Levallois : soupçons de corruption sur les époux Balkany

Ouvert pour blanchiment de fraude fiscale, le dossier judiciaire visant les deux élus (UMP) s'est étoffé d'un volet concernant des marchés publics.

Levallois : soupçons de corruption sur les époux Balkany

    L'information judiciaire visant Patrick et Isabelle Balkany, ouverte fin 2013 pour « blanchiment de fraude fiscale », s'étend dorénavant à d'éventuels faits de corruption. Le parquet national financier (PNF) a délivré aux juges Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon un réquisitoire supplétif, comme le révélait Mediapart hier. Ce réquisitoire daté du 11 juillet est la conséquence directe d'une note émanant de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, transmise aux magistrats au début du mois de juillet. Ce n'est donc plus seulement sur le patrimoine du couple et sur les millions non déclarés à l'administration fiscale que les juges vont poursuivre leurs investigations, mais aussi sur des flux financiers suspects. Dont certains concerneraient au moins un marché de construction douteux.

    Depuis des mois, les juges du pôle financier enquêtent sur le train de vie du couple Balkany, à commencer par de luxueuses villas situées à Saint-Martin (Antilles) et Marrakech (Maroc), dont les élus de Levallois ont toujours assuré qu'elles ne leur appartenaient pas. Au cours de sa garde à vue, en mai dernier, Isabelle Balkany a finalement reconnu avoir acquis la demeure de Saint-Martin grâce à un héritage perçu à l'étranger. Une propriété qui n'a jamais été déclarée au fisc. Quant au riad de Marrakech, il aurait été acquis via une fiduciaire suisse et une société panaméenne, et pourrait être enregistré au nom de Jean-Pierre Aubry. L'ancien directeur de cabinet de Patrick Balkany et actuel directeur général de la Semarelp, société d'économie mixte de Levallois à laquelle s'intéressent également les juges, a été placé en garde à vue en même temps qu'Isabelle Balkany, avec à la clé une mise en examen pour « blanchiment de fraude fiscale » pour chacun. La première adjointe au maire s'était d'ailleurs acquittée fin août d'une faramineuse caution d'un montant de 1 Mâ?¬.

    « D'importantes commissions sur des marchés concerneraient directement Patrick Balkany et son bras droit historique, Jean-Pierre Aubry, directeur de la Semarelp », réagissait hier Arnaud de Courson, opposant (DVD) de Levallois. Qui avait demandé, lors du conseil municipal du 23 juin dernier, « la démission d'Isabelle Balkany, nommée présidente de la Semarelp à l'issue de sa mise en examen ». Mais également celle de Jean-Pierre Aubry.

    « Lors de ce conseil municipal, Patrick Balkany avait affirmé que l'enquête en cours ne concernait que leurs affaires privées. Aujourd'hui, ce réquisitoire supplétif semble démontrer qu'il n'en est rien », poursuit l'élu. Qui réclame que soient nommées à la tête de la société d'économie mixte « des personnes indépendantes pendant toute la durée de cette enquête ».

    Fidèle à sa ligne de conduite depuis sa mise en examen, la première adjointe au maire fustige la violation du secret de l'instruction et refuse de commenter ces nouvelles informations. Quant à Patrick Balkany, il est toujours protégé par son immunité parlementaire.