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Sécurité routière : quelle efficacité pour les mesures du gouvernement ?

Après avoir constaté une hausse des morts sur les routes en 2014, le ministre de l'intérieur a présenté 26 mesures censées permettre de « maintenir l'objectif de 2 000 tués sur les routes en 2020 ».

Publié le 26 janvier 2015 à 21h24, modifié le 19 août 2019 à 13h39 Temps de Lecture 4 min.

Le gouvernement espère ramener à 2 000 le nombre maximal de morts sur les routes en 2020.

En décembre 2014, alors qu'il s'attendait à de mauvais résultats en matière de sécurité routière, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, avait fait savoir qu'il présenterait sous peu « une batterie de mesures tous azimuts » en la matière. Cette expression avait effrayé l'accidentologue Claude Got.

Prenant la parole au Conseil national de la sécurité routière (CNSR), instance de conseil au gouvernement, il avait expliqué que « le terme “azimuté” signifie sans direction, sans boussole », et souhaité que « ce ne soit pas le cas du ministre » . Il estimait en effet que le gouvernement devait établir des hiérarchies et avoir une priorité, l'action sur la vitesse. Il s'était inquiété qu'une mesure aussi importante pour sauver des vies risque d'être mise sur le même plan que des dispositions mineures.

Or, c'est ce qui s'est produit, lundi 26 janvier. Après avoir annoncé à la presse que le nombre de morts sur les routes en 2014 serait de 3 388, soit 120 de plus (+3,7%) qu'en 2013, le ministre de l'intérieur a présenté vingt-six mesures diverses et variées, censées permettre de « maintenir l'objectif de deux mille tués sur les routes en 2020 ».

DÉCEPTION DES MEMBRES DU CNSR

L'expérimentation de la diminution de la vitesse maximale autorisée, de 90 à 80 km/heure, sur les routes à double sens dépourvues de séparateur médian, n'est plus qu'une mesure parmi d'autres (la 20e). Annoncée en juin 2014, elle n'a d'ailleurs toujours pas commencé. Le ministre a indiqué qu'il présenterait « avant la fin février » les axes sur lesquels elle se ferait.

Les membres du CNSR présents au ministère de l'intérieur n'ont pas manqué de faire part à la presse de leur déception. « Il manque la mesure essentielle, qui aurait permis de sauver de trois cent cinquante à quatre cents vies tout de suite, et qui concernait la diminution de la vitesse sur le réseau secondaire », a protesté Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière.

« Il n'y a pas de mesure forte qui va permettre de changer la mortalité sur les routes », a déploré le docteur Philippe Lauwick, président de la commission alcool, stupéfiants, vitesse, du CNSR, tout en assurant qu'« aucune de celles qui sont présentées ne doit être jetée au panier ».

L'expérimentation de la diminution de la vitesse fait partie des mesures prises pour lutter « contre les infractions les plus graves », au même titre que la modernisation du parc de 4 200 radars ou l'interdiction des kits mains libres. Concrètement, les écouteurs, casques et oreillettes que peuvent porter non seulement les automobilistes mais aussi les cyclistes ou les motards seront interdits.

M. Lauwick, Mme Perrichon ainsi qu'Armand Jung, le président du CNSR, député (PS) du Bas-Rhin, se sont réjouis de cette mesure, qui avait été réclamée par leur instance le 21 juin 2013. Par contre, Mme Perrichon a regretté que les téléphones embarqués, intégrés au véhicule, soient toujours autorisés : « Ce ne sera une bonne affaire que pour les constructeurs, qui pourront vendre des voitures équipées de bluetooth, alors que la conversation téléphonique, même au travers de haut-parleurs, est un facteur de distraction », a -t-elle déploré.

PROTÉGER LES « USAGERS VULNÉRABLES »

Dans la rubrique « sensibiliser, prévenir, former », le ministre a inclus la mise en place dès la rentrée 2015 d'une demi-journée de sensibilisation en classe de seconde, mais aussi l'abaissement de l'alcoolémie légale des conducteurs novices.

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Sont considérés comme tels, pendant trois ans, ceux qui viennent d'obtenir le permis de conduire ou de le repasser. Le taux autorisé passerait de 0,5 gramme par litre de sang à 0,2 gramme par litre de sang. « Nous n'étions pas demandeurs de cette mesure », a indiqué Armand Jung. « Les spécialistes constatent qu'il y a très peu d'accidents corporels ou mortels liés à une alcoolémie inférieure à 0,5 gramme », a rappelé le docteur Lauwick. « Cette mesure permettra de faire passer le message que quand on conduit, on ne boit pas, mais elle ne changera pas la face du monde », a-t-il ajouté. Pour Mme Perrichon, « c'est une mauvaise mesure, qui fera perdre des points aux jeunes, alors qu'ils n'en ont que six sur leur permis, dès lors qu'ils auront bu un verre de bière ».

Pour protéger les « usagers vulnérables », le ministre propose de permettre aux maires d'abaisser la vitesse dans de grandes parties, voire dans la totalité de leur agglomération. De renforcer les sanctions contre les automobilistes qui stationnent sur les passages piétons, les trottoirs ou les pistes cyclables. D'interdire le stationnement sur les cinq mètres qui précèdent les passages piétons. « C'est une bonne idée, mais à condition que les maires élargissent les trottoirs à cet endroit, ce qui va leur coûter de l'argent », a commenté Mme Perrichon,

Pour « améliorer la sécurité des véhicules et des infrastructures », il propose de réduire les risques de s’engager à contresens sur autoroute avec des panneaux « sens interdit » sur fond rétroréfléchissant aux bretelles d’échange.

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