Michel Sapin a eu beau s’affubler de chaussettes roses pour son déplacement à Berlin le 20 octobre, elles ont laissé de marbre son homologue allemand Wolfgang Schäuble, ministre des Finances et chantre de l’orthodoxie budgétaire, rapporte Bild – photo à l’appui. Et “quand on a commencé à parler d’argent, les discussions n’ont pas été roses”, s’amuse le quotidien populaire.

L’Allemagne a tout simplement refusé la proposition du gouvernement français que Berlin consacre 50 milliards d’euros supplémentaires à des investissements, alors que la France envisage de son côté de faire 50 milliards d’euros d’économies.

La rencontre des ministres français et de leurs partenaires allemands Sigmar Gabriel (Parti social-démocrate) et Wolfgang Schäuble (Union chrétienne-démocrate) n’a pas réchauffé l’atmosphère entre Paris et Berlin. “Il y a longtemps que l’ambiance n’avait pas été aussi mauvaise”, relève l’éditorialiste de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), Günther Nonnenmacher. Le quotidien économique Handelsblatt pointe du doigt également la “fragilité” de la relation entre la France et l’Allemagne. “Les deux gouvernements donnent l’impression de ne pas se faire réellement confiance”, ajoute-t-il.

“Tant que la France sera malade, l’Europe n’ira pas mieux”

“Chacun pour soi”, titre quant à elle la Süddeutsche Zeitung. “Tout ne tourne pas rond dans la relation franco-allemande effectivement ces jours-ci”, note le journal de centre gauche. “Les avis divergent trop sur la manière dont on peut sortir du marasme économique que l’on constate presque partout en Europe depuis la crise financière.”

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Avant la rencontre, Emmanuel Macron avait accordé un entretien à la FAZ, dans lequel il proposait à Angela Merkel de faire un “geste” de 50 milliards d’euros. Mais, même avec un “Bitte schön”, comme le souligne Günther Nonnenmacher, la demande est tombée à plat. Car, même si l’Allemagne réfléchit ouvertement aux moyens d’investir plus, en face, la France n’apparaît pas comme un partenaire de confiance. “Le gouvernement français est tellement affaibli que quasiment plus personne ne croit en ses promesses. Et on peut se demander si François Hollande est celui qui […] peut redresser la barre.” “Ce qui est certain, conclut l’éditorialiste, c’est que tant que la France sera malade, l’Europe n’ira pas mieux.”

A quelques jours du rendu de l’avis de la Commission européenne sur le budget français, Paris et Berlin ont réfuté le 20 octobre les rumeurs du week-end précédent selon lesquelles il existerait un pacte entre les deux capitales pour éviter que la France ne soit sanctionnée [réponse le 1er décembre].