Syrie : le groupe État islamique progresse, les réfugiés aussi

Les forces kurdes ont lancé une offensive sur trois fronts contre les djihadistes après que le groupe État islamique a atteint, mercredi matin, les portes d'Aïn al-Arab.

Source AFP

L'offensive des djihadistes, engagée mi-septembre, a poussé plus de 160 000 personnes à trouver refuge en Turquie.
L'offensive des djihadistes, engagée mi-septembre, a poussé plus de 160 000 personnes à trouver refuge en Turquie. © SIPA

Temps de lecture : 4 min

Le groupe État islamique (EI) avait atteint mercredi matin les portes d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde) dans le nord de la Syrie, tandis que les forces kurdes ont lancé une offensive sur trois fronts contre les djihadistes. En Irak, la Grande-Bretagne a de son côté lancé ses premières frappes depuis qu'elle s'est ralliée, vendredi, à la coalition internationale menée par les États-Unis qui vise à détruire l'EI, qui s'est emparé de larges pans des territoires syrien et irakien. Deux chasseurs-bombardiers Tornado sont venus appuyer les troupes kurdes prises pour cible par l'EI dans le nord-ouest, selon le ministère britannique de la Défense, précisant que les frappes avaient détruit un poste d'artillerie et un véhicule équipé d'une mitrailleuse lourde.

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Les responsables peshmergas, les combattants kurdes, ont indiqué que les opérations kurdes se déroulaient au nord de Mossoul, contrôlée par l'EI, au sud de la ville pétrolière de Kirkouk et contre une ville à la frontière syrienne. "Les soldats sont en train de se battre dans le centre de Rabia", à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad, après avoir pris deux villages, a indiqué un haut gradé. Soutenus par des frappes aériennes, les peshmergas ont également attaqué Zoumar, à environ 60 km de Mossoul, et repris des villages au sud de Kirkouk. À Washington, le Pentagone a annoncé envisager le déploiement d'une force d'intervention rapide de quelque 2 300 hommes au Moyen-Orient.

"Patience stratégique" (Pentagone)

Cette unité d'intervention ne sera cependant pas liée aux "opérations menées en Irak en ce moment", a indiqué un porte-parole du ministère américain de la Défense, le contre-amiral John Kirby. Selon un officier des Marines la semaine passée, ces hommes seraient basés au Koweït. Face à l'avancée des djihadistes, le Pentagone a par ailleurs appelé à faire preuve de "patience stratégique" et a estimé que l'armée américaine ne pouvait pas bombarder l'EI "à l'aveuglette". À Bagdad, au moins 13 personnes ont été tuées et 41 blessées par l'explosion de trois voitures piégées mardi soir dans des quartiers chiites, a-t-on appris de sources policières et hospitalières.

En Syrie, les djihadistes se trouvaient désormais à "deux ou trois kilomètres" d'Aïn al-Arab, dont ils cherchent à s'emparer pour contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire le long de la frontière turque, selon une ONG syrienne. "Il y a juste une vallée qui sépare les djihadistes de la ville", a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Face à cette avancée, les États-Unis, qui ont commencé leurs raids en Syrie le 23 septembre avec la coalition, ont mené trois frappes à Mazra al-Dawoud, à l'est d'Aïn al-Arab, sur un total de 11 frappes en Syrie lundi et mardi. L'offensive des djihadistes dans cette région, engagée mi-septembre, avait poussé plus de 160 000 personnes à trouver refuge en Turquie. Lundi, 15 000 habitants ont encore passé la frontière en raison des affrontements.

La Turquie dans la coalition

Ankara a renforcé lundi son dispositif militaire autour du poste-frontière de Mursitpinar (sud), après la chute sur son territoire de trois obus de mortier venant de la zone des combats. Le gouvernement turc a par ailleurs affirmé mardi que l'EI s'était rapproché de la petite enclave turque abritant le tombeau de Souleimane Shah, située à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur du territoire syrien et une trentaine au sud d'Aïn al-Arab. Alors qu'Ankara se montrait jusqu'ici réticent à participer à une intervention militaire contre les djihadistes, le gouvernement islamo-conservateur a finalement déposé un projet de mandat autorisant l'intervention de son armée en Irak et en Syrie, aux côtés de la coalition.

Si le Parlement - qui doit en débattre à partir de jeudi - l'approuve, la Turquie rejoindra ainsi la coalition initiée par les États-Unis et à laquelle participent à différents degrés une cinquantaine de pays. L'EI a en outre relâché plus de 70 élèves kurdes qui avaient été enlevés en mai, pas très loin d'Aïn al-Arab, selon l'OSDH. Le conflit en Syrie, qui a commencé en 2011 par un mouvement de contestation contre le président Bachar el-Assad avant de se transformer en guerre entre forces du régime et rebelles, s'est compliqué avec la montée en force de l'EI dans le pays, qui combat à la fois Damas et les insurgés.

Le régime n'a pas particulièrement réagi au lancement des frappes de la coalition contre l'EI, mais Bachar el-Assad a dénoncé mardi ceux qui ont "propagé le terrorisme" - en apparente allusion aux États-Unis et à d'autres membres de la coalition qui soutiennent l'opposition syrienne -, estimant qu'ils ne pouvaient pas vaincre les extrémistes. Au total, l'armée américaine a procédé à plus de 4 000 sorties aériennes depuis le 8 août en Irak et Syrie en comptant les vols de surveillance, le ravitaillement en carburant et les frappes. La campagne de frappes en Syrie a fait en une semaine au moins 211 morts parmi les djihadistes et 22 parmi les civils, selon l'OSDH.

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Commentaires (14)

  • DRAGOON

    ... Parfaitement raisonné... Le principal problème "semble t'il" est une méconnaissance totale du monde arabe, de ses coutumes, de son mode de vie et de sa façon de voir le monde... Les américains n'ont pas compris que ces peuples ont toujours été dirigés de façon ferme par des hommes a poigne et que c'est comme cela que ça fonctionne et pas autrement... Prenez le cas de l'Egypte !... Après la chute du roi FAROUK nous avons eu le colonel NASSER... Ensuite ANOUAR EL SADDATE militaire de haut rang... Assassiné par les "frères musulmans"... Qui donc lui a succédé ?... Un autre militaire Hosni MOUBARAK destitué par le peuple égyptien pour corruption et remplacé par une dictature religieuse avec MORSI destitué a son tour et remplacé par qui ?... Un autre militaire le général SISSI !... Inutile de vous citer d'autres dirigeants arabes comme KADAFHI (colonel ! ) BEN ALI (militaire de haut rang ! ) SADDAM HUSSEIN (militaire !) le FLN en Algérie etc. Sauf que ces chefs d'état savaient parfaitement a quoi s'en tenir sur la façon de diriger une état arabe...

  • charleston

    Il y a bien longtemps, disons dix ans, dans une période troublée, un vrai sorcier, appelé Bush, a vu des armes terribles chez l'ami de son père devenu ennemi, ensuite plus rien du tout pour redevenir le pire ennemi du monde pour finir mal avec la corde au cou. En fait il n'y avait pas d'armes terribles.

    C'est alors une période claire où Bush vient trucider un ennemi qui pourtant avait autrefois attaqué un autre ennemi du temps de Ronald. Avec une guerre de sept ans. Cela a été bon pour le commerce des armements. L'Irangate a fourni des armes à cet ennemi de notre ancien ami devenu ensuite ennemi.

    Pour faire simple, il a été nécessaire de bombarder ces jours-ci nos anciens ennemi redevenus de nouveaux ennemis avec des amis qui avaient financé cet ennemi. Un autre ennemi Bashar est devenu sans le vouloir un ennemi de cet ennemi. Alors qu'il n'est pas notre ami.

    Notre amie la Turquie a nourri ce nouvel ennemi à sa frontière tout en se gardant bien de laisser se développer notre ami kurde qui est quand même son principal ennemi interne. Notre ami kurde est très dispersé et même entouré d'ennemis qui sont parfois aussi nos amis. Et ils ne s'entendent même pas entre eux.

    Nos amis qui sont maintenant avec nous pour détruire ce nouvel ennemi n'ont pas toujours été avec nous. Il y a même des ennemis qui sont avec nous pour détruire ce nouvel ennemi mais cela n'en fait du tout des amis. Et des amis qui financent cet ennemi.

    Tout ira mieux.

  • MONAMARS

    Une vision simple des choses n'a rien de simpliste et quand on veut stigmatiser, comme vous le faites, en méconnaissant la culture de certains Peuples, on ne convainc personne.

    Les gens qui terrorisent le monde et qui estiment être un Etat (ce qu'il n'est pas) n'existaient pas du temps de Sadam Hussein et de Khadafi car face à des dictacteurs ces gens ne bougent pas. En voulant modifier le fonctionnement de ces Peuples, nos politiques au nom d'une démocratie qui n'existe pas dans ces pays et qui ne peut pas être copié (comme nous ne pouvons pas copier les uns et les autres), les hommes politiques ont créé le chaos ce qui justifie mon : "ils ne comprennent rien".

    Il suffit de voir qu'en 2003, il n'y avait qu'un foyer de violence et suite aux interventions diverses au nom de la démocratie, il y en a aujourd'hui des dizaines ce qui montre que de continuer la guerre ne sert à rien.

    Ceci est un fait, une réalité que j'ai vécue personnellement en vivant là où se passe aujourd'hui ces atrocités que je ne cautionne pas et je ne vois d'ailleurs pas en quoi mon propos a, de près ou de loin de rapport, avec Monsieur Dieudonné.

    Je crains que votre méconnaissance de la culture de certains Peuples, comme beaucoup de politique vous égare.