François Hollande, président le plus menacé de la Ve République ?

François Hollande, président le plus menacé de la Ve République ?
François Hollande entouré de quatre garde du corps, en 2012 (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

La sécurité du président français, "le plus menacé de la Ve République" comporterait de nombreuses "failles", selon les fonctionnaires chargés de sa protection interrogés par "Le Monde".

Par Le Nouvel Obs
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"Toi, ton président, il sort en scooter", a taclé un responsable du Secret Service américain à son homologue français chargé de la protection de François Hollande.

La pique fait référence aux escapades nocturnes du président pour aller retrouver l'actrice Julie Gayet, le tout accompagné d'un seul garde du corps. Passée la polémique sur la vie privée, les questions sur la sécurité du chef de l'Etat français ont commencé à se poser. Et le débat est loin d'être clos, comme le révèle "Le Monde" mardi 26 mai dans un long article :

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La sécurité du président n'est pas assurée", estime un membre du Groupe de sécurité et de protection de la présidence de la République (GSPR).

Le quotidien détaille "les failles" dans la sécurité de François Hollande, dénoncés par trois policiers et gendarmes du GSPR. L'un d'eux déplore :

Il y a beaucoup d'incohérences sécuritaires et de failles qu'on pourrait éviter."

"Le président le plus menacé"

Les sources du "Monde" reviennent ainsi sur plusieurs frayeurs lors de déplacements du président.

12 septembre : François Hollande se rend à Erbil, dans le Kurdistan irakien, avec "le même dispositif que si on était en Australie". C'est-à-dire sans être accompagné du "véhicule d'appui". 

7 janvier : nouvelle frayeur quand le chef de l'Etat se rend devant les locaux de "Charlie Hebdo", une heure seulement après l'attentat. Une aberration en terme de sécurité. "On n'a même pas fait passer un chien !" s'émeut un membre du GSPR.

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Nous avons amené le président dans un espace suicidaire."

Ajoutez des chauffeurs pas toujours habilités à la conduite rapide, l'absence de déminage systématique du véhicule présidentiel, l'utilisation sur une voiture "suiveuse" de pneus neige... Les fonctionnaires pointent globalement de vraies prises de risque.

"Hollande fait n'importe quoi"

Et ce, alors même que François Hollande peut être considéré comme "le président le plus menacé de la Ve République", selon un spécialiste cité par "Le Monde". Au vu des opérations extérieures de l'armée française et du risque terroriste, il est menacé "à la même échelle que le Premier ministre israélien ou le président américain". 

Les révélations sur la relation entre François Hollande et Julie Gayet en Une de "Closer", en janvier 2014 (THOMAS COEX / AFP)

A qui la faute ? Au principal intéressé, selon un membre du GSPR : "[François] Hollande fait n'importe quoi". Ses escapades nocturnes constituant l'apogée de la prise de risques. "C'était très facile de l'enlever", assure un membre du GSPR. Ou de lui tirer dessus. Un autre responsable de sa sécurité s'insurge :

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C'était un appareil photo, mais si ça avait été un fusil, c'était pareil."

Des fonctionnaires trop peu entraînés ?

"Le Monde" critique enfin la qualité de la formation des membres du GSPR. Les sources du quotidien évoquent de surprenants recrutements : un fonctionnaire alcoolique, un autre "psychologiquement très fragile". Les deux ne bénéficieraient d'aucun suivi médical.

Est également pointé un défaut de condition physique et d'entraînement, en particulier au tir. "Si demain, il y a un coup de feu dans la rue, on ne sera pas capable d'avoir la bonne réplique", critique un membre du GSPR. A en croire ce dernier, les hommes du président rechignent à aller s'entraîner sur les stands des unités d'élite "car on ne veut pas montrer qu'on est nul".

"Sécurité assurée" 

"La sécurité du président, depuis le 29 mai 2012, a toujours été assurée de façon satisfaisante", rétorque la commissaire divisionnaire Sophie Hatt, patronne du GSPR.

Tous nos fonctionnaires ont passé les tests de recrutement dans leurs unités d'origine et des stages de formation à la sécurité rapprochée."

Les policiers et gendarmes du GSPR ont au minimum 3 ans d'expérience et ont validé une batterie de tests physiques, psychologiques et médicaux, mais aussi de tirs, de conduite et de maîtrise de la langue anglaise. Ils sont "très entraînés et méticuleusement sélectionnés pour faire face à toute situation dans un délais très court", expliquait à "l'Obs" une source policière en janvier 2014.

B.M.

Le Nouvel Obs
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