Affaire du Carlton : Sarkozy savait-il pour DSK avant le scandale du Sofitel ?

Alors que DSK comparaît à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Lille dans l'affaire du Carlton, une enquête de «Spécial investigation» sur Canal + révèle que son nom circulait  au sommet de l'Etat, longtemps avant le début de l'enquête judiciaire et même de l'affaire du Sofitel. Et cela grâce à des écoutes téléphoniques dont la légalité est contestée.

Lundi 2 février, Canal+ diffuse à 22h30, dans l'émission «Spécial Investigation», une enquête de la journaliste Vanina Kanban sur les dessous de l'affaire du Carlton de Lille.
Lundi 2 février, Canal+ diffuse à 22h30, dans l'émission «Spécial Investigation», une enquête de la journaliste Vanina Kanban sur les dessous de l'affaire du Carlton de Lille. (Capture d'écran/Canalplus.fr)

    C'est une enquête qui pourrait faire l'effet d'une bombe. Alors que s'ouvre lundi prochain à Lille

    , Canal+ va diffuser dans la soirée un reportage sur «les dessous de l'affaire». La journaliste, Vanina Kanban, qui a enquêté durant deux ans, révèle que Matignon aurait autorisé des écoutes avant l'ouverture de l'instruction judiciaire mais aussi avant l'affaire du Sofitel de New York.

    Selon ce documentaire de

    , la présence de DSK dans le dossier du Carlton était en effet connue des plus hautes autorités de l'État -- le président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon -- bien avant que le nom de Dominique Strauss-Kahn n'apparaisse dans la presse en octobre 2011. Bien avant aussi le scandale du Sofitel de New York en mai 2011, qui anéantira l'ambition de DSK de briguer l'Élysée.

    Ces écoutes peuvent «mettre en cause la validité du procès»

    Le 28 mars 2011 une information judiciaire est ouverte sur des faits de proxénétisme dans le nord de la France. Le nom de DSK apparaît dans la procédure, mais que de manière fortuite. Or, selon l'auteur de l'enquête, Vanina Kanban, des écoutes administratives avaient déjà eu lieu dans ce dossier, entre juin 2010 et février 2011. Manifestement, le nom de l'ancien patron du FMI y apparaissait déjà.

    La journaliste fait état d'une «clé USB» contenant des écoutes dans lesquelles il est question de «DSK» et de «prostituées». Cette clé aurait circulé à Matignon en mars-avril 2011. La journaliste se base sur le témoignage d'un «policier de haut rang», filmé caméra cachée, voix déformée et visage flouté. Vanina Kanban a recueilli d'autres témoignages corroborant l'existence de ces écoutes administratives. Cette surveillance aurait été déclenchée suite à un renseignement anonyme auprès de la police judiciaire de Lille concernant la présence de prostituées présentent dans un hôtel de luxe de la ville.

    Des écoutes «illégales»

    Or, pratiquer ces écoutes dans une affaire de prostitution est «illégal» et «peut mettre en cause la validité du procès» souligne l'avocat François Saint-Pierre interrogé dans le documentaire.

    Légalement, les écoutes administratives sont effectuées à la demande des ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Douanes après autorisation écrite du Premier ministre. Elles sont détruites ainsi que leur transcription, après un laps de temps, et ne sont pas communiquées au juge. Elles sont réalisées dans 5 cas : sécurité nationale, prévention du terrorisme, prévention de criminalité et délinquance organisée, sauvegarde d'éléments essentiels du potentiel scientifique et économique, prévention de la reconstitution ou du maintien des groupes de combat et milices privées dissous.