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Société

Bobigny: un campement de roms évacué, l'un des plus anciens de Seine-Saint-Denis

L'un des plus vieux camps de roms de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, a été évacué ce mardi. (Photo d'illustration)

L'un des plus vieux camps de roms de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, a été évacué ce mardi. (Photo d'illustration) - Thomas Samson - AFP

Le campement dit des "coquetiers", où quelque 200 personnes dont une majorité d'enfants scolarisés habitaient, a été évacué ce mardi après un arrêté municipal pris en août dernier par le nouveau maire UDI de la ville, Stéphane de Paoli.

Un camp rom accueillant plusieurs dizaines de familles avec une majorité d'enfants scolarisés, considéré comme l'un des plus anciens campements de Seine-Saint-Denis, a été évacué ce mardi à Bobigny.

Le campement dit des "coquetiers", qui accueillait encore récemment quelque 200 habitants, a été évacué vers 13 heures en vertu d'un arrêté municipal pris en août par le nouveau maire de la ville Stéphane De Paoli (UDI), qui invoquait l'insalubrité des lieux.

Des habitants prévenus en amont de l'évacuation

Selon Didier Leschi, préfet délégué pour l'Égalité des chances, la plupart des habitants, prévenus en amont de l'évacuation, avaient quitté les lieux à l'arrivée des policiers.

Une heure après l'expulsion, une cinquantaine de personnes, dont de nombreux enfants et personnes âgées, restaient cependant présentes aux abords du campement, sous une pluie battante, traînant leurs affaires dans des chariots de supermarché.

"La police leur interdit de marcher vers le centre-ville ou le métro", a dénoncé Véronique Decker, directrice de l'école primaire Marie-Curie, où sont scolarisés plusieurs enfants du campement. "Il n'y a pas de 115 pour les gens qui restent. Ils n'ont aucun endroit où aller", a-t-elle ajouté.

Une manifestation place de la République

En fin de journée, tous étaient regroupés sur la place de la République, à Paris, "pour manifester leur condition" et "demander un hébergement d'urgence", a déclaré Véronique Decker, qui les accompagne. "Une quinzaine de gamins va dormir dehors ce soir. Nous attendons que le préfet nous rappelle", a-t-elle poursuivi.

Selon la préfecture, une trentaine de familles, présentes lors du diagnostic social réalisé en août, et dont les enfants sont souvent scolarisés, ont reçu une proposition de relogement. Une petite dizaine, disposant de "revenus stables", ont eu une proposition de logement social dans le département. Une dizaine d'autres, en situation moins stable, seront hébergées à l'hôtel. Quant aux familles restantes, elles seront accueillies dans des foyers Adoma, situés hors Ile-de-France, "faute de place" dans la région.

Des solutions "pas adaptées", dénoncé Amnesty international

"Les solutions de relogement proposées par les autorités ne sont pas adaptées", a dénoncé mardi dans un communiqué Amnesty international. "Ces logements "se trouvent pour certains au-delà de la banlieue parisienne, très loin des écoles que fréquentent actuellement les enfants" du campement, a poursuivi l'organisation.

"Une défaite pour la politique de la République"

Plusieurs associations s'étaient mobilisées ces derniers jours pour soutenir les habitants de ce campement emblématique de Seine-Saint-Denis, situé à proximité de la mairie de Bobigny. Une lettre ouverte, signée par le MRAP, la LDH, RESF et le Secours catholique a été adressée au Défenseur des droits.

"Aujourd'hui, c'est une défaite politique pour la République, pour toute la gauche, dont les premières victimes sont les familles qui ont construit une vie, ici, dans des conditions qu'il s'agit d'éradiquer, pas de reproduire quelques kilomètres plus loin", a réagi le Parti communiste français de Bobigny, qui a perdu la ville lors des municipales.

Un incendie mortel au début de l'année

Une partie du camp, appartenant à la RATP et au conseil général du 93, avait été évacuée en août 2013. Six mois plus tard, une fillette de huit ans avait été retrouvée morte dans un incendie survenu dans la partie restante du campement.

Jé. M. avec AFP