Le projet de budget pour 2015 est présenté mercredi 1er octobre. Michel Sapin, le ministre des finances et des comptes publics, souligne, dans un entretien au Monde, la part prise par l'Etat dans la réduction des dépenses publiques.
Le projet de loi de finances pour 2015 ne marque-t-il pas un renoncement à l'objectif de réduction des déficits publics ?
Michel Sapin : Un budget, ça n'est pas et ça ne doit pas être un exercice dans l'absolu, au nom de je ne sais quel impératif catégorique imposé de l'intérieur ou de l'extérieur. Nous sommes aujourd'hui dans une situation délicate. Allons-nous retrouver une croissance correcte et durable, ou allons-nous rester dans une situation de très faible inflation et de très faible croissance, et, donc, de très fort chômage ? L'adaptation du rythme de réduction des déficits est indispensable.
Les demandes régulières de report des objectifs de réduction des déficits ne vont-elles pas finir par lasser nos partenaires ?
Ce n'est pas la France qui est en question aujourd'hui, c'est l'Europe. Peut-on continuer à réduire les déficits au même rythme alors que la croissance et l'inflation ne sont plus au rendez-vous ? Nous avons construit notre budget et notre trajectoire de réduction des déficits en fonction de cette question et de la réponse que nous y apportons. Oui, il faut continuer à réduire nos déficits, mais à un rythme compatible avec la reprise économique.
Systématiquement, le gouvernement reporte les responsabilités sur des facteurs liés à l'environnement international, européen. N'y a-t-il pas des causes internes à ce déficit de croissance ?
Chacun a ses responsabilités. L'Europe, dont nous sommes un des acteurs, a des responsabilités et elle doit les assumer. La Banque centrale européenne a des responsabilités et elles les a assumées. La Commission, le Conseil ont des responsabilités. Nous prenons les nôtres. Les réformes en profondeur qui n'ont pas été menées ou qui commencent à être engagées, nous devons les mener. Nous tenons nos engagements pour améliorer la compétitivité de nos entreprises car c'est le seul moyen de retrouver un début de confiance de la part des acteurs économiques. Enfin, après quatre années consécutives de hausse des impôts et des cotisations, le financement des réformes et de la diminution des déficits se fait par des économies sur les dépenses.
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