Nous avons essayé HoloLens, les lunettes holographiques de Microsoft

Microsoft a présenté un peu plus en détail ses lunettes holographiques HoloLens, au cours de sa conférence Build 2015 à San Francisco (lire notre reportage sur place). Ces lunettes de réalité virtuelle permettent de voir le monde environnant en y ajoutant des éléments virtuels. Tout est possible ou presque, de la formation médicale avec visualisation de l'intérieur du corps humain, jusqu'aux conversations vidéo qui vous accompagnent quand vous vous déplacez d'une pièce à l'autre, en passant par la visualisation de films sur les murs de la maison. De quoi mettre au placard les Google Glass ?

Pour la première fois, Microsoft a autorisé quelques privilégiés à prendre en main ses HoloLens, et nous en faisions partie. Les photos et les vidéos étaient toutefois interdites pendant l'essai, probablement par peur d'un bug sur ces appareils qui ne sont encore que des prototypes. Et impossible de contourner cette règle stricte : avec une mise en scène quasi militaire, des dizaines de vigiles veillaient sur chaque mouvement des invités. Nous devons donc nous contenter de vous raconter notre expérience par écrit !

Pas de poids sur le nez, ou presque

Nous entrons dans une pièce sombre avec deux techniciens de Microsoft. Après la mesure de la distance entre nos pupilles et quelques réglages, c'est fait ! Les HoloLens sont sur notre tête. Première impression : elles ne sont pas trop lourdes. Certes, elles pèsent beaucoup plus qu'une paire de lunettes, mais elles ne font pas mal au nez. Et aucun problème pour les utilisateurs de lunettes classiques, celles-ci peuvent être portées sous les HoloLens. Ce confort relatif est dû au cercle intérieur articulé, une bande de plastique et de mousse qui se serre autour du crâne comme un bandeau de tennisman, et libère le nez de l'essentiel du poids.

VIDÉO. La présentation des HoloLens à la conférence Build :

Champ de vision restreint

Les lunettes s'allument enfin ! Un logo Windows apparaît dans notre champ de vision. Il est entouré d'un rectangle qui marque les limites de la zone de réalité virtuelle. Et là, forcément, on est un peu déçus : le rectangle n'est pas très grand, il couvre environ un dixième du champ de vision. Pour faire simple, si vous regardiez votre voiture de profil à 2 mètres de distance, la zone couverte serait à peu près celle d'une portière. Rien à voir avec l'impression que nous avions eue lors de la présentation sur scène, où les écrans géants laissaient penser que l'utilisateur voyait les objets en réalité virtuelle dans tout son champ de vision.

Cette limitation est le résultat de deux obstacles sur lesquels Microsoft travaille. D'une part, il est techniquement très difficile d'élargir le champ de vision virtuel sans augmenter la distance entre les yeux et les verres projetant l'image. L'appareil serait alors beaucoup plus épais, et ressemblerait plus à un casque de pilote de chasse qu'à une paire de lunettes high-tech. Le second obstacle est lié au cerveau : un champ de vision trop large pourrait rapidement donner la nausée, un peu comme ce que regrettent certains utilisateurs des lunettes (totalement immersives) Oculus Rift.

Et un immeuble apparaît...

La démonstration que nous propose Microsoft est un scénario de travail pour un architecte. Nous entrons dans une pièce et découvrons une maquette (bien réelle), d'environ un mètre sur deux : des immeubles bordent les côtés, alors qu'une esplanade vide est au centre. À côté de cette maquette se trouve un ordinateur. Sur son écran, un projet de construction d'immeuble, en lieu et place de l'esplanade. "Vous voulez voir le projet en vrai ?" nous lance le technicien de Microsoft. Un instant plus tard, l'immeuble dessiné sur l'ordinateur apparaît en trois dimensions, devant nous, au milieu de la maquette. Et il n'y a pas de transparence : l'immeuble projeté cache bien l'arrière de la maquette, notre cerveau est parfaitement trompé par HoloLens...

Voir "à travers" le mur

À l'aide de la souris de l'ordinateur, nous pouvons changer la hauteur du projet de construction, et les modifications apparaissent en direct et en trois dimensions devant nos yeux. Mieux, si l'on fait "sortir" la souris par un côté de l'écran de l'ordinateur, elle poursuit sa course jusque dans le cadre de réalité virtuelle des HoloLens, un peu comme si l'on avait deux écrans. Nous pouvons donc agir directement dans le champ des lunettes. Bluffant...

Puis nous passons dans une autre pièce. Un mur en briques nous fait face. "Vous voyez le mur ? Regardez ce qu'il y a derrière !" nous lance notre guide. Et nous voyons apparaître en transparence les poutres métalliques et canalisations d'eau qui sont derrière le mur. Pas en vrai, bien sûr, car ce ne sont pas des rayons X ou un scanner, mais nous voyons la représentation fidèle des plans du bâtiment, matérialisée sur le mur. Nous dessinons une nouvelle porte et grâce à une note vocale, nous demandons aux ouvriers de déplacer la canalisation d'eau afin qu'elle ne traverse pas la nouvelle ouverture que nous voulons percer. Avec un mouvement du doigt devant les lunettes, la note est envoyée.

Lors d'une seconde présentation jeudi, Microsoft a dévoilé encore quelques détails supplémentaires, notamment l'intégration d'un processeur holographique (HPU), en plus du processeur (CPU) et de la puce graphique (GPU).