Dans le ciel de la Syrie, deux guerres cohabitent. Celle de l’armée américaine contre l’Etat islamique (EI) et celle du régime Assad contre la rébellion syrienne. Mais ces deux conflits ne sont pas menés avec la même intensité. Durant les deux premiers jours de la semaine, les positions des djihadistes ont été frappées à sept reprises, selon le Commandement central américain, alors que les zones rebelles ont été bombardées plus de deux cents fois, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Les opposants au président Bachar Al-Assad hurlent au marché de dupes. Ils constatent que l’offensive internationale contre l’EI, actuellement concentrée sur la ville kurde de Kobané, assiégée par les djihadistes, laisse les mains libres à Damas, lui permettant d’accroître la répression de l’insurrection, en toute impunité. « Kobané a détourné l’attention de tous les médias et de toute la communauté internationale, s’insurge Baraa Abdulrahmane, un journaliste citoyen basé à Douma, en banlieue de Damas. Le régime en profite pour faire ce qu’il veut. Ma ville est bombardée quinze à vingt fois par jour, avec des armes aussi dévastatrices que des bombes à fragmentation. Le mois dernier, j’ai pris en photo 350 martyrs, rien qu’à Douma. »
Voir nos infographies : Comprendre la bataille de Kobané en quatre cartes
Affaiblir l’opposition
Outre Douma, porte d’entrée de la Ghouta, la banlieue agricole de Damas, toutes les autres places fortes de la rébellion ont été pilonnées ces derniers jours : la province d’Idlib (nord), où l’EI est absente, celle de Hama (centre), celle de Quneitra (sud) sur le plateau du Golan, où les brigades rebelles ont beaucoup progressé ces dernières semaines et celle de Deraa, contiguë de la Jordanie. Mardi, les villages frontière de Nasib et Yadouda ont subi une dizaine de bombardements, faisant 25 morts dont 7 enfants, en représailles à une attaque contre le barrage d’Umm Al-Mayadeen, une localité plus au nord.
Désormais dispensée de combattre l’EI – une confrontation à laquelle elle s’était résignée durant l’été après avoir longtemps fermé les yeux sur la poussée des djihadistes –, l’armée gouvernementale peut consacrer toute sa puissance de feu aérienne à la répression de l’opposition. « Le régime Assad a significativement intensifié ses bombardements contre les quartiers libérés de Damas et d’Alep depuis l’entrée en action de la coalition anti-EI », accuse Oubai Shahbandar, un conseiller de la Coalition nationale syrienne, le principal rassemblement anti-Assad.
Il vous reste 51.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.