Grande-Bretagne : les employés de la reine se mettent en grève

Pour la première fois depuis le début du règne d'Elizabeth II, les employés du château de Windsor protestent contre leurs conditions de travail.

De notre correspondant à Londres,

Les employés du château de Windsor se sont mis en grève, et disent être payés en dessous du revenu minimum.
Les employés du château de Windsor se sont mis en grève, et disent être payés en dessous du revenu minimum. © AFP

Temps de lecture : 3 min

En plus de soixante ans de règne, personne n'a jamais rien pu lire sur le visage de la reine Elizabeth II, toujours impassible même dans les situations les plus dramatiques. Mais le flegme légendaire de la souveraine, âgée de 88 ans, a dû craquer un instant en apprenant le projet de grève des employés du château de Windsor pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail.

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À la fin avril, les 120 guides, personnel de restauration, de nettoyage et de gardiennage de la résidence de week-end du monarque devraient débrayer à l'appel des syndicats de la fonction publique qui ont déposé un préavis de grève. Ils protestent contre des rémunérations inférieures au revenu minimum. Chez Windsor Inc., le salaire moyen s'élève à 14 000 livres (19 282 euros). Il ne s'agit pas des membres de la maison royale qui, s'ils sont également mal payés, bénéficient au moins du privilège d'être nourris et blanchis.

Premier mouvement de grève de son règne

On peut imaginer la gêne que doit éprouver Sa Majesté devant ce premier mouvement de grève de son règne, voire de cette lignée royale qui remonte à la nuit des temps. La monarchie Windsor est un peu comme un aigle à deux têtes qu'elle ne montre jamais simultanément. D'un côté, la pompe et le faste projettent l'image d'une institution glorieuse dotée de tous les atours comme il sied à une vraie reine. Mais de l'autre, les employés, ouvriers, secrétaires, femmes de chambre, huissiers, valets, artisans ou guides sont très mal lotis comparé aux normes de la fonction publique d'outre-Manche.

Le fonctionnement du château de Windsor est financé par la "Liste civile", somme qui lui est allouée chaque année par l'État pour couvrir les dépenses courantes, notamment les frais de personnel. Mais en cette période d'austérité gouvernementale, l'heure est plus que jamais à la réduction des dépenses de fonctionnement. Si près de 700 personnes travaillent directement au service de Sa Majesté, près de 500 d'entre elles sont payées par la Liste civile. La reine paie de sa propre poche les traitements de plus de deux cents salariés qui travaillent dans ses résidences privées, Balmoral en Écosse, Sandringham dans le Norfolk ou Kensington Palace à Londres.

Prestige et retraite généreuse

Le Palais souligne pour sa part que les employés de la cour d'Angleterre reçoivent une retraite généreuse et des avantages en nature qui portent leur rémunération à la moyenne nationale pour un emploi non qualifié. Sans parler du prestige qu'octroie le service à la Couronne, qui, à les écouter, vaut tout l'or du monde. Dans ce conflit social, Buckingham Palace renvoie la balle dans le camp de la Royal Collection Trust, la collection royale, dont dépendent les visites du château de Windsor. Le catalogue de la Collection royale comprend notamment huit mille toiles de maître, vingt mille dessins et pastels, des milliers de livres anciens, le plus bel assemblage de porcelaines de Sèvre et de meubles d'époque français... À Windsor, le visiteur se promène le nez en l'air en contemplant les tableaux et oeuvres d'art.

Elizabeth II est d'autant plus affectée par ce mouvement de grève que Windsor est son château favori. Construit par Guillaume le Conquérant sur la seule colline surplombant la Tamise, le plus ancien et le plus grand château du royaume a donné le nom à la dynastie en 1917 pour faire oublier à la population les origines allemandes de la lignée. La souveraine y a passé toute la guerre en compagnie de ses parents et de sa soeur. Enfin, c'est là qu'est né en 1348 l'ordre de la Jarretière, l'honneur le plus prestigieux du royaume dont la légendaire devise proclame : "Honni soit qui mal y pense."

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Commentaires (4)

  • blancdeblanc

    L'on sait que le jardinier du Sénat français gagne 7 500 euros par mois, il ne changera de poste pour rien au monde, c'est trop bien (payé) un travail pareil.

  • jackknight

    Les membres du personnel qui ont déposé un préavis de grève n'ont rien à voir avec ceux qui sont attachés à la maison Royale elle-même.

  • Jepirad

    Mais il faut tout dire. Ces employés de la Reine ont des avantages en nature non négligeables. Je le tiens d'une personne qui est au service de sa majesté of course.