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Crash de l’A320 de Germanwings : le suicide de pilote, un phénomène rare mais pas sans précédent

Le procureur chargé de l’enquête sur le crash de l’Airbus A320 a reconnu que l’hypothèse d’une volonté de se suicider de la part du copilote était « légitime ». Des cas similaires ont déjà eu lieu.

Le Monde.fr avec AFP

Publié le 26 mars 2015 à 19h07, modifié le 26 octobre 2021 à 11h14

Temps de Lecture 4 min.

Selon les premières conclusions de l'enquête sur le crash de l'Airbus A320 de la compagnie aérienne Germanwings, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'appareil. Une action qui, selon le procureur de la République à Marseille, « peut être analysée comme une volonté de détruire cet avion ». Pour le moment, les enquêteurs ne peuvent se prononcer sur les raisons du comportement du copilote, mais le magistrat a reconnu que l'hypothèse d'une « volonté de se suicider » de la part du copilote était « légitime ».

Comme le rappelle le site américain Vox, les suicides de pilotes sont « très rares ». Selon l'Agence américaine de l'aviation civile (Federal Aviation Administration, FAA), ils représentent ainsi moins de 0,5 % des accidents aériens mortels aux Etats-Unis. Un chiffre qui prend en compte tous les accidents mortels dans le domaine aérien, notamment ceux impliquant des petits avions monoplaces ou biplaces, plus concernés par ces suicides.

Les soupçons qui pèsent sur le copilote de l'Airbus A320, dont le crash a fait 150 morts, ne sont toutefois pas sans précédent dans l'aviation commerciale. Depuis une vingtaine d'années, plusieurs enquêtes ont conclu que des pilotes d'avion de ligne avaient délibérément fait s'écraser leur appareil. Il reste toutefois toujours difficile d'établir clairement les motivations derrière ces gestes, et s'ils résultent d'une « volonté de suicide ». Voici une liste non exhaustive des précédents qui suscitent toujours l'interrogation :

Le 9 février 1982 : le pilote d'un DC-8 de Japan Airlines met son appareil en piqué au moment de l'atterrissage près de Tokyo et s'écrase, faisant 24 morts. L'enquête conclut à une crise de folie suicidaire.

Le 21 août 1994 : lors d'un vol Agadir-Casablanca, le pilote d'un ATR-42 de Royal Air Maroc déconnecte le pilote automatique et dirige délibérément son appareil vers le sol, dans les montagnes de l'Atlas, faisant 44 morts. L'enquête, qui s'appuyait notamment sur les dernières paroles de la copilote, qui s'étonnait que le commandant de bord effectuât des manœuvres non conformes à la réglementation aérienne, a conclu à un suicide. Ce dernier lui aurait répondu : « Mourir, mourir… » Une thèse contestée par le Syndicat des pilotes marocains, selon qui le pilote était en pleine possession de ses moyens avant le décollage et expliquant qu'il n'avait montré aucun signe de frustration ou de tristesse dans son travail ou sa vie personnelle.

Le 19 décembre 1997 : une demi-heure après son décollage de Djakarta à destination de Singapour, un Boeing 737 de la compagnie singapourienne SilkAir plonge dans une rivière et s'écrase près de Palembang, sur l'île de Sumatra, faisant 104 morts. Les enquêteurs américains concluent au suicide du pilote, malgré des boîtes noires inexploitables — car elles avaient été débranchées avant le crash. Pour le bureau d'enquête indonésien, rien n'étaye cette version. La presse, qui avançait la thèse du suicide, avait précisé que le commandant de bord venait de faire l'objet d'une sanction disciplinaire, avait été rétrogradé et croulait sous les dettes.

Le 31 octobre 1999 : un Boeing 767 d'EgyptAir s'abîme dans l'Atlantique, au large des côtes du Massachusetts, peu après son décollage de New York à destination du Caire, faisant 217 morts. L'Agence américaine de la sécurité des transports (NTSB – National Transportation Safety Board) conclut à un suicide du copilote. L'analyse des boîtes noires a confirmé que celui-ci s'était retrouvé seul aux commandes pendant une pause du commandant de bord, alors que l'avion venait d'atteindre sa vitesse de croisière. Selon l'enregistreur des conversations, il aurait alors prononcé une courte prière : « Je m'en remets à Dieu. » Immédiatement après, le pilote automatique était désengagé et l'avion plongeait pratiquement en piqué. Les autorités égyptiennes ont toujours rejeté la théorie du suicide, alors que la presse américaine rapportait que le copilote avait des problèmes financiers et était devenu « renfermé ». Selon certains, le copilote aurait agi par vengeance envers un de ses supérieurs.

Lire aussi : Les disparitions d’avions les plus étranges

Un avion de Mozambique Airlines s'était écrasé dans le nord-est de la Namibie, avec 33 personnes à son bord, le 29 novembre 2013.

Le 29 novembre 2013 : le pilote d'un avion de Mozambique Airlines précipite intentionnellement au sol son appareil, un Embraer 190, qui s'écrase dans le nord-est de la Namibie. Le vol avait décollé de Maputo, à destination de la capitale angolaise, Luanda, avec 33 personnes à bord. Selon les résultats de l'enquête, le commandant s'était enfermé dans le cockpit, empêchant son copilote d'y revenir et avait ignoré les signaux d'alarme. « On peut entendre des signaux d'alarme de diverses intensités, des coups contre la porte du cockpit, et des demandes pour y entrer », avait déclaré le chef de l'Institut mozambicain de l'aviation civile.

Par ailleurs, le suicide du pilote a été l'une des nombreuses hypothèses avancées après la disparition en mars 2014 du vol MH370 de Malaysia Airlines, avec 239 personnes à son bord, les systèmes de communication ayant été délibérément désactivés et l'appareil ayant changé de cap.

Le Monde.fr avec AFP

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