Dépêche

Kaboul: les forces afghanes déjouent une nouvelle attaque talibane contre un hôtel

Kaboul (AFP) - Les forces afghanes ont déjoué mercredi une nouvelle attaque de talibans contre un lieu fréquenté par les Occidentaux au cœur de Kaboul, au bout d'une nuit de siège d'un hôtel huppé appartenant à la famille du ministre des Affaires étrangères.

L'assaut contre l'hôtel Heetal s'est achevé à l'aube avec la mort des quatre assaillants, selon les autorités, qui n'ont recensé aucune victime civile ou chez les forces de sécurité.

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Tirs et explosions ont secoué toute la nuit le quartier de Wazir Akbar Khan, qui abrite l'hôtel Heetal mais aussi plusieurs ambassades, restaurants et résidences d'expatriés, et à ce titre visé plusieurs fois par les talibans ces dernières années.

L'hôtel, situé au pied d'une colline en bout de quartier et très fortifié et protégé, a été pris d'assaut vers 23H mardi soir (18H30 GMT) par ces combattants armés d'un lance-roquettes, d'un lance-grenades et de kalachnikovs.

L'attaque a été revendiquée par les talibans, qui combattent le gouvernement afghan et ses alliés occidentaux sans relâche depuis la fin 2001 et ont intensifié ces dernières semaines leur guérilla, sourds aux appels de Kaboul à ouvrir des discussions de paix.

"Les assaillants ont tenté d'entrer dans l'hôtel en utilisant des grenades, mais la police s'est déployée tactiquement et les a tués", a annoncé à la presse le chef de la police de la capitale afghane, le général Abdul Rahman Rahimi, visiblement heureux de ce dénouement sans victimes, rarissime pour une attaque à Kaboul.

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Des camions de pompiers et voitures de police se trouvaient toujours mercredi matin autour de l'hôtel, au milieu des bris de verre et murs criblés d'impacts de balles.

Les assaillants ont réussi à prendre le contrôle d'un petit poste de garde situé à l'entrée du complexe hôtelier, d'où ils jetaient des grenades mais n'ont pu aller plus loin, a raconté à l'AFP Shafiqullah, un témoin habitant le quartier.

Propriété de la famille du ministre afghan des Affaires étrangères Salahuddin Rabbani, le Heetal est d'un des rares hôtel de Kaboul réputé très sécurisé, et compte à ce titre une importante clientèle occidentale. Lors de l'assaut de mercredi, tous les clients se sont retranchés dans la chambre forte, refuge prévu en cas d'attaque, et aucun n'a été blessé, a souligné le gérant de l'hôtel, M. Beizhan.

"Le Heetal est très bien protégé. Après une ou deux explosions, nos gardes ont commencé à tirer sur les assaillants qui n'ont pas pu rentrer", a-t-il ajouté, joint sur place au téléphone par l'AFP.

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L'hôtel Heetal avait été endommagé en 2009 par un attentat-suicide devant son entrée, qui avait fait huit morts et 40 blessés. En mars 2014, les talibans avaient attaqué un autre hôtel de Kaboul en principe fortifié et fréquenté par les Occidentaux, le Serena, tuant neuf personnes, dont des étrangers et des enfants afghans.

De plus en plus de victimes civiles

Les talibans ont lancé fin avril leur traditionnelle "offensive de printemps", marquée depuis par des combats quasi quotidiens contre les forces de sécurité afghanes, notamment dans le sud, berceau des talibans, mais aussi des attaques ciblées jusqu'au cœur de Kaboul.

Bien que les talibans disent viser avant tout les forces de sécurité afghanes, qui payent un lourd tribut au conflit, et leurs alliés occidentaux, ces attaques tuent de plus en plus de civils selon l'ONU (+16% dans les 4 premiers mois de 2015).

Cette nouvelle "saison des combats" est la première sans la présence massive des forces internationales, après les 13 années de conflit qui ont suivi la chute du régime taliban en 2001.

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Le gouvernement afghan est critiqué pour son incapacité à mettre fin à ces violences, favorisées selon ses détracteurs par la récente vacance du pouvoir dans certains secteurs, en raison des retards pris dans la formation du cabinet plus de six mois après l'intronisation du président Ashraf Ghani.

Jeudi dernier, M. Ghani a proposé Mohammad Masoom Stanekzai, secrétaire du Haut conseil pour la paix, un organisme chargé de rallier les talibans à des négociations de paix, au poste de ministre de la Défense, une proposition qui devra être approuvée par le parlement. Ce poste clé est resté vacant jusqu'ici en raison de désaccords entre M. Ghani et son chef de l'exécutif et dauphin à l'élection présidentielle de 2014, Abdullah Abdullah, qui soutenait un autre candidat.

Depuis le départ de l'essentiel des troupes de combat de l'Otan en décembre dernier, les forces de sécurité afghanes sont seules face à l'insurrection talibane.

L'Otan, qui a laissé dans le pays une force résiduelle de quelque 12.500 hommes pour continuer à y former l'armée, a annoncé début mai qu'elle pourrait la maintenir au delà de 2016, échéance prévue jusqu'ici pour son retrait, pour consolider les forces afghanes.

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