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Migrants : le débat s'envenime à Paris

Les migrants sont désormais plus de 300 à vivre au lycée de la rue Jean Quarré, dans le XIXe arrondissement de Paris. Sébastien SORIANO/Le Figaro

L'opposition critique la mairie, qui refuse de faire évacuer un lycée du XIXe arrondissement occupé par des clandestins.

Cinq jours après le début de l'occupation, par des migrants, d'un lycée désaffecté de Paris, le débat s'enflamme. L'opposition a attaqué mardi les propos tenus la veille par Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, qui a exclu de faire évacuer de force ce nouveau campement et a jugé que face à la vague migratoire, il souhaitait «augmenter le nombre de centres d'hébergement d'urgence». «La mairie de Paris qui dit “des clandestins occupent un lycée, on ne fait pas intervenir, on n'évacue pas”, c'est un signal épouvantable», a estimé mardi le sénateur les Républicains (LR) des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi qui considère que cela consiste à dire à tous les réseaux de passeurs: «Allez en France!»

Même son de cloche pour l'eurodéputée LR Nadine Morano: «Plutôt que de tarir l'immigration, les socialistes envoient un signal qui va créer un appel d'air considérable à l'immigration illégale avec l'espoir d'un potentiel logement», a-t-elle publié sur sa page Facebook. «Tout ça est fou!», juge quant à lui le député des Yvelines Henri Guaino, pour qui il n'est «pas pensable que l'on fasse des centres d'accueil ou des camps de rétention à l'intérieur de Paris».

« Plutôt que de tarir l'immigration, les socialistes envoient un signal qui va créer un appel d'air considérable à l'immigration illégale avec l'espoir d'un potentiel logement »

Nadine Morano, eurodéputée LR

Au lycée de la rue Jean Quarré, dans le XIXe arrondissement, l'installation des migrants se poursuit. Ils sont désormais plus de 300 à y vivre, et ce nombre semble voué à augmenter. Les bénévoles du comité de soutien aux migrants «La Chapelle en lutte» apportent des vêtements, de la nourriture et organisent la vie sur place. Dans les salles de classe vides du bâtiment, les migrants - en majorité afghans et soudanais, mais aussi érythréens, libyens ou tchadiens - dorment à même le sol sur des cartons dépliés, depuis que les matelas ont été proscrits, après une épidémie de gale. Les salles de douches, les toilettes ainsi que la cuisine improvisée au rez-de-chaussée leur offrent un confort supérieur à celui de leurs installations précédentes.

«Ici, les migrants sont protégés», estime Hervé Ouzzan, membre et porte-parole officieux du comité de soutien. Selon lui, la mairie de Paris espère «faire pourrir la situation» de ce camp improvisé en ne proposant pas de solution durable et en faisant crouler le collectif sous le poids des nouveaux arrivants. «Aujourd'hui, ils sont 300, mais cela passera vite à 400, 500 voire 600 personnes. L'information circule bien, les migrants vont bientôt venir du camp d'Austerlitz, de Calais, de Marseille», évalue Hervé Ouzzan, qui ne craint pas cet état de fait. «On a tout un bâtiment! On est prêts à accueillir ces gens.»

« L'information circule bien, les migrants vont bientôt venir du camp d'Austerlitz, de Calais, de Marseille »

Hervé Ouzzan, du comité de soutien

Sur les quais d'Austerlitz justement, sous le bâtiment vert de la Cité de la mode et du design, les avis sont partagés. Haviz habite ici depuis plus d'un an. Soudanais, il veut vivre en France et a fait sa demande d'asile. Il raconte que lundi, une quinzaine de migrants sont partis pour s'installer dans le lycée. Il les a accompagnés, «pour voir» et ira les rejoindre dans la semaine avec deux autres personnes. «C'est mieux là-bas, dit-il dans un français hésitant, ils sont abrités et il y a de l'eau chaude.» Aron, également soudanais, explique en anglais que ceux qui partiront sont ceux qui n'ont pas de tentes ni de papiers. Les autres, en attente d'un hébergement, resteront à Austerlitz de peur de perdre leur place.

Pour Ibrahim, présenté par beaucoup comme le «chef» du camp, l'installation dans le lycée du XIXe n'est «pas viable, pas durable». «Ici, on a un dialogue constructif avec les autorités», explique cet écrivain sénégalais, un des premiers arrivés à Austerlitz il y a deux ans. S'il soutient «le combat commun» que mènent les migrants du lycée, il pointe du doigt le «forcing» de l'occupation illégale. Ibrahim ne recommande pas à ses protégés de partir s'y installer. Selon lui, «si on veut s'intégrer dans un pays, il faut suivre ses règles».

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