L'économie française en deuil. Le patron de Total, Christophe de Margerie, a été tué dans la nuit de lundi à mardi dans un accident d'avion alors qu'il s'apprêtait à quitter la Russie. Selon les premiers éléments de l'enquête, son jet privé a heurté une déneigeuse au moment du décollage. L'Express fait le point sur les circonstances du drame.

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Que s'est-il passé?

Vers minuit heure locale - 22 heures à Paris - le ministère russe des situations d'urgence révèle qu'un Falcon 50 vient de s'écraser à l'aéroport de Vnoukovo, l'un des trois aéroports moscovites. A son bord: l'un des plus puissants chefs d'entreprise français, Christophe de Margerie, et trois membres d'équipage, également de nationalité française.

L'accident s'est produit au moment du décollage: le jet privé est entré en collision avec un engin de déneigement avant de s'embraser partiellement. Tous les occupants de l'appareil sont décédés. Témoignage de la violence du choc: des débris ont été retrouvés sur un périmètre de 200 mètres, selon le site d'information Russia Today. Le moteur a ainsi été retrouvé à 50 mètres du lieu de la collision, le train d'atterrissage à plus de 150 mètres... Plus de 150 secouristes et 39 véhicules spéciaux ont été déployés pour déblayer le site du crash, selon les autorités.

L'information a été révélée dans la nuit pas plusieurs médias mais n'a été confirmée que ce mardi matin par Total. "Tous les occupants de l'avion ont trouvé la mort, dont les trois membres d'équipage et Christophe de Margerie", a indiqué dans un communiqué le groupe pétrolier.

Que sait-on sur les causes de l'accident?

Une enquête a été ouverte pour comprendre les circonstances du drame. Selon les premiers éléments rapportés par les enquêteurs, le conducteur de l'engin de déneigement, Vladimir Martynenko, était ivre au moment de l'accident. Contrairement à ce qui a été indiquée dans un premier temps, ce dernier n'est pas décédé dans la collision. Le comité d'enquête russe a indiqué se pencher prioritairement sur "les actes du conducteur de la déneigeuse". L'avocat du conducteur a vivement démenti les soupçons d'ivresse qui pèse sur son client. "Il ne boit jamais, cela peut être confirmé par sa famille, comme par les médecins", a-t-il affirmé. Selon lui, son client, qui souffre d'insuffisance cardiaque chronique, avait "toute sa tête au moment de l'accident".

La piste d'une "erreur des pilotes" n'a pas non plus été écartée, en raison notamment des mauvaises conditions météorologiques qui sévissaient au moment du crash. Des précipitations et un épais brouillard ont été enregistrés au-dessus de l'aéroport de Vnoukovo, au moment du crash. Selon l'aéroport, la visibilité était de 350 mètres au moment du crash. Un peu plus tôt dans la journée, quelque 18 avions ont été déroutés vers les autres aéroports de Moscou en raison des mauvaises conditions, indique Russia Today.

Une enquête pour "homocides involontaires" a été ouverte en parallèle par le parquet de Paris. Il s'agit d'une procédure courante lorsqu'une ou plusieurs personnes de nationalité française décède dans des faits survenus à l'étranger. Le BEA a annoncé ce mardi qu'il dépêchait dans la journée une équipe de trois enquêteurs pour tenter d'éclaircir les conditions du crash.

Que faisait Christophe de Margerie en Russie?

Selon la presse russe, Christophe de Margerie, 63 ans, revenait d'une réunion avec le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, dans sa maison de campagne, près de Moscou. L'entrevue aurait été consacrée aux investissements étrangers en Russie. Christophe de Margerie, surnommé "Big Moustache" en raison de ses épaisses bacchantes, ne s'était en effet jamais détourné de Moscou malgré les sanctions occidentales après la crise ukrainienne.

Il était devenu directeur général de Total en 2007 puis PDG en 2010, après toute une carrière au sein du géant pétrolier. Christophe de Margerie était marié et père de trois enfants.

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