Mort du P-DG de Total : le conducteur du chasse-neige avait 0,6 g d'alcool par litre de sang

En plus de cet employé, le chef des nettoyeurs de pistes, le responsable du contrôle des vols, l'aiguilleur du ciel et son supérieur ont été interpellés.

Source AFP

L'avion du P-DG de Total est entré en collision dans la nuit de lundi à mardi avec un chasse-neige à l'aéroport Vnoukovo de Moscou.
L'avion du P-DG de Total est entré en collision dans la nuit de lundi à mardi avec un chasse-neige à l'aéroport Vnoukovo de Moscou. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Le conducteur du chasse-neige à l'origine de la collision qui a provoqué le crash meurtrier de l'avion du P-DG de Total, Christophe de Margerie, avait 0,6 g d'alcool par litre de sang au moment de l'accident, a annoncé jeudi le Comité d'enquête russe, structure chargée des investigations criminelles en Russie. L'employé de 60 ans, Vladimir Martynenko, a été placé jeudi en détention pour deux mois par un tribunal de Moscou. Son avocat avait auparavant démenti son ébriété, invoquant des problèmes cardiaques, mais avait reconnu que son client avait pu consommer "quelques gouttes" d'alcool.

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Dans les premières images de son interrogatoire montrées mercredi par les télévisions publiques russes, il dit avoir "perdu (ses) repères". "Je ne me suis pas rendu compte que j'entrais sur la piste de décollage", déclare-t-il. Son avocat a indiqué mercredi qu'il n'était pas seul à travailler et qu'il faisait partie d'une "colonne de déneigeuses".

Nouvelles mises en garde à vue

Vladimir Martynenko a dû, selon lui, sortir de son véhicule pour vérifier s'il avait heurté un obstacle, prenant un retard de "30 à 40 secondes", suffisant pour "perdre de vue la colonne". Le convoi a quitté la piste, mais l'aiguilleur du ciel n'a pas remarqué qu'un véhicule restait encore sur la piste, a affirmé l'avocat. L'avion a alors percuté le chasse-neige avant de s'écraser sur le dos en bord de piste.

Les enquêteurs russes s'appliquaient jeudi à établir la chaîne de responsabilité dans le crash meurtrier de l'avion du patron de Total : nouvelles mises en garde à vue, comparution d'un suspect devant le juge, premières démissions au sein de la direction de l'aéroport. Les enquêteurs ont placé en garde à vue quatre employés de l'aéroport Vnoukovo, près de Moscou, où l'avion de Christophe de Margerie était entré en collision avec un chasse-neige dans la nuit de lundi à mardi avant de s'écraser en provoquant la mort du P-DG du pétrolier français, de deux pilotes et d'une hôtesse de l'air.

"Négligence criminelle"

Outre le chef des nettoyeurs de pistes et le responsable du contrôle des vols, les autorités ont procédé à l'interpellation de l'aiguilleur du ciel qui contrôlait le décollage de l'avion et de son supérieur qui le supervisait. Cette contrôleuse aérienne, qui avait encore le statut de "stagiaire" selon les enquêteurs, avait été embauchée en août, selon une source au sein de l'aéroport de Vnoukovo parlant mercredi sous le couvert de l'anonymat. Elle opérait toutefois sous la supervision d'un contrôleur du ciel réputé, Alexandre Krouglov, connu surtout pour avoir empêché le crash d'un avion en 2007 à Vnoukovo.

Selon le Comité d'enquête, ces quatre employés "sont détenus en tant que suspects", faute d'avoir respecté les normes de sécurité. Parallèlement, les premières démissions dans la direction de l'aéroport ont été annoncées jeudi avec le départ du directeur général Andreï Diakov, en poste depuis 2005, et de son adjoint Sergueï Solntsev. Les enquêteurs avaient dénoncé mardi la "négligence criminelle" de la direction de Vnoukovo.

Analyse des boîtes noires

Du côté de l'enquête, les experts russes, secondés par leurs homologues français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), continuent l'analyse des données contenues dans les "boîtes noires" de l'avion de Total, qui doivent aider à éclaircir les circonstances de l'accident. Selon le vice-président du Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe (MAK), Sergueï Zaïko, l'analyse des données de vol commencée mercredi doit prendre "deux à trois jours".

Concernant les conditions de travail dans les aéroports de Russie, le quotidien Vedomosti rapporte jeudi que la compagnie aérienne russe Iamal a publié sur son site internet avant de le retirer un communiqué où elle dénonce des "menaces répétées de collision" de ses appareils dans les aéroports de Russie depuis plusieurs années. Selon ce communiqué cité par Vedomosti, Iamal a averti les autorités russes à plusieurs reprises de ces risques, mais ses plaintes ont été ignorées.

Les proches de Christophe de Margerie ont pour leur part quitté la France mercredi pour Moscou, où ils doivent procéder au rapatriement du corps, une démarche qui pourrait prendre plusieurs jours. Le patron de Total doit être inhumé dans la petite commune de Saint-Pair-sur-Mer, en Normandie.

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Commentaires (19)

  • Zero Absolu

    Pour un russe c'est après le petit Dej. Donc rien de grave...

  • jemaher

    Les services de l'aéroport sont tous responsables et surtout les personnels de la tour qui décident des mouvements au sol avant d'autoriser l'avion à prendre son envol. Il y a probablement quelqu'un à protéger...

  • leblon

    Et honnêtement, pour un homme adulte, à 0, 6 grammes d'alcool par litre de sang, on est assez loin de l'ivresse qui pourrait pousser à faire ce genre d'erreur.