SNCF : les cinq idées choc en projet pour rentabiliser les lignes TGV

 

De longs retards, jusqu'à près de deux heures, ont été constatés vendredi matin sur la ligne TGV-Est après qu'une personne a été percutée par un train.
De longs retards, jusqu'à près de deux heures, ont été constatés vendredi matin sur la ligne TGV-Est après qu'une personne a été percutée par un train.
AFP

    Augmentation des prix, durcissement des conditions de remboursement, suppression du wagon-bar sur certaines liaisons...les équipes de la direction marketing de la SNCF ne manquent pas d'idées pour lutter contre l'effondrement de la rentabilité des lignes TGV dont la marge opérationnelle aurait été divisée par deux entre 2008 et 2013.

    Dans un document interne dévoilé ce samedi par le site Economiematin.fr, on découvre le détail des mesures envisagées pour redresser la barre. Et pour certaines, elles ne devraient pas manquer de faire hurler les clients de la SNCF même si l'entreprise a pris soin le jour même de préciser qu'il ne s'agit à ce stade que de simples «hypothèses de travail» qui ne sont «absolument pas validées».

    Une hausse généralisée de 8 euros par billet en première

    Premiers voyageurs ciblés, les clients de première classe qui pourraient payer plus cher la réservation de leur billet. Le document interne de la direction marketing évoque une «augmentation de 12 euros du tarif Pro 1ère occasionnel et de 6 euros du tarif Pro fréquence» sur les trajets comme Paris-Lyon, Paris-Marseille Paris-Strasbourg ou Paris-Lille. Le «gain net» espéré atteint 10 millions d'euros par an et même 15 millions d'euros dans le scénario d'une hausse généralisée de 8 euros par billet. Mieux, le document avance l'idée de ne proposer (sauf sur Paris-Lille) que des billets avec la restauration incluse. Les voyageurs qui n'ont pas de petit creux en seraient pour leur frais car ils auraient déjà payé leur plateau-repas comme à bord des avions.

    L'échange de billet donnerait lieu à une taxe de 15 euros

    Quant à la clientèle loisirs, le projet consisterait ni plus ni moins qu'à rendre impossible le remboursement des billets sept jours avant le départ. En cas d'échange de billet, il faudrait s'acquitter de 15 euros. Et les billets ne seraient plus ni échangeables, ni remboursables à partir de la veille du départ. Autre hypothèse : aligner les conditions de remboursement ou de changement de son billet sur celles, drastiques, des iDTGV ou imposer une taxe de 30 euros pour tout billet échangé de un à sept jours avant le départ.

    Autre idée proposée par les équipes, décidément très créatives, de la direction marketing : les voyageurs de seconde seraient privés de wagon-bar sur les trajets de moins de 3 heures (hors Paris-Lyon). L'économie serait  «d'environ 12 millions d'euros», selon le document de travail dans lequel on lit que le changement de concessionnaire de la restauration à bord au profit du duo Newrest-Elior n'a pas créé «le choc de compétitivité» attendu.

    Selon la Cour des comptes, le TGV doit desservir moins de gares

    Si la SNCF ne conteste pas la réalité de ce document interne, elle en relativise la portée, indiquant que les équipes du marketing planchent en permanence sur les moyens d'améliorer la rentabilité des TGV. Un réseau lancé avec l'inauguration en 1981 de la ligne Paris-Lyon mais qui se retrouve plus de trente ans plus tard complètement à bout de souffle.  Coïncidence, ce document interne de la SNCF sort dans la presse trois jours après la publication du rapport de la Cour des comptes épinglant un réseau ferroviaire  à grande vitesse  «peu cohérent» et «trop coûteux».

    Déplorant le fait que «les rames de TGV desservent 230 destinations et passent 40% de leur temps en moyenne sur les lignes classiques, ce qui nécessite en outre un parc important de rames», les magistrats de la rue Cambon préconisent que les TGV desservent moins de gares sur leurs lignes dédiées et circulent moins sur les lignes classiques. Une idée reprise au bond par Barbara Dalibard. La directrice générale Voyageurs de la SNCF a expliqué que, en bout de ligne, le TGV ne pouvait plus desservir tous les jours toutes les gares et qu'il fallait mieux se coordonner  avec les TER. Sous-entendu, la SNCF se réserverait les tronçons rentables comme, par exemple, Paris-Lyon, les régions se chargeant d'organiser et de financer la desserte finale des gares savoyardes de Bourg-Saint-maurice ou Albertville. De quoi, cette fois, faire hurler les élus locaux...