Argenteuil : acquitté du meurtre d’Antoine, le petit ami de sa fille

Le cadre bancaire avait tué de huit coups de couteau un jeune de 23 ans, le petit ami violent de sa fille de 13 ans, venu chez lui en pleine nuit. 

 Argenteuil. C’est dans un pavillon de la rue Danton que s’est noué le drame.
Argenteuil. C’est dans un pavillon de la rue Danton que s’est noué le drame. LP/M. Len

    Marc L., 63 ans, a été acquitté du meurtre d'Antoine C. par la cour d'assises du Val-d'Oise, ce vendredi. Après à peine plus de deux heures de délibéré, la cour a estimé que l'accusé avait agi en état de légitime défense, cette nuit de 3 septembre 2012, dans le vestibule plongé dans le noir de son pavillon de la rue Danton, à Argenteuil. La cour a estimé que sa vie était bien en danger et que la riposte avait été proportionnée.

    Vers 3 heures du matin, le cadre bancaire avait tué de huit coups de couteau un jeune de 23 ans, petit ami de sa fille de 13 ans, venu chez lui en pleine nuit pour parler de l'adolescente. Le jeune homme, souffrant de maladie mentale, totalement perdu depuis des années, radicalisé à sa sortie de prison au mois d'août, avait basculé dans la violence, essayant de tuer le père de famille à coups de couteau. Un combat à la vie à la mort s'était engagé. Marc L. parvenait à récupérer le couteau d'Antoine, qui continuait à le frapper, et lui portait huit coups de couteau, « dans la terreur et la fureur » dit l'accusé. Un combat « comme dans les tranchées ».

    A l'issue de l'instruction judiciaire, le magistrat instructeur n'avait pas retenu la légitime défense. Ce vendredi matin, Me Lagrave s'est attaché à démontrer que son client n'avait fait que se défendre pour sauver sa vie, celle de sa femme et de son fils lourdement handicapé qui vit à l'étage. « Marc L. a été confronté à un homme dans sa folie meurtrière. C'est un informaticien qui ne sait pas se battre et qui se retrouve avec un fou devant lui qui n'a qu'une volonté : le tuer. Le couteau change de main, mais il continue de le frapper. La menace est constante, de bout en bout. En face-à-face », poursuit-il, avec un jeune « qui veut mourir en martyr ».

    « Est-ce qu'il est en péril imminent ? demande l'avocat. Oui ! La réponse était proportionnée à l'attaque, parce que l'attaque devait aller au bout. » « Rien ne justifie que cet homme aille en prison », conclut-il, en réponse aux réquisitions de l'avocat général, qui a demandé à la cour de condamner l'accusé à une peine de 6 à 8 ans de prison. Et de ne pas retenir la légitime défense. « Oui, il y a un meurtre. Oui, il y a des violences. Il vivra avec toute sa vie », assure Me Lagrave.

    Il a également souligné les occasions manquées de prévenir l'irrémédiable, notamment lorsqu'Antoine s'introduit une première fois une heure et demie plus tôt dans le pavillon avec P., la fille adoptive de l'accusé de 13 ans. Sa petite amie, tout aussi perdue que lui, qui s'est enfuie de son foyer. La police intervient. « Personne ne s'est demandé comment elle a fugué, avec l'aide de qui ? On a laissé Antoine à la porte du commissariat, on ne l'a même pas entendu. Un loupé absolu. Les policiers se seraient rendu compte qu'il n'était pas bien. Il aurait pu être hospitalisé. »

    « Je suis profondément peiné qu'Antoine soit mort. Quatre ans et demi après les faits, je suis toujours aussi peiné », a confié l'accusé, avant que la cour ne se retire pour délibérer. Le verdict prononcé, la mère d'Antoine quitte le palais de justice, soutenue par les bras par deux de ses proches.