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Les capitales des régions fusionnées se battent pour conserver leur influence

•L'Etat nomme cette semaine les préfets chargés des super-régions.•Certaines villes briguent la préfecture, d'autres l'hôtel de région.

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Par Matthieu Quiret

Publié le 20 avr. 2015 à 01:01

François Rebsamen à Dijon, Laurent Fabius à Rouen, Bernard Cazeneuve à Caen : les ténors du gouvernement mettent tout leur poids dans la bataille des futures capitales de régions fusionnées. La première manche de cet âpre combat va se jouer mercredi, à sept mois de la naissance officielle des 13 nouvelles régions. Le Conseil des ministres désignera les préfets « préfigurateurs », qui piloteront la transformation de l'administration territoriale et étatique dans chaque région. Outre les préfets, seront nommés les rectorats et les Agences régionales de santé, deux administrations qui travaillent étroitement avec les conseils régionaux.

Ces préfets seront chargés d'orchestrer l'installation des futurs chefs-lieux, la réorganisation des administrations régionales et celle de l'Etat en régions. L'Etat enverra ces prochaines semaines ses propositions de chefs-lieux aux conseils régionaux et aux mairies concernées puis retouchera sa copie après leurs avis, d'ici à la fin de l'été.

Une fois passées les élections régionales de la fin de l'année, l'Etat consultera à nouveau les assemblées issues de ces scrutins et fixera les préfectures définitives en juillet 2016. Les nouveaux conseils régionaux détermineront eux-mêmes l'emplacement de l'hôtel de région et des lieux de délibération de l'assemblée. Le suspense est limité dans quatre des sept régions fusionnées et il est nul dans les six régions inchangées. La loi sur la carte régionale de janvier 2015 a déjà promis à Strasbourg le chef-lieu de la super-région de l'Est. Lyon, Lille et Bordeaux se sont vite imposées par leurs tailles très supérieures à celles de leurs rivales régionales.

Trésors de diplomatie

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Ailleurs, les prochains mois de discussions promettent d'être agités. Avec deux écoles, une traditionnelle bien française « monosite » et une autre « multi-sites géographiques » plus originale. Certaines préfectures de région qui pourraient disparaître tentent d'obtenir, en contrepartie, l'hôtel de région ou l'organisation de réunions des assemblées. A contrario, les deux capitales normandes actuelles réclament l'hôtel de région davantage que la préfecture. A Montpellier, le maire fait feu de tout bois pour conserver un maximum d'effectifs face à Toulouse. En Franche-Comté - Bourgogne, Besançon cherche à rester sur un pied d'égalité avec Dijon.

L'Etat a déployé des trésors de diplomatie pour choisir les préfets préfigurateurs. A Lyon, par exemple, le préfet désigné récemment pour succéder à Jean-François Carenco, parti à Paris, Michel Delpuech, a d'opportunes racines du Cantal, manière de rassurer les Auvergnats. Dans la grande région de l'Est, la Champagne-Ardenne devrait être mieux entendue grâce à la désignation de son préfet actuel, Jean-François Savy, comme préfet préfigurateur. Un signe de bonne volonté vis-à-vis de Châlons-en-Champagne, qui a beaucoup à perdre avec la fusion.

L'Association des régions de France plaide pour la concentration des pouvoirs dans les préfectures, jugée plus efficace. Et donc moins onéreuse. Une vision partagée par Marylise Lebranchu, qui relativise les vertus du télétravail : « Je reste persuadée que les relations humaines comptent, même si les outils modernes de communication sont très efficaces. »

Marqueurs de puissance

Un expert ministériel des collectivités explique que d'autres schémas sont envisagés. Les administrations pourraient être réparties en fonction des spécialités du territoire : le tourisme à Montpellier ou l'agriculture à Besançon, par exemple. Autre modèle plus facile à faire passer mais coûteux : la dizaine de directions de l'Etat demeurerait dans chaque région d'origine mais serait chapeautée par une tutelle dans le chef-lieu de la super-région. Marylise Lebranchu a évoqué un tel modèle auprès des syndicats de fonctionnaires à Toulouse : « Il y aura un seul recteur, mais le rectorat ne va pas se fondre en un seul lieu. »

Un autre expert explique qu'au-delà de la bataille des effectifs, la vraie lutte d'influence porte surtout sur les lieux de décision, marqueurs de la puissance d'une ville, qui aimantera à coup sûr les entreprises.

Matthieu Quiret

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