REPORTAGECampements à Stalingrad: «De toute façon, on se sent tous impuissants»

Campements de migrants à Stalingrad: «De toute façon, on se sent tous impuissants»

REPORTAGEDepuis le démantèlement de la « jungle » de Calais, la population des campements Stalingrad, Jaurès, Flandre aurait augmenté…
Ce vendredi matin, avenue de Flandres (19e arrondissement)
Ce vendredi matin, avenue de Flandres (19e arrondissement) - R.LESCURIEUX
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Il remonte sa tente sur le trottoir, près d’une rangée de fourgonnettes de CRS stationnées. « Il n’y a pas de solutions. Alors, je dors ici », lance Ahmad, la vingtaine, doudoune sur les épaules. Quelques heures plus tôt, le jeune homme était parti dans une rue adjacente face à l’arrivée des forces de l’ordre.

Ce vendredi matin, de papiers d’identité et des situations administratives dans les campements de réfugiés à Stalingrad et au niveau de l’avenue de Flandre (19e arrondissement). Une zone où la population ne cesserait de grossir depuis quelques jours. Une réalité ?

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Augmentation de la population ?

Depuis le démantèlement de la « jungle » de Calais, le nombre de réfugiés a « augmenté de façon significative » indique-t-on à la mairie de Paris, en réfutant toutefois l’analyse selon laquelle Stalingrad est. Héloïse Mary, membre du bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants estime, elle, que la population des migrants est passée de « 2 000 personnes à 3 000 personnes en plus, en deux jours, avec la fermeture de Calais ».

De son côté, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, : « Il n’y a pas d’arrivée massive de migrants de Calais sur Paris ». « Beaucoup de migrants vont à Paris » en bus, par train ou en voiture, affirme au contraire à l’AFP une source policière. Mais tous ne viennent pas de la « Jungle ». A l’image de Gamal, 22 ans, Wassim, 17 ans et Sadam, 22 ans. Tous trois Soudanais.

« Le mois prochain on tente de partir en Angleterre »

Près d’un fil tendu entre deux arbres où sèchent ses vêtements, Gamal explique leur situation. « Nous sommes arrivés il y a dix jours à Paris. Mais nous n’allons pas rester », dit-il. Lui et Wassim ont l’intention de passer la Manche. « Le mois prochain on tente de partir en Angleterre pour une meilleure vie. Nous attendons que la situation se calme vers Calais », précise-t-il. Sadam, s’approche du groupe et intervient dans la discussion. Lui, ne compte pas prendre part à ce départ.

« Moi je veux rester à Paris », affirme-t-il. Annoncé pour mi-octobre, , à la porte de la Chapelle (18e arrondissement) doit ouvrir « d’ici une dizaine de jours » après « une opération de mise à l’abri à Stalingrad ». En tant que primo arrivant Sadam pourra notamment y prétendre. En attendant, non loin de lui, des acteurs sociaux du 19e arrondissement tentent d’apporter soutien et réconfort, entre les tentes, les bâches et les couvertures à même le sol.

« Nous recevons régulièrement des jeunes réfugiés »

« Des gens ont alerté sur la présence des CRS, donc nous sommes venus », affirme Sophie, 47 ans, responsable de l’, un point d’information pour la jeunesse du quartier mais aussi pour les migrants. « Nous recevons régulièrement des jeunes réfugiés qui veulent savoir notamment où ils peuvent se faire soigner, se laver, où manger, quels sont leurs droits. Mais certains qui sont dans l’attente d’autre chose, viennent aussi pour participer à des activités. « Ils rencontrent les jeunes du quartier qui ont envie de faire quelque chose avec eux. Et c’est une très bonne chose ». L’ambiance, est toutefois plus électrique de l’autre côté du trottoir.

Des riverains partagés

Près de la sortie de métro Stalingrad, un homme s’agace. « C’est choquant et inadmissible. Vous trouvez ça normal, cette situation ? Les commerçants ferment les uns après les autres car plus personne ne vient dans ce quartier. J’en ai ras le bol », s’exclame, Marc 50 ans, habitant du quartier. « Je trouve ça tragique mais il faut continuer à aider ces personnes qui fuient la guerre », lui rétorque Claude, 68 ans.

« Non, il faut appliquer les lois et renvoyer dans leurs pays ceux qui ne peuvent pas avoir le statut de réfugiés car nous n’avons rien à leur proposer », veut conclure Marc. Après plusieurs minutes d’échange, ils tomberont d’accord sur un argument. « De toute façon, on se sent tous impuissants ».

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