JUSTICEProcès Neyret: «Mes regrets me hanteront toute ma vie»

Procès Neyret: «Mes regrets me hanteront toute ma vie, quelle que soit votre décision»

JUSTICELe procès Neyret s'est achevé ce mardi, la décision a été mise en délibéré au 5 juillet…
Michel Neyret, au palais de justice de Paris, le 9 mai 2016.
Michel Neyret, au palais de justice de Paris, le 9 mai 2016. - AFP
Florence Floux

Florence Floux

«J’ai déjà exprimé à cette barre mes profonds regrets d’avoir entraîné ma femme et mes collègues. Je ne peux que réitérer mes regrets qui, quelle que soit votre décision, me hanteront toute ma vie. » C’est par ces mots de Michel Neyret que se sont conclues ce mardi les quatre semaines de débat du procès de l’ancien numéro 2 de la PJ lyonnaise.

Un peu avant que Michel Neyret, qui comparaissait pour corruption passive, trafic d’influence, trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, ne prenne la parole, ses avocats avaient plaidé pour lui, cherchant à contrecarrer les réquisitions de la veille qui réclamaient 4 ans de prison dont 18 mois avec sursis.

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Sur la question du trafic de stupéfiants, les deux conseils n’y sont pas allés par quatre chemins. « On se dit tout », a lancé à plusieurs reprises au tribunal Gabriel Versini. « La règle de la pratique policière de terrain, ce n’est pas celle de la loi votée dans l’Hémicycle », énonce l’avocat de Michel Neyret, fustigeant au passage les « énarques qui pantouflent dans les ministères pour codifier » le travail de la police et créer la loi de 2004 qui encadre la rémunération des informateurs. « Une législation défaillante », d’après lui, qui fait que « peu de policiers de terrain appliquaient la loi ». Ce qui explique pourquoi Michel Neyret aurait demandé à ses subordonnés de prélever une partie de la drogue saisie pour rémunérer les « tontons », selon l’avocat.

Les deux conseils de l’ex-policier ont également voulu démontrer que Michel Neyret a clairement joué hors de sa catégorie en fréquentant Gilles Bénichou et Stéphane Alzraa, qui étaient eux aussi renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris dans cette affaire. « Vous excelliez dans les rapports atypiques avec les truands, mais vous n’auriez pas dû vous préoccuper de ce que vous ne connaissiez pas », regrette Gabriel Versini, qui parle « d’escroquerie à l’amitié » quand Yves Sauvayre ajoute qu’il n’est pas simple de frayer avec « la délinquance astucieuse ».

.Les avocats des policiers et de Nicole Neyret plaident la relaxe

Ne pouvant pas plaider la relaxe pour toutes les infractions retenues, les deux avocats ont appelé le tribunal à « garder en mémoire non pas l’affaire Neyret, mais le commissaire Neyret » aux « bons et loyaux services », le remerciant « pour tout ce qu (‘il) a fait pendant toutes ces années. Peut-être que peu de gens vous l’ont dit. »

Les avocats des autres prévenus ont presque tous de leur côté plaidé la relaxe. Les trois policiers qui comparaissaient pour trafic de stupéfiants, recel de scellé et association de malfaiteurs, mais également Nicole Neyret, inquiétée pour recel de trafic d’influence, recel de corruption passive et également association de malfaiteurs.

« Dans ce dossier, on est vraiment court »

Les portraits qu’ont dressés leurs conseils de Jean-Paul Marty, Christophe Gavat et Gilles Guillotin, trois anciens subordonnés de Michel Neyret, ont eu parfois une certaine résonance les uns avec les autres. Tous ont parlé d’« honnêtes hommes » meurtris par cinq années « dévastatrices » d’une instruction fondée sur « un faisceau d’indices » qui n’aurait pas été démontré par les débats. « Quel scellé ? Quel informateur ? Quelle preuve du trafic de stupéfiants ? », interroge l’un des avocats de Christophe Gavat. « Dans ce dossier, on est vraiment court, on n’est pas allé jusqu’au bout de la logique policière », regrette pour sa part Anne-Laure Compoint, conseil de Gilles Guillotin.

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Quant à Nicole Neyret, elle a été présentée par son avocat comme une femme désespérée, délaissée par un mari devenu volage, qui se serait laissée manipuler par un Gilles Bénichou se faisant passer pour celui qui allait remettre son époux dans le « droit chemin » sans qu’à aucun moment elle n’ait eu conscience que quelque chose de malhonnête était en train de se commettre.

Le jugement a été mis en délibéré. La décision du tribunal sera rendue le 5 juillet.

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