Le tribunal des affaires de sécurité sociales (Tass) de Clermont-Ferrand a reconnu la "faute inexcusable" de la société de fabrication et de maintenance d'ascenseurs Otis, à la suite du suicide de l'un de ses salariés en 2009

Le tribunal des affaires de sécurité sociales (Tass) de Clermont-Ferrand a reconnu la "faute inexcusable" de la société de fabrication et de maintenance d'ascenseurs Otis, à la suite du suicide de l'un de ses salariés en 2009

afp.com/Jacques Demarthon

L'avocate générale Annie Grenier avait requis un minimum de quinze ans de réclusion, estimant que "tous les éléments de ce dossier convergeaient vers l'accusée et qu'aucune autre hypothèse que sa culpabilité n'était crédible, pas plus celle d'un suicide que celle d'un accident ou de l'intervention d'un tiers".

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Pour la représentante du parquet, les nombreux mensonges de l'accusée, Bnina Bouzoumita, à propos de son emploi du temps, le vol des bijoux de la victime qu'elle a reconnu, tout comme certains éléments matériels la désignaient comme l'auteur d'un meurtre, même si la qualification retenue dans la procédure est celle d'un vol avec violences ayant entraîné la mort.

Le corps de Michèle Laforge, 64 ans, gérante d'une boutique d'accessoires pour animaux, avait été découvert par son mari vétérinaire en décembre 2011 dans leur appartement parisien. A demi nue, la victime était immergée dans sa baignoire et tenait à la main un sèche-cheveux branché.

Des photos représentant la mère de Michèle Laforge dans son cercueil étaient exhibées dans l'appartement et des documents relatifs aux démarches à accomplir en cas de décès posés sur un bureau. Pas de traces d'effraction ni de fouilles, aucune trace de sang ou d'empreinte visible à l'oeil nu.

Devant la police, la femme de ménage du couple a changé plusieurs fois de version, affirmant ne pas s'être rendue chez la victime ce jour-là avant de reconnaître y être allée, confondue par le bornage de son téléphone qui la situait dans le quartier au moment des faits.

Elle affirme ensuite avoir découvert le corps dans la baignoire, s'être emparée de bijoux en évidence et ne pas avoir prévenu la police parce qu'elle travaillait au noir.

- 'Le sang chaud' -

Pour l'avocate générale, une altercation a opposé la femme de ménage à sa patronne qui se serait rendue compte d'un précédent vol ou l'aurait surprise en train de "farfouiller dans sa boîte à bijoux". "Mme Laforge avait le sang chaud et quand ça va pas, elle explose. On imagine les mots blessants qu'elle a pu prononcer", a-t-elle expliqué.

La magistrate imagine alors que l'accusée ait pu se saisir d'un chandelier qui se trouvait à proximité pour la frapper. Elle aurait ensuite traîné la victime sans connaissance dans la baignoire, l'aurait noyée en lui maintenant la tête sous l'eau, avant de nettoyer l'appartement pour effacer empreintes et traces de sang.

"On veut faire porter à Mme Bouzoumita un chapeau trop grand pour elle", a dénoncé Me Faycal Sohlobji, l'un de ses avocats, pour qui "on ne peut établir un lien de causalité entre le vol de bijoux et la mort de Michèle Laforge. "Il n'est pas établi avec certitude que sa noyade a été provoquée et les autres pistes possibles n'ont pas été approfondies par la brigade criminelle", a-t-il regretté.

"En fait, on ne sait pas ce qui s'est passé mais on a une coupable désignée", a déploré son confrère Me Thibaud Cotta. "Je ne crois pas que Mme Bouzoumita était la seule à pouvoir entrer dans l'appartement avec les clefs qu'on lui avait confiées et que la porte était bien verrouillée, comme l'a indiqué son mari", a avancé l'avocat. "Les documents mis en évidence' Mais ma cliente ne sait pas lire", a-t-il relevé.

"Et on voit mal comment Mme Bouzoumita, atteinte d'un fibrome, aurait pu hisser une femme de 65 kg dans une baignoire alors que son médecin lui interdit de porter plus de 25 kg sous peine d'hémorragie", a-t-il ajouté.

"La vérité, c'est que rien ne prouve qu'il y ait eu un meurtre", a-t-il avancé, en n'excluant pas l'hypothèse d'un suicide ou d'un accident. Il avait réclamé l'acquittement de sa cliente.

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