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La vie privée surgelée

Carrière ou enfants : chaque chose en son temps. Facebook, Google, et bientôt Apple, financent la congélation des ovocytes de leurs salariées. Pour mieux les faire cravacher ?

Par  (San Francisco, correspondante)

Publié le 24 octobre 2014 à 11h52, modifié le 24 octobre 2014 à 11h52

Temps de Lecture 2 min.

Des employées de Facebook au siège européen de l'entreprise, à Dublin, en octobre 2013.

Faut-il y voir une libération ? Une aliénation ? La décision de Facebook et d'Apple de financer la congélation d'ovocytes pour leurs employées suscite un débat passionné aux Etats-Unis, à l'heure où les executive women avouent leur frustration de ne pouvoir « tout avoir » en même temps : enfants et carrière. Facebook, dont la numéro deux est la néo-féministe Sheryl Sandberg, a commencé au début de l'année à inclure la congélation des ovocytes dans l'assurance-santé offerte à ses employées. Apple a confirmé qu'il fera de même en janvier 2015. Google a fait savoir qu'il la proposait déjà. Pour ces entreprises, il s'agit d'attirer et de retenir les cadres par des avantages (« perks ») que d'autres employeurs ne sont pas en mesure de proposer. La procédure de congélation sera couverte à concurrence de 20 000 dollars, soit deux collectes d'oeufs, à quoi s'ajoutent 500 dollars annuels pour la conservation.

L'offre de ces groupes réputés avant-gardistes coïncide avec une idée dans l'air du temps aux Etats-Unis : pourquoi ne pas reporter la maternité pour travailler plus intensément ? Grâce aux avancées dans la procréation, les femmes pourraient échapper à l'éternel dilemme enfants/carrière. Le magazine économique Bloomberg Businessweek en a fait une couverture - enthousiaste - en avril : « Congelez vos oeufs, libérez votre carrière. » En suspendant l'horloge biologique, la congélation des ovocytes serait, selon lui, une révolution aussi importante que la pilule.

SOLUTION OU CONTOURNEMENT ?

Moins populaire est l'idée que, au contraire, les femmes pourraient être encouragées à procréer durant leurs années les plus fertiles. Ou que les employeurs sont les grands bénéficiaires d'une formule qui leur permettrait de bénéficier d'une catégorie de personnels en pleine productivité pour s'en distancer, une décennie plus tard. « En payant les femmes pour qu'elles retardent leur maternité, les employeurs les aident-ils à parvenir à un équilibre ou cherchent-ils à éviter les mesures qui pourraient contribuer à résoudre le problème des congés parentaux, des crèches ou de la flexibilité des horaires ? », s'interroge Claire Cain Miller, dans le New York Times. Pour Anne Weisberg, de l'institut Families and Work, les entreprises où "le « tout-travail-tout-le-temps » est déjà la norme, les gens vont lire ce genre de politique non pas comme un encouragement à offrir plus de choix aux femmes mais comme : "voici ce que nous attendons de vous" ».

Depuis des mois, les entreprises du high-tech se trouvent sous un feu roulant de critiques pour l'absence de parité dans leur staff : 26 % seulement de femmes. Tout en lançant un mouvement encourageant les salariées à se montrer plus agressives pour gravir les échelons, Sheryl Sandberg (qui a elle-même raconté comment il lui est arrivé de profiter de ses audioconférences pour utiliser son tire-lait) a mis en place chez Facebook une politique familiale allant de la couverture des traitements contre l'infertilité à un bonus de 4 000 dollars de « baby cash » par naissance. A ceux qui s'inquiètent que l'autocongélation fasse école dans le monde du travail et entraîne des pressions sur celles qui choisissent de ne pas reporter leurs maternités, Apple a répondu qu'il ne cherche qu'à « donner le pouvoir aux femmes » sur le calendrier de leur vie.

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