Décès à la maternité d'Orthez : l'anesthésiste alcoolique écrouée

 

Décès à la maternité d'Orthez : l'anesthésiste alcoolique écrouée

    L'anesthésiste mise en cause dans le décès d'une jeune femme de 28 ans au centre hospitalier d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques) a été mise en examen jeudi pour homicide involontaire «aggravé par la violation manifeste et délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité» avant d'être placée en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau.

    Selon le parquet de Pau (Pyrénées-Atlantiques), ce médecin souffre d'un «problème d'alcool pathologique et n'était pas dans son état normal au moment de l'intervention». Elle risque jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.

    La maternité, temporairement fermée depuis le 26 septembre, jour de l'accident d'anesthésie, est, elle, sous le coup d'une procédure de fermeture définitive, précise de son côté l'Agence régionale de santé (ARS). La maternité était déjà en sursis en raison du manque de recrutement de gynécologues-obstétriciens et une décision pourrait être prise dès vendredi par une commission spécialisée d'organisation des soins.

    La jeune femme était venue accoucher par césarienne à la maternité du centre hospitalier d'Orthez dans la nuit du 26 au 27 septembre. Sous anesthésie générale, elle a été victime d'un arrêt cardiaque avant d'être transférée à l'hôpital de Pau, où elle est donc décédée. Un accident qualifié de «grave» par l'ARS au moment des faits. Le nouveau-né, lui, est sain et sauf.

    Elle s'est présentée mardi à la gendarmerie avec «plus de 2 g d'alcool par litre de sang

    La médecin-anesthésiste, qui l'assistait le jour de l'accouchement, a donc été placée en garde à vue mercredi et a été présentée à un juge d'instruction jeudi, où le parquet de Pau a requis son placement en détention provisoire. De nationalité belge et âgée de 45 ans, elle était employée à la maternité d'Orthez depuis le 12 septembre. Mardi, elle s'est présentée à la gendarmerie avec un taux d'alcoolémie «supérieur à 2 grammes» d'alcool par litre de sang.

    Selon France Bleu, elle a expliqué aux gendarmes boire tous les jours, et avoir une bouteille d'eau remplie de vodka toujours sur elle. Les gendarmes ont également retrouvé de nombreuses bouteilles d'alcool vides à son domicile. Quant à savoir si elle était alcoolisée au moment du drame, tous les témoignages convergent vers cette hypothèse. «Un certain nombre d'éléments semblent confirmer que ce problème existait dans sa pratique professionnelle, jusqu'à y compris, aux conditions dans lesquelles s'est déroulée l'anesthésie qui a été fatale à la victime», a ainsi expliqué le procureur de Pau.

    «Les conditions de sécurité de l'activité d'anesthésie» avaient immédiatement été mises en cause par l'ARS. Et une perquisition avait eu lieu dans la clinique où s'est déroulé l'accouchement. La maternité d'Orthez relève de l'hôpital public, mais le bloc chirurgical et le personnel d'anesthésie sont mis à disposition par une clinique privée de la ville.

    L'enquête sur l'accident et la fermeture sont deux «procédures différentes»

    La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a promis jeudi de «faire la lumière» sur les circonstances de l'accident, mais a insisté sur le fait que la procédure engagée «de longue date» concernant la possible fermeture de la maternité et l'enquête des autorités sanitaires concernant le drame, lancée lundi, étaient «deux procédures différentes».

    L'annonce d'une procédure de fermeture définitive de la maternité a en effet fait vivement réagir jeudi la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité . «Nous trouvons que c'est odieux sur des cas comme ça, dramatiques, d'avoir un couperet immédiat, et qui n'atteint que les petites structures. Il y a des erreurs dans les CHU, mais on ne les ferme pas pour autant», a estimé un membre du collectif, Jean-Luc Landas. «Là, c'est caricatural: fermer une structure sans savoir précisément si c'est une faute d'organisation ou si c'est une faute individuelle, alors que le praticien est en garde à vue, c'est inadmissible».

    Cet ancien anesthésiste déplore également «le climat de suspicion» dans lequel travaillent les personnels des petites structures menacées. Les conditions de sécurité sont «certes un vrai problème», mais il faut aussi prendre en compte les risques liés à l'absence de maternités de proximité, dit-il, citant des accidents survenus dans des zones où les patients habitaient loin de la maternité.