Légalisation du cannabis : et si c'était tout bénef ?

Légalisation du cannabis : et si c'était tout bénef ?
Le think tank Terra Nova plaide pour un assouplissement du cadre de consommation de cannabis. (JONRICHFIELD)

Le think tank Terra Nova a évalué l'impact de plusieurs scénarios qui tous, présentent des améliorations par rapport au cadre actuel, considéré comme un "échec".

Par Le Nouvel Obs
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Légaliser le cannabis, une bonne affaire sur les plans sanitaire et financier ? Le think tank Terra Nova, connu pour ses positions libérales sur les sujets de société, s'est penché sur la question, dans le cadre d'une étude intitulée : "Cannabis : réguler le marché pour sortir de l'impasse". La conclusion est sans appel : un cadre moins répressif présenterait de nombreux avantages, révèle "Le Monde" vendredi 19 décembre.

"La politique de répression est en échec en France", estiment les trois économistes auteurs de l'étude, Christian Ben Lakhdar (Université Lille 2), Pierre Kopp (Panthéon-Sorbonne) et Romain Perez. En effet, 568 millions d'euros sont consacrés à la lutte contre cette substance illicite chaque année (coût policier, judiciaire et carcéral). Pour un résultat médiocre : un demi-million de Français continue de fumer quotidiennement des joints, affirme "Le Monde".

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Les auteurs proposent donc trois scénarios. Chacun présente des avantages et des inconvénients en termes de consommation et de recettes financières, qui pourraient atteindre tout de même près de 2 milliards d'euros par an pour l'Etat. Ils expriment également leur préférence pour le deuxième scénario, qui offre "les meilleures garanties en termes de contrôle de la prévalence et de protection des populations les plus vulnérables". 

1Dépénaliser l'usage

Selon les auteurs, ce scénario permettrait de réduire de 55% le coût de la répression, soit une économie de 311 millions par an. Cependant, il n'entraînerait pas de recettes fiscales. Le trafic ferait un bond de 16%, tandis que le nombre de consommateurs quotidiens augmenterait de 12%.

2 Légaliser avec un monopole d'Etat

Dans ce scénario, "le cannabis deviendrait un bien marchand comme le tabac", écrit "Le Monde", qui rappelle que cette option a été choisie par l'Uruguay.

  • Avec un prix majoré

En majorant le prix de la substance à 8,40 euros le gramme, avec une taxation au même niveau que le tabac (80%), ce scénario permettrait d'engranger des "recettes fiscales significatives", selon les auteurs de l'étude, évaluées à 1,3 milliard par an. Quant aux dépenses publiques, elles diminueraient comme peau de chagrin (- 92%) grâce notamment à la disparition des frais de justice et de police. Impact budgétaire total : 1,8 milliard d'euros.

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  • A prix inchangé

A prix inchangé, le nombre d'usagers quotidiens augmenterait de plus de 47%, à 812.000, tandis que "les recettes s'élèveraient à 1,6 milliard, car le marché noir disparaîtrait", écrit "Le Monde", qui précise que dans ce cas, "l'impact global serait de 2,1 milliards".

3 Légaliser dans un cadre concurrentiel 

Dans ce scénario, le prix est défini par le jeu du marché, et devrait donc baisser. Cette option, retenue au Colorado, est de loin la plus avantageuse financièrement, mais elle comporte un inconvénient majeur : une forte augmentation de la consommation, du fait de la baisse du prix. Selon les auteurs de l'étude, le nombre d'usagers quotidiens augmenterait de 71% (+ 393.000), s'approchant du million.

Vu le boom du nombre de consommateurs, 1,7 milliard d'euros de recettes publiques seraient engrangées. En revanche, "la réduction des dépenses publiques serait moindre (- 86%), car celles de santé augmenteraient", note "Le Monde". Gain total : 2,2 milliards d'euros.

E.H.

Le Nouvel Obs
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