Dépêche

Total: un tandem Desmarest-Pouyanné pour succéder à Christophe de Margerie

Paris (AFP) - Total a rappelé à sa tête mercredi son ancien patron Thierry Desmarest, associé à Patrick Pouyanné comme directeur général, pour succéder à Christophe de Margerie, tué lundi en Russie dans un accident d'avion.

La décision a été prise lors d'un conseil d'administration exceptionnel de la première entreprise française par ses bénéfices, a indiqué le groupe dans un communiqué, confirmant une information dévoilée par l'AFP de source syndicale.

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Thierry Desmarest, ancien mentor de Christophe de Margerie et patron de Total de 1995 à 2010, a été nommé président du groupe, alors que Patrick Pouyanné, jusqu'ici en charge de la branche Raffinage-Chimie occupera le poste de directeur général.

L'an prochain, lorsque M. Desmarest sera atteint par la limite d'âge fixée chez Total à 70 ans (il les aura en décembre 2015), M. Pouyanné deviendra le PDG de Total.

Patrick Pouyanné, 51 ans, était considéré comme l'un des favoris pour succéder à Christophe de Margerie.

La famille de M. de Margerie, dont son fils Fabrice de Margerie, doit se rendre ce mercredi à Moscou pour y récupérer son corps, a indiqué à l'AFP le maire de la commune de Saint-Pair-Sur-Mer (Manche), où le patron de Total devrait être inhumé dans l'intimité.

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Une cérémonie officielle devrait également avoir lieu à Paris, probablement en présence de personnalités politiques.

Le nouveau tandem sera chargé de mettre en place la nouvelle stratégie annoncée par le groupe fin septembre pour répondre aux défis importants d'une croissance moindre de sa production d'hydrocarbures, d'une crise persistante du raffinage en Europe et des retards pris dans le développement de certains projets.

Ébriété, erreur d'aiguillage ou mauvaise météo?

A Moscou, l'enquête sur les causes de l'accident de l'avion privé à bord duquel se trouvait Christophe de Margerie est menée par le MAK, homologue russe du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) en France.

Le MAK a indiqué avoir procédé à la copie des données enregistrées sur les boites noires de l'appareil.

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Le conducteur du chasse-neige percuté par le jet privé qui devait ramener le patron de Total à Paris a indiqué qu'il a "perdu ses repères", ne "s'est pas rendu compte qu'il entrait sur la piste de décollage" et n'a pas entendu arriver l'avion, selon une vidéo amateur de son interrogatoire par des enquêteurs, diffusée mercredi.

Trois enquêteurs du BEA sont arrivés sur place dès mardi, accompagnés par deux conseillers techniques de la compagnie Unijet qui exploitait le jet et un conseiller de Dassault Aviation, constructeur de l'appareil.

Le parquet de Paris a en parallèle ouvert dès mardi une enquête pour "homicides involontaires", confiée à la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens.

Ces investigations devront déterminer pour quelles raisons le Falcon 50, livré en 2006, a heurté la déneigeuse qui se trouvait sur la piste de l'aéroport de Vnoukovo, près de Moscou, tuant le PDG de Total, les deux pilotes et un personnel de cabine.

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Dans un premier temps, le comité d'enquête russe a évoqué "une erreur des aiguilleurs du ciel et les actes du conducteur de la déneigeuse", qui "était en état d'ivresse". Il a aussi avancé "les mauvaises conditions météorologiques et une erreur de pilotage".

L'avocat du conducteur du chasse-neige qui au départ avait démenti l'état d'ébriété de son client a indiqué qu'il avait pu consommer "quelques gouttes d'alcool". En garde à vue pour 48 heures, le conducteur de 60 ans devait être déféré devant la justice dans la journée.

Hommages appuyés

Après l'annonce du décès de M. de Margerie, les hommages de responsables économiques et politiques se sont multipliés en France, mais aussi en Russie, où le patron de Total était considéré comme "un vrai ami" du pays, selon les mots de son président, Vladimir Poutine.

Au siège du groupe à Paris mais aussi sur d'autres sites de Total, les salariés, sous le choc, ont observé une minute de silence.

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François Hollande a salué un chef d'entreprise qui "défendait avec talent l'excellence et la réussite de la technologie française à l'étranger".

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