Le Portugal se prépare à une nouvelle onde de choc. L'ancien premier ministre socialiste José Socrates, arrêté dans le cadre d'une affaire de fraude fiscale et de corruption, a été mis en examen, lundi 24 novembre. Il a été placé en détention provisoire à l'issue d'un interrogatoire marathon, a annoncé son avocat, Joao Araujo.
Agé de 57 ans, il devra répondre des chefs d'inculpation de « fraude fiscale qualifiée, corruption et blanchiment d'argent ». L'interpellation de celui qui a dirigé le pays entre 2005 et 2011 avait secoué le pays, vendredi. Cette décision est « profondément injuste et injustifiée », a immédiatement commenté son avocat, avant d'annoncer son intention d'« introduire un recours ».
UN APPARTEMENT LUXUEUX À PARIS
L'enquête porte sur des opérations bancaires et des transferts d'argent d'origine inconnue. Les enquêteurs s'interrogent sur des sommes élevées transférées sur le compte de M. Socrates, qui paraissent incompatibles avec les revenus qu'il a déclarés au fisc.
La justice s'intéresserait notamment de très près au train de vie mené par le socialiste quand il vivait à Paris en 2012 pour poursuivre des études de philosophie à Sciences Po. Les enquêteurs s'interrogent sur l'achat d'une voiture de luxe à 95 000 euros ou la location d'un appartement estimé à près de trois millions d'euros, alors que M. Socrates est déjà propriétaire de plusieurs biens immobiliers dans son pays. Pour toutes ces dépenses, les justifications par un crédit bancaire et l'héritage familial ne semblent pas suffire pas, note la presse portugaise.
Une série de perquisitions ont été menées ces derniers jours dans des entreprises et au domicile de M. Socrates à Lisbonne. Trois de ses proches avaient également été arrêtés la semaine dernière. L'homme d'affaires Carlos Santos Silva et le chauffeur personnel de M. Socrates, Joao Perna, ont eux aussi été placés en détention provisoire. L'avocat Gonçalo Trindade Ferreira a quant à lui été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
LES SOCIALISTES PORTUGAIS DANS L'EMBARRAS
Pour le chef de file des députés socialistes, Luis Montenegro, inquiet des répercussions de l'affaire, l'image du pays a été ternie « à l'intérieur comme à l'extérieur par ce qui s'est passé ces derniers jours ».
L'affaire a mis dans l'embarras le maire de Lisbonne, Antonio Costa, ancien ministre de l'intérieur de M. Socrates et fraîchement élu secrétaire général du Parti socialiste portugais. Interrogé sur l'héritage politique de M. Socrates, M. Costa a refusé de prendre ses distances, déclarant que « le PS n'adopte pas les pratiques staliniennes qui consistent à enlever les photos » des anciens dirigeants.
Ce n'est pas la première fois que José Socrates est mêlé à des affaires. Le quotidien Publico en a recensé une dizaine, toutes restées sans suites, le visant directement ou indirectement depuis 2003. M. Socrates, premier chef du Parti socialiste à obtenir une majorité absolue en 2005, restera désormais dans l'histoire de la jeune démocratie portugaise comme le premier ancien chef de gouvernement à être mis sous les verrous.
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