Affaire Bygmalion : "C'est quoi ces factures ?"

Affaire Bygmalion : "C'est quoi ces factures ?"
Jean-François Copé, député-maire UMP de Meaux et ancien président de l'UMP. "Dans les yeux", Jean-François Copé a dit, le 27 mai après sa démission forcée, que "son honnêteté" était totale et a soutenu avoir "découvert" le système de fausses factures de l'affaire Bygmalion uniquement "il y a douze jours", après le premier article paru dans "Libération". (MARTIN BUREAU / AFP)

L'Obs publie les bonnes feuilles de "Bigmagouilles", de Violette Lazard, le livre qui fait trembler la droite. Extraits.

· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture

"Bigmagouilles", qui sort le 22 octobre chez Stock, et dont "l'Obs" publie des extraits, regorge de détails croustillants et de témoignages inédits sur l'affaire Bygmalion, du nom de la société de communication qui a organisé les meetings de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

Cette enquête est signée Violette Lazard, la journaliste qui avait révélé, en mai, dans "Libération", le système de fausses factures mis en place à l'UMP, lançant l'un des plus gros scandales politico-financiers de la Ve République.

La suite après la publicité

Bygmalion ? C'est à la fois "l'affaire du très probable futur président de l'UMP et de sa campagne de 2012, même s'il ne cesse de le nier" et "l'histoire d'une campagne menée par l'UMP avec un amateurisme désarçonnant et un dédain affiché pour les questions financières", raconte Violette Lazard, qui démontre la folie des grandeurs d'une campagne aboutissant au dépassement de 18 millions d'euros du plafond autorisé, maquillés dans les comptes de l'UMP.

Qui savait quoi ? Nicolas Sarkozy a-t-il été informé ? Son équipe ne pouvait pas tout ignorer, répond Jérôme Lavrilleux, ex-bras droit de Jean-François Copé et directeur adjoint de la campagne de 2012. Et Copé ? "Ce qui me donne une grande force, c'est que je sais que je ne savais rien", prétend l'ex-président de l'UMP. Aujourd'hui, Bygmalionest en liquidation judiciaire, l'enquête se poursuit et la droite n'a pas fini de trembler. Extraits.

[Le 16 mai, lendemain des révélations dans "Libération" sur les factures bidon de l'UMP, Jean-François Copé convoque une réunion avec Franck Attal, le patron d'Event & Cie, la filiale de Bygmalion chargée d'organiser les meetings. Ni Jérôme Lavrilleux, son directeur de cabinet, ni Eric Cesari, directeur général de l'UMP, ne sont présents, NDLR].

Franck je voulais vous voir... j'avais des questions à vous poser, il y a des choses qui se racontent. C'est quoi ces factures de convention ?" débute Jean-François Copé.

Attal ouvre de grands yeux. Il croit à une mauvaise blague, mais, autour de lui, personne ne sourit, les regards fuient. 

La suite après la publicité
J'ai peur de ne pas bien comprendre..." 

Le président de l'UMP le laisse à peine finir sa phrase.

Je suis clair. Il y a des factures, vous avez fait quoi ? Vous avez facturé des prestations que vous n'avez pas faites ? [ ...] Vous vous rendez compte de ce que vous me racontez là ? Vous vous rendez compte pour quelqu'un qui prétend gouverner la France ? Des choses comme ça qui se passent chez lui sans qu'il le sache ?"

Un peu plus et le professionnel de l'événementiel éclaterait d'un grand rire teinté d'amertume... [ ...]

Qui est au courant ?" demande enfin Jean-François Copé." Ici, tout le monde. Et au sein de Bygmalion, j'ai des présidents, qui ont pris cette décision." 

Il ne juge pas nécessaire, en cet instant, de rappeler à Jean-François Copé que l'un de ces présidents se nomme Bastien Millot, et qu'il est l'un de ses plus proches amis. [ ...]

Pourquoi Eric Cesari, pourtant convié, est-il absent ? "J'étais en campagne à Courbevoie quand on m'a appelé pour que je participe à cette réunion, se souvient-il. Il fallait venir tout de suite, j'ai dit que je ne pouvais pas... personne n'a insisté." 

La suite après la publicité

Pour l'ancien DG, cette entrevue ressemble à s'y méprendre à une mise en scène.

C'est une réunion bidon, organisée par Jean-François Copé pour bien montrer qu'il ne savait rien. La preuve : personne ne m'a appelé pendant le week-end ! Jean-François Copé aurait appris un truc de cette ampleur et il ne m'appelle pas ? Moi, j'aurais fait chauffer mon téléphone. C'est insensé."

© Stock

>> Lire d'autres extraits de "Bigmagouilles", de Violette Lazard (Stock), dans "le Nouvel Observateur" du 16 octobre.

Sur le même sujet
Les plus lus
A lire ensuite
En kiosque