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3 jours dans le noir : le canular qui agite le web

La Terre sera plongée dans l'obscurité du 21 au 23 décembre prochain, affirme une rumeur. Sciences et Avenir vous explique pourquoi c'est impossible.
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3 jours dans le noir
En décembre 2012, en Inde, un coiffeur et son client, pendant une gigantesque coupure d'électricité qui a plongé dans l'obscurité pendant plusieurs heures 620 millions de personnes.
© Bikas Das / AP/ SIPA

PEUR. "Préparez vous à l'apocalypse ! La NASA confirme que trois jours de nuit vont tomber sur la Terre les 21, 22 et 23 décembre à cause d'une terrible tempête solaire". Voilà la rumeur qui court la toile depuis quelques jours.

Ce racontar s'appuie sur une déclaration présentée comme alarmiste de Charles Bolden, le directeur de l'Agence spatiale américaine. Dans cette vidéo, le directeur incite les américains à se munir d'un kit de survie et à préparer un scénario en cas d'urgence :

"SITUATION D'URGENCE". Toutefois, cette vidéo (qui, au passage, date de 2011) n'a absolument rien à voir avec un quelconque avertissement par rapport à une hypothétique tempête solaire.

Elle a été réalisée dans le cadre de recommandations qu'effectue régulièrement le département "réponses aux situations d'urgence" de l'agence. On peut d'ailleurs trouver d'autres vidéos de ce type, qui présentent quelques conseils de bon sens pour faire face à des catastrophes.

Les États-Unis (dans la partie est du pays notamment) sont en effet très souvent touchés par des tornades dévastatrices. Sur son site, la NOAA (National Oceanic Association Administration) y a recensé 1253 tornades en moyenne chaque année (entre 1991 et 2010).

La récurrence de ce type de catastrophes naturelles justifie pleinement l'existence d'un tel plan de réponse aux situations d'urgence.

HOAX. Mais revenons-en à notre fameuse terrible tempête solaire de décembre 2014. Tout d'abord, un simple passage sur le site de la Nasa suffit à vérifier que l'Agence spatiale n'évoque nulle part l'arrivée d'un tel évènement solaire dans deux mois à venir. Et pour cause : il est impossible de prévoir cela autant à l'avance.

Une éruption solaire ne se prévoit que 24h à l'avance

Une étude publiée cette semaine dans le magazine Nature explique qu'il est désormais possible de prévoir ce type d'évènement... 24h à l'avance seulement. Il est donc strictement impossible de savoir ce qui va se passer à la surface du soleil le 21, 22 et 23 décembre.

FRÉQUENT. Enfin, quand bien même une puissante éruption solaire surviendrait durant cette période, cet évènement passerait très certainement inaperçu. Et pour cause : des éruptions solaires (parfois très violentes) se produisent très régulièrement. C'est d'ailleurs l'arrivée de ces particules chargées dans la haute atmosphère de notre planète qui provoque les aurores boréales. Un phénomène qui n'est donc pas si rare que cela.

L'année 2013 a même correspondu à un pic dans le cycle d'activité de notre astre.

Une tempête solaire, c'est une éjection brutale de plasma chauffé à des dizaines de millions de degré, sur plusieurs centaines de milliers de kilomètres de haut. Des protons et des électrons hautement chargés en énergie sont alors catapultés dans l'espace à 1.500 km par seconde.

Le risque le plus important : des coupures locales et temporaires de service de télécommunication et de courant

Quel est le risque pour nous autres humains ? Aucun, si cette éjection de plasma ne se produit pas en direction de notre Terre. Les particules chargées vont alors se perdre dans l'espace. C'est d'ailleurs le cas de l'écrasante majorité des éruptions qui se produisent à la surface du soleil.

Enfin, quand bien même ce phénomène serait dirigé vers notre planète (ce qui arrive quelquefois), cela est la plupart du temps sans conséquences. En effet, le plus gros de la tempête de particules est dévié de sa trajectoire par le champ magnétique terrestre, qui constitue un véritable bouclier.

COURT-CIRCUIT. Le risque principal concerne les satellites géostationnaires qui, du fait de leur altitude (36.000 km environ) sont un peu plus exposés à cette douche de particules chargées. Des arcs électriques ou des perturbations (voire même une mise hors service) d'un satellite ne sont alors pas à exclure.

Et au sol ? "L’éjection de gaz magnétisé arrivant en direction de la Terre pourrait toutefois entraîner l’apparition de courants au niveau du sol, ayant pour conséquence la saturation de certains transformateurs électriques" nous expliquait en mai 2013 Guillaume Aulanier, astrophysicien à l’Observatoire de Paris.

En mars 1989, au Québec, un tel orage magnétique avait provoqué une panne de courant pendant... neuf heures ! Si une tempête solaire, même d'une puissance colossale frappe un jour la Terre de plein fouet, nous risquons donc tout au plus quelques perturbations sur notre réseau de télécommunications, et des coupures locales et temporaires de courant.

Prophétiser qu'une éruption surviendra plus de deux mois à l'avance ET qu'elle sera dirigée vers la Terre est donc un double non sens. Affirmer que suite à cet évènement la Terre sera plongée 3 jours dans l'obscurité, relève donc du grand n'importe quoi.

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