VIDEOS. Sivens : le conseil général du Tarn suspend le chantier et maintient son projet

VIDEOS. Sivens : le conseil général du Tarn suspend le chantier et maintient son projet

    Le conseil général du Tarn, réuni en assemblée plénière ce vendredi à Albi, en présence de près de cinquante journalistes, a suspendu, vendredi, pour une période indéfinie le chantier du barrage de Sivens. Mais il se refuse à parler d'abandon et demande à l'Ã?tat d'assumer ses responsabilités sur un dossier qui est devenu une affaire nationale.

    Dès 8 heures, environ 150 opposants s'étaient rassemblés dans le calme devant le Conseil général. Les forces de l'ordre avaient été mobilisées pour éviter tout débordement, comme jeudi soir à Rennes ou la veille à Paris. Les volets grillagés du CG sont baissés.

    «Le drame intervenu dans la nuit de samedi à dimanche conduit l'assemblée départementale à prendre acte de l'impossibilité de poursuivre toute activité liée au déroulement du chantier», a déclaré en début de séance le président socialiste, Thierry Carcenac. Il faisait allusion à la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, mort dimanche sur le site de construction de cette modeste retenue d'eau qui sème la discorde depuis 2011. A l'ouverture de la session, les élus ont observé une minute de silence en mémoire du manifestant mort dimanche à Lisle-sur-Tarn.

    Le conseil général a ensuite entériné la suspension du chantier. Contrairement à ce qui avait été prévu, aucun débat ni vote n'a eu lieu. La séance proprement dite a commencé après une vingtaine de minutes consacrées à l'appel des conseillers et à la mise en place de la séance.

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    Les besoins agricoles surestimés

    Concernant le barrage, Thierry Carcenac a dit «s'en remettre à l'Etat» quant à la durée de la suspension. Rejetant fermement toute idée d'abandon du projet, il a en revanche appelé à «mettre en Å?uvre les préconisations des experts» qui avaient été mandatés par la ministre de l'Ã?cologie Ségolène Royal. Un rapport qui jugeait très clairement la taille de l'ouvrage surestimée et sa nécessité discutable. Mais qui estimait aussi «difficile» d'abandonner le projet «compte tenu des engagements pris avec les professionnels agricoles locaux».

    Ségolène Royal a convoqué pour mardi une réunion pour «trouver d'autres solutions» au barrage tel qu'il est actuellement conçu. Elle s'appuiera pour cela sur le rapport d'experts qui pointe avec sévérité une surestimation d'au moins 35% des besoins en eau des agriculteurs, notamment. La taille de la retenue - 315 m de large sur une hauteur de 12,5- pourrait donc être revue à la baisse.

    «On demande à l'Ã?tat de prendre aussi ses responsabilités. La gestion de l'eau lui incombe! C'est un débat qui nous dépasse, qui est devenu une affaire nationale, a insisté devant la presse Didier Houlès, vice-président divers-gauche du conseil général, renvoyant la balle vers l'Ã?tat. Façon de botter en touche alors que c'est bien le département qui est le maître d'ouvrage de ce projet de barrage qui n'échappera pas désormais, a minima, à une remise à plat.

    «Il y a en fait la confrontation politique de deux mondes, reconnaît Houlès. La fin d'un mode productiviste et les revendications de tous ceux qui prônent la décroissance ou la croissance verte». Depuis 2011, ce projet de barrage est en effet combattu par nombre d'opposants, notamment par les écologistes. Avant même le drame de dimanche, José Bové ou Noël Mamère, notamment, l'avaient qualifié de «non sens» et de «stupidité». Il n'en avait pas moins été approuvé, en mai 2013, à la quasi unanimité des 46 conseillers généraux, seul le divers gauche Jacques Pagès votant contre. Pour sa part, alors qu'elle était ministre de l'Ecologie juste après l'arrivée de François Hollande à l'Elysée, Delphine Batho (PS) avait instauré «un moratoire sur ce type de projets qui a été levé très rapidement après mon limogeage.»

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    Des habitants «terrorisés»

    Invitée de France Info ce vendredi matin, Maryline Lherm, conseillère général (sans étiquette) du canton de Lisle-sur-Tarn, commune sur laquelle est établi le projet, repousse l'idée d'un abandon pur et simple au profit d'aménagements. «Ce projet est toujours d'actualité publique. Je ne suis pas fermée aux modifications, du tout, mais si par malheur on en arrive à abandonner, on ne pourra plus rien faire du tout» en France.

    Pour l'élue, fleuriste de profession, la situation à régler en urgence est celle de l'occupation de la zone humide du Testet par un mélange d'écologistes, d'altermondialistes et d'activistes hyper-radicalisés. Certains refusent le dialogue en partant du principe que la parole donnée n'est jamais respectée et que la seule option est l'abandon du projet. Selon elle, «les habitants sont terrorisés par la violence qu'il y a sur le site et dont ils sont les témoins».

    Pendant des mois, avant que la confrontation ne dégénère en affrontements, des opposants avaient multiplié les actions en justice, grèves de la faim, manifestations, occupations des lieux, quitte à vivre perchés dans les arbres. Leur mobilisation vise à obtenir la préservation de 13 hectares de zones humides où vivent, selon eux, 94 espèces animales protégées et 353 espèces de plantes.

    Bien qu'appelant à la retenue, et à participer aux marches blanches de dimanche à Sivens et Paris notamment, en mémoire de Rémi Fraisse, les Verts continuent de vouloir peser sur le débat.

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