan pour diminuer l'usage des produits phytosanitaires. Stéphane Le Foll veut que les fruits de la terre soient cultivés avec moins de pesticides pour mieux préserver la santé, l'environnement et la biodiversité ; mais pas au dépend de la compétitivité ni de la productivité.

• «Maintenir le cap»

C'était la première des recommandations du député Dominique Potier dans le rapport «Les Champs du possible» publié en novembre. C'est aussi le paradoxe du plan présenté hier: on ne sait s'il faut y voir un recul ou une avancée. Stéphane Le Foll, qui ne croyait pas aux objectifs affichés par le plan Ecophyto de 2008, veut réduire l'utilisation de pesticides par les agriculteurs de 50 % en 2025. C'est sept ans de plus que le but (assorti de la restriction «si possible») fixé en 2008,qui est loin d'être atteint: entre 2009 et 2013, l'utilisation de produits chimiques dans les champs aurait augmenté de 5 %!

• L'écologie compétitive

Promoteur dès 2012 du concept d'agroécologie qui veut «combiner les performances économique, sociale et environnementale», Le ministre va peut-être réussir à mécontenter tout le monde à force de vouloir concilier divers intérêts. Ainsi, plutôt que de diminuer les quantités de pesticides utilisées, les industriels de l'agrochimie et certains syndicats agricoles préféreraient réduire leur impact sur la santé et l'environnement. Quant à la Confédération paysanne, elle loue «l'intention» mais regrette selon l'AFP «le manque de cohérence» avec «des politiques publiques qui favorisent la compétitivité, l'industrialisation, l'exclusion des fermes petites et diversifiées».

• Plus de services, moins de produits

Les associations écologistes voulaient dissuader fiscalement les agriculteurs. Le ministre préfère inciter les distributeurs de produits phytosanitaires. Ceux-ci devront, a-t-il expliqué dans un entretien paru vendredi matin dans le journal «Libération», baisser de 20 % le nombre de doses sur cinq ans et vendre à la place davantage de conseils pour apprendre aux agriculteurs à faire mieux, avec moins de pesticides.

Le plan, doté de 70 millions d'euros, prévoit aussi de développer la recherche et d'adopter des mesures permettant, d'une part de mieux utiliser les mécanismes naturels que les végétaux mettent en place pour se protéger, d'autre part de promouvoir les équipements écologiquement vertueux (par exemple, des pulvérisateurs permettant de mieux diffuser une quantité moindre de produits).

• L'«effet tâche d'huile»

Le réseau Dephy, mis en place pour expérimenter des techniques économes, est un succès selon le ministère qui évoque une baisse de l'utilisation des pesticides «en moyenne de 12 % en 2013». C'est vrai pour les grandes culture et l'élevage, nettement moins dans les (certes moins nombreuses) exploitations viticoles. Le réseau Dephy compte actuellement 1900 fermes, le ministre de l'Agriculture en voudrait 3000 et espère que chacune convaincra ses voisines. Selon un sondage BVA pour le ministère, 45 % des exploitants seraient déjà adeptes de l'agroécologie (93 % ont entrepris au moins une démarche allant dans ce sens), et 13 % l'envisageraient.

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