Interview Un film hyper-positif !

Mardi soir, Cinémarivaux a présenté en avant-première le film qui va probablement marquer cette fin d’année : La Famille Bélier. Une famille de sourds, dont la fille, lien avec l’extérieur, possède un don exceptionnel : une belle voix. Éric Lartigau, le réalisateur, a répondu à nos questions.
Le Journal de Saône et Loire - 25 oct. 2014 à 05:00 - Temps de lecture :
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Louane Emera est arrivée juste à temps pour la photo avec Éric Lartigau, réalisateur   de  La Famille Bélier.  Photo  M. S. (CLP)
Louane Emera est arrivée juste à temps pour la photo avec Éric Lartigau, réalisateur de La Famille Bélier. Photo M. S. (CLP)

C e film donne de beaux rôles à Karine Viard et François Damiens : des parents sourds ! Comment ont-ils réagi ? Un acteur, ce sont d’abord des mots !

Oui, ce sont des mots, mais pas seulement ! Un acteur, c’est aussi un corps. Le problème, dès lors, était : comment se manifester, traduire son caractère sans les mots. Le personnage de Karine est celui d’une femme très bavarde, une maîtresse femme, flamboyante ! Les deux ont abordé leur rôle avec curiosité. Lors de notre premier rendez-vous avec Karine, nous étions accompagnés du professeur, sourd, et de l’interprète. Devant tous ces mouvements, Karine a été vite découragée, mais elle a tenté quelque chose : elle a essayé de nous parler en mimant et cela a marché. Mais tous deux, Karine comme François, ont du beaucoup travaillé pour atteindre le degré de naturel qu’ils déploient dans le film.

La jeune Louane Emera est tout simplement épatante, et c’est son premier rôle, alors qu’elle n’est même pas actrice ! Comment l’avez-vous découverte ?

Je l’ai découverte par hasard ! En fait, elle a participé à The Voice, mais elle n’a pas gagné. Je cherchais une actrice sachant chanter, pas une chanteuse. Mais elle dégage une telle dose d’émotion ! Elle n’avait que 16 ans sur le tournage, c’était un diamant brut. Elle a encore en elle cette pureté, cette naïveté qu’il va falloir garder le plus longtemps possible. Elle a vécu ça comme une expérience.

Vous avez donné à Éric Elmosnino un rôle de ringard, qui met sur le même niveau Michel Sardou et Mozart. C’est osé !

(Rires) Oui, ce professeur de musique est un tocard total, mais c’est un profil qu’il assure complètement. Et Éric est un grand acteur, il s’y est lancé à fond, et de manière très appliquée ! C’est un acteur génial, d’une grande ouverture d’esprit, magnifique, toujours à l’affût, qui essaye tout. Le regard qu’il a sur Paula (Ndlr : le personnage de Louane Emera) est magnifique, notamment dans la scène à Radio France.

Vous avez choisi de faire se dérouler cette histoire dans un environnement peu courant : un petit village, au sein d’une famille de fermiers avec vaches à l’étable et fromages sur les marchés… Pourquoi ?

Dans le scénario de base, ce n’était pas très développé, mais j’aime bien ce rapport direct aux choses primaires, cette boucle avec la nourriture. C’est un clin d’œil, mais cela rajoute aussi une note de courage chez cette famille.

Pour qui avez-vous fait ce film hyper-positif, drôle et sensible à la fois, mais qui ne tombe pas dans la sensiblerie ?

J’ai voulu montrer qu’on ne peut pas s’appesantir sur ses problèmes. Mes héros sont sourds et pourtant, ils vont de l’avant. Et leur lutte est la même que celle de n’importe qui, ils essaient d’avancer dans le combat quotidien et ne se plaignent pas de leur condition : ils n’ont pas le temps ! C’est une famille organique, qui bouge, qui vit.