Hubert de Chergé évoque le drame de Tibhirine
L'Algérie vient d'autoriser le juge Trévidic à enquêter sur place sur l'assassinat, il y a dix-huit ans, de sept moines trappistes à Tibhirine. Nous avons rencontré Hubert de Chergé, frère de Christian, l'un de ces moines.
Qu'attendez-vous de la visite du juge français en Algérie ?
Le juge Trévidic a su, grâce à ses grandes qualités humaines, obtenir l'adhésion des familles et notre pleine confiance sur la façon dont il pourrait au mieux poursuivre son délicat travail d'investigation. Mon vœu le plus cher a été exaucé : l'enquête sur place s'est déroulée dans le respect et la dignité, avec aussi de forts moments de fraternité entre Algériens et Européens.
Suivez-vous de près cette enquête ?
Sans me désintéresser de l'avancement de celle-ci, l'essentiel à ne pas perdre de vue, dans cette dramatique disparition des moines de Tibhirine, c'est qu'ils ont donné leur vie pour Dieu et pour l'Algérie, comme le dit si bien mon frère Christian dans son Testament spirituel. Il note qu'il faudra «associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat» et qu'il lui importe «de pardonner de tout cœur à qui m'aurait atteint… quel qu'il soit». On pourrait dire quelles que soient les circonstances et les auteurs.
Le retour de la dépouille de votre frère à Saint-Michel-de-Bannières est-il envisageable ?
Chrétiens et musulmans viennent nombreux depuis des années se recueillir sur les tombes des moines. La place de mon frère est là-bas, même si sa mémoire est rappelée de façon toute particulière en l'église de Saint-Michel-de-Bannières.
Comment donner une encore plus grande audience au message de Christian ?
Le Testament spirituel de Christian gravé sur cette belle plaque de marbre blanc dans l'église provoque une émotion extraordinaire. Lors de l'inauguration du 1er juin, après douze ans de travaux, Mgr Norbert Turini a rappelé l'importance de faire connaître largement ce témoignage de paix qui touche croyants et incroyants. L'enjeu est de taille alors que la violence semble se répandre si facilement et nous voulons, dès l'année 2015, organiser des rencontres autour de ce message d'espérance, de fraternité et de richesse à puiser dans les différences.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?