La 5G, un relais de croissance attendu avec impatience par l’industrie
Equipementiers et opérateurs télécoms peuvent espérer de nombreux débouchés commerciaux avec la future 5G.
Par Romain Gueugneau
A entendre les industriels des télécoms, il semble illusoire de pouvoir attendre jusqu’en 2020 pour que la 5G soit enfin d éployée. Les besoins seraient déjà trop importants. Lorenzo Casaccia, responsable des standards technologiques chez le fabricant de puces Qualcomm, l’a résumé dans un récent billet de blog. « La consommation moyenne pour un smartphone est de 1,6 Go de données par mois ; elle devrait passer à 7Go dès 2012. Ajoutez à cela de nouveaux usages comme la réalité virtuelle ou la réalité augmentée, et vous comprendrez pourquoi il faut accélérer le calendrier de normalisation de la 5G ».
Puisque la planète dévore toujours plus de data, il serait donc impératif de bâtir au plus vite les infrastructures et de concevoir les technologies qui permettront d’assouvir sa faim.
Derrière les besoins d’usages se cache aussi une nécessité économique pour le secteur. Les équipementiers télécoms, notamment, sont en quête de relais de croissance. Après avoir profité du rapide déploiement de la 4G un peu partout dans le monde, le carnet de commandes commence à se tarir dans le mobile pour des groupes comme Ericsson et Nokia. En témoigne la baisse des résultats financiers l’an dernier et les faibles perspectives affichées par l’un et l’autre.
Dans une étude publiée fin janvier, le cabinet Dell’Oro a estimé que la période 2017-2021 représenterait le quinquennat « le plus faible en termes de revenus cumulés » pour l’industrie des équipementiers depuis 2000. Les mêmes experts s’attendent néanmoins à un très bon décollage des activités liées à la 5G, supérieur en comparaison à celui de la 4G. De quoi pousser les industriels à accélérer le calendrier pour la définition des normes techniques . « Si les technologies de certains industriels s’imposent de facto, tout le monde sera tenté de suivre le modèle qui aura été disponible en premier », explique Merouane Debbah, directeur de la R&D chez Huawei France.
Les espoirs déçus de la 4G
Pour les opérateurs aussi, les enjeux sont importants. Et là aussi, les promesses de croissance font saliver. « A chaque changement majeur de technologie, les opérateurs comptent sur une évolution du modèle économique et sur une hausse de leurs revenus », reconnaît un dirigeant français.
Problème : le raisonnement n’a pas forcément fonctionné pour le passage à la 4G, notamment dans l’Hexagone. La concurrence féroce à l'oeuvre dans le mobile n’a pas permis aux opérateurs d’augmenter les prix et de restaurer les marges. La multiplication ces derniers jours d’offres 4G illimitée ou quasi-illimitée ne laisse pas présager d’une amélioration de la situation en termes de monétisation, pour les prochaines années.
« On n’en est pas encore à regarder la mécanique des coûts et des prix pour la 5G, ni même à élaborer des formules commerciales. C’est trop tôt », relativise Yves Legrand, directeur général adjoint des opérations techniques chez Bouygues Telecom. L’opérateur compte néanmoins sur la 5G pour accélérer son positionnement sur certains marchés, notamment dans les entreprises.
« La 5G va clairement transformer l’industrie et ouvrir de nombreuses opportunités pour les opérateurs », assure Franck Bouétard, le pdg d’Ericsson France. Contrairement aux générations précédentes, la 5G pourrait ne pas se limiter aux télécoms et concerner un nombre très important de secteurs économiques, de l’automobile à l’énergie, en passant par la construction et l’industrie manufacturière.