Echauffourées dimanche à Paris : neuf gardes à vue prolongées
A la suite d'un rassemblement émaillé de violences place de la République à Paris, les policiers avaient procédé à 341 interpellations, dont 317 se sont soldées par des gardes à vue. Neuf d'entre elles ont été prolongées.
Par Les Echos
Les rassemblements pacifistes à la veille d'ouverture de la COP21 ont tourné court. Dans l’après-midi, dimanche 29 novembre, plusieurs dizaines de manifestants encagoulés et vêtus de noir ont jeté des projectiles sur les CRS qui avaient bloqué les accès à la place et qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
Après ces échauffourées, les policiers ont procédé à 341 interpellations, dont 317 se sont soldées par des gardes à vue. Ce lundi, neuf personnes ont vu leur garde à vue prolongée.
L'enquête se poursuit et les personnes dont les gardes à vue ont été levées restent susceptibles d'être poursuivies pour participation à une manifestation non autorisée, a précisé la source judiciaire.
Des groupuscules "anti Cop21"
Plus tôt, plusieurs centaines de manifestants, bravant l’interdiction décrétée dans le cadre de l’état d’urgence après les attentats du 13 novembre, s’étaient rassemblés à partir de midi sur la place à l’appel de groupuscules se disant « Anticop21 ».
En début d’après-midi, une partie d’entre eux, le visage masqué par un foulard ou une capuche, se sont brièvement engouffrés sur l’avenue de la République, clamant « Etat d’urgence, Etat policier. On nous enlèvera pas le droit de manifester ».
Les bougies du mémorial sur les CRS
Certains ont alors jeté des chaussures, des bouteilles, ou des objets du mémorial improvisé après les attentats. D’autres ont jeté une barrière sur les CRS déployés en masse qui ont alors riposté, d’abord à coups de gaz lacrymogène, puis en chargeant les manifestants.
Des militants pacifiques, eux, brandissant un drapeau arc-en-ciel, ont demandé de cesser de jeter des projectiles. D'autres ont formé une chaîne humaine autour de la statue au centre de la place, devenue un mémorial, pour éviter que les éléments radicaux ne se servent des bougies et autres objets déposés en hommage aux victimes comme des projectiles.
289 interpellations dont 174 gardes à vue
En tout, les policiers ont procédé à 289 interpellations, dont 174 se sont soldées par des gardes à vue, a annoncé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve en début de soirée.
Les actes violents, notamment jets de projectiles, commis par certains manifestants doivent être dénoncés « avec la plus grande fermeté par respect pour les victimes des attentats », a-t-il ajouté. « Aucun amalgame ne saurait être fait entre des manifestants de bonne foi et ces groupes qui n’ont toujours eu qu’un seul dessein : profiter de rassemblements responsables et légitimes pour commettre des violences inacceptables », a-t-il assuré.
Hollande et Valls condamnent
En marge d'un sommet de l'Union européenne avec la Turquie, le président a fustigé l'action « scandaleuse » d' « éléments perturbateurs » qui ont provoqué les incidents de la place de la République. « Nous savions qu'il y avait des éléments perturbateurs qui n'ont rien à voir d'ailleurs avec les défenseurs de l'environnement », a-t-il déclaré.
En début de soirée, le Premier ministre a condamné ces incidents et appelé à « respecter la mémoire des victimes » des attentats de Paris. « Les violences contre les forces de l’ordre place de la République sont indignes. Respecter ce lieu, c’est respecter la mémoire des victimes », a-t-il écrit sur Twitter.
Rassemblement pacifiste plus tôt
Dans la matinée, la place avait été recouverte de milliers de chaussures pour symboliser la marche sur le climat annulée. Puis en milieur de journée, « plus de 10.000 » personnes avaient participé à la chaîne humaine pour dénoncer « l'état d'urgence climatique », avaient annoncé en début d'après-midi les organisateurs. La préfecture de police avait, elle, annoncé la participation de 4.500 personnes.
« C'est extrêmement satisfaisant vu le contexte actuel. Il y avait beaucoup de gravité, de dignité sur les trottoirs. Un puissant courant passait entre les mains. C'est un plaisir d'avoir pu soulever le couvercle qui pèse sur la société française depuis les attentats", a affirmé lors d'une conférence de presse Geneviève Azam, porte-parole d'Attac, à l'initiative avec Alternatiba de cette manifestation organisée en dépit de l'interdiction de manifester.
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Nombre d'entre ont apporté des pancartes sur lesquelles on peut lire « Ils ne sont grands que si nous sommes à genoux » ou encore : « Ils exploitent, ils polluent, ils profitent ! l'urgence est sociale et climatique ». « Il faut mettre une pression publique sur les dirigeants. On a été très déçus de l'annulation de la manifestation mais c'est une bonne alternative pour se mobilier », explique Aude, 29 ans, venue avec deux amies, comme elle chercheuses en sciences et vie de la terre.
Pour Léo, étudiant en philosophie à Nanterre, 21 ans, « cette chaîne humaine, c'est un contre-pouvoir citoyen à la conférence officielle qui sera contre-productive car elle est faite avec des industriels dont les intérêts sont contraires à l'écologie. »
Mobilisation à Sydney
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche en Australie, avant des rassemblements à Londres, Rio ou New York, au troisième jour de marches mondiales pour exiger un accord ambitieux des 150 chefs d’Etat qui se réunissent lundi en France pour une conférence cruciale sur le climat.
Depuis vendredi, des dizaines de manifestations sont organisées partout dans le monde pour réclamer des mesures fortes contre le réchauffement climatique et faire pression sur les représentants des 195 pays qui vont se retrouver au Bourget, au nord de Paris, jusqu’au 11 décembre.
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Dimanche, 45.000 personnes ont défilé à Sydney (sud-est de l’Australie), 5.000 autres à Adélaïde (sud) tandis qu’ un millier de manifestants ont bravé la pluie dans les rues de Séoul et qu’un rassemblement s’est tenu à Delhi.
Londres, Rio de Janeiro, New York ou Mexico devaient reprendre dans la journée le flambeau de cette mobilisation mondiale.
Source AFP