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Loro Piana veut sécuriser l'achat de fibres précieuses

•La marque de luxe italienne est connue pour ses lainages rares.•En Australie, elle préserve son approvisionnement auprès des éleveurs.

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Par Dominique Chapuis

Publié le 24 oct. 2014 à 01:01

La plaine, doucement ondulée, s'étend à perte de vue. Seuls les nombreux troupeaux de moutons témoignent de la présence de fermes perdues dans cette immensité. C'est là, en Nouvelle-Angleterre, au nord de Sydney, que la famille Blake élève quelque 20.000 mérinos. L'obsession de Stuart et de son frère est de réussir à produire la laine la plus fine du monde.

Les Blake font partie de la poignée de fournisseurs privilégiés de Loro Piana. Cette entreprise d'habillement de luxe est connue pour la qualité de ses tissus, plus que pour son style plutôt classique. On la surnomme le « Hermès italien ». La priorité de la maison, rachetée en juillet 2013 par LVMH (par ailleurs, propriétaire des « Echos ») est de sécuriser ses approvisionnements de matières premières précieuses, la laine mérinos extrafine, mais aussi le cachemire de Mongolie et de Chine, la vigogne du Pérou ou son dernier « trésor, la fleur de lotus » en Birmanie. Elle est l'un des rares exemples dans le luxe, avec son concurrent Zegna, d'une intégration verticale. « Notre chaîne logistique va de la fibre naturelle jusqu'aux produits finis dans nos vitrines. Ce qui nous permet de contrôler la qualité », précise Pier Luigi Piana, son vice-président (soixante-trois ans).

Un modèle lié à son histoire. En 1924, à ses débuts, Loro Piana est un fabricant de laine. Aujourd'hui encore, l'entreprise est le plus important producteur de cachemire en Europe : elle fournit les lainages les plus rares aux autres grandes marques de luxe. Cette activité textile a été ramenée à 30 % du chiffre d'affaires, qui s'élève à quelque 700 millions d'euros. Les ventes sont portées par ses lignes de vêtements, un vestiaire masculin et féminin, lancé il y a une vingtaine d'années. C'est Pier Luigi et son frère Sergio, disparu l'an dernier, soit la sixième génération familiale, qui ont fait de Loro Piana une référence. En cinq ans, le chiffre d'affaires a grimpé de 17 % et la rentabilité de 58 % ! La marge d'exploitation est estimée à plus de 20 %.

Tisser des liens avec les éleveurs locaux

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Son nouveau propriétaire va poursuivre la même stratégie. Soucieux de préserver la singularité de la maison, en continuant de sourcer ces matières nobles. « Nous sommes les seuls sur le marché à avoir une connaissance intime de ce système », estime Matthieu Brisset, le nouveau directeur général depuis janvier de Loro Piana. Antoine Arnault en est le président.

Le mérinos représente près de 70 % de ses achats de matières premières. La société piémontaise l'achète en majorité en Australie, premier producteur mondial de laine fine, devant la Nouvelle-Zélande, l'Uruguay ou la Chine. Mais cette laine, dont le fil est inférieur à 19 microns (soit 19 millièmes de millimètre), pèse seulement 5 % de la production totale du pays. D'où les liens tissés avec les éleveurs locaux. Et pour stimuler la demande des consommateurs, comme pour le cachemire ou la soie, la griffe va lancer en janvier la ligne « Le cadeau des dieux », des vêtements pour homme avec un fil de 12 microns, proposés dans 27 boutiques dans le monde. Le top du luxe à 2.200 euros le polo et plus.

Le directeur général a entamé un tour du monde pour rencontrer ses fournisseurs. Après la Mongolie et l'Australie, il doit se rendre en Amérique latine, avec Pier Luigi Loro Piana, chez les producteurs de vigogne. « C'est une petite communauté avec laquelle il est nécessaire d'entretenir des liens proches », juge le vice- président, dont la famille dira, fin 2016, si elle reste ou pas au capital (20 %). Depuis le rachat, des synergies se mettent aussi en place avec LVMH, permettant à Berlutti ou Vuitton de bénéficier d'un approvisionnement de tissus privilégié. Cette alliance permet de son côté à Loro Piana d'ouvrir « partout et plus vite ». La société compte 150 magasins, avec une dizaine d'ouvertures par an. A Paris, elle cherche un nouvel emplacement avenue Montaigne, où sa boutique est trop petite. Et regarde du côté de l'Amérique latine, mais aussi de l'Australie, où elle n'est pas présente. Un comble !

Dominique Chapuis

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