La mère de Priscillia : «Rasmouk n’est pas près de sortir»

Nanterre (Hauts-de-Seine), jeudi. Comme presque tous les jours depuis le début de son procès, Sofiane Rasmouk n'a pas supporté les paroles tenues à son propos.
Nanterre (Hauts-de-Seine), jeudi. Comme presque tous les jours depuis le début de son procès, Sofiane Rasmouk n'a pas supporté les paroles tenues à son propos. (Benoît Peyrucq.)

    Au lendemain du procès de Sofiane Rasmouk devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, Ghislaine, la mère de Priscillia, l'une des deux jeunes femmes sauvagement agressées par ce multirécidiviste le 7 août 2013 à Colombes (Hauts-de-Seine), a accepté de revenir sur ces six jours d'audiences. Six jours qui se sont achevés par la condamnation de Sofiane Rasmouk, 28 ans, à la réclusion à perpétuité pour tentative de meurtre et de viol sur Priscillia, et viol sur l'autre victime, Sandra.

    «C'était éprouvant et compliqué, mais je tenais à être là tout le temps», confie ce mardi Ghislaine. Sa fille, 34 ans, qui a survécu miraculeusement à l'agresssion ultra-violente de Sofiane Rasmouk mais en garde toujours de graves séquelles, a également assisté à l'intégralité du procès.

    «L'accusé n'a jamais pu croiser son regard, Priscillia se tenait toujours de trois quarts, le visage barré par ses cheveux », tient à préciser Ghislaine. «Oui, ce procès fut parfois pénible, reprend-elle. La façon dont Rasmouk niait les faits, quand il appelait ma fille par son prénom en continuant à prétendre qu'il la connaissait, la salissant encore davantage, et puis tous ses esclandres à supporter... »

    Ghislaine a dû surmonter une autre épreuve lorsqu'elle s'est adressée à la cour d'assises. «Je me suis mise à ressentir les mêmes choses qu'à l'époque des faits, quand les médecins me parlaient de l'état critique de Priscillia. Du coup, je n'ai pas dit tout ce que j'avais à dire... »

    Au fil des audiences, Ghislaine nourrissait une inquiétude : comment les jurés allaient-il percevoir l'accusé ? Elle a notamment guetté leur réaction quand la cour a fait circuler les photo médico-légales de Priscillia, prises juste après les faits. Des gros plans de son visage ravagé par les coups de l'accusé. «Certains jurés ont été choqués, témoigne Ghislaine. Plus tard, les psychiatres ont décrit la personnalité de psychopathe de Rasmouk. Et puis lundi, l'avocat général a requis la perpétuité à l'encontre de l'accusé. Il a compris qui était ce personnage. J'étais soulagée. C'était, je crois, bien clair dans la tête de tout le monde : si ce type sort, il recommence...»

    Puis est venu le moment, aussi attendu que redouté, du verdict. «Priscillia avait notamment une obsession, que Rasmouk soit lourdement condamné. La perpétuité a été prononcée. Ma fille et moi avons été soulagées, on s'est dit Il n'est pas près de sortir. C'était l'aboutissement de presque trois ans d'obstination à démontrer que c'est quelqu'un de dangereux.»

    Si Priscillia craint que l'accusé fasse appel, sa mère se veut rassurante. «Ca m'est égal. En cas d'appel, il risquera une condamnation encore plus lourde, avec une peine de sûreté de 25 ans », conclut cette mère dont l'un des prochains combats demeure sur le terrain judiciaire.

    Une procédure est en cours sur les dysfonctionnements présumés dans le suivi de Sofiane Rasmouk, qui était sous le régime de la semi-liberté à l'époque des faits. «Je ne perds pas ce dossier de vue, croyez-moi», ajoute la mère de Priscillia qui a souvent estimé qu'on a, à cause d'un suivi défaillant, «délivré un permis de massacrer» à Sofiane Rasmouk.