JUSTICESix mois avec sursis requis contre un gendarme pour violences

Marseille Six mois avec sursis requis contre un gendarme pour violences lors d'une manifestation pacifique

JUSTICELa décision est attendue pour le mois de mars ...
Capture d'écran de la vidéo diffusée sur internet tournée le 21 janvier 2011 lors de la manifestation à Anduze.
Capture d'écran de la vidéo diffusée sur internet tournée le 21 janvier 2011 lors de la manifestation à Anduze. - DR
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Six mois de prison avec sursis ont été requis lundi contre un commandant de gendarmerie pour avoir frappé à coups de poing et aspergé de gaz lacrymogène, sans raison légitime, des manifestants pacifiques à Anduze (Gard) en 2011.

Le commandant Frédéric Warrion, 40 ans à l’époque des faits, a fait preuve « d’une violence gratuite », s’en prenant sans sommation au rassemblement d’une centaine de personnes qui bloquait un petit train à vapeur, le 21 janvier 2011, a déclaré le procureur Olivier Sabin devant la chambre militaire du tribunal correctionnel de Marseille.

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Une manifestation « calme, sereine et bon enfant »

La manifestation, non déclarée, était « calme, sereine et bon enfant », selon les déclarations de tous les subordonnés du prévenu. Les participants protestaient contre l’absorption d’un ensemble de petites communes cévenoles par la communauté d’agglomération d’Alès.

Parmi eux, beaucoup d’élus, de personnes d’un certain âge et d’enfants. « On n’avait pas de dangereux individus cagoulés… si ce n’est quelques retraités coiffés de bonnets péruviens », a ironisé le représentant du parquet.

Coups de poing et bombe lacrymogène

Sur des photos et vidéos, on peut voir le gendarme parlementer puis tout à coup asperger les manifestants en plein visage, à une quinzaine de centimètres de distance. « Personne ne s’attendait à l’usage de la bombe lacrymogène. Il n’y a pas eu de sommation, pas de comportement menaçant », a souligné le magistrat.

Frédéric Warrion a ensuite asséné des coups de poing « à un homme déjà maîtrisé par trois gendarmes », qui aura le visage « complètement tuméfié » : ces violences « viennent salir votre uniforme", a tonné Olivier Sabin.

Un « brillant chef d’escadron »

Costume gris, chemise blanche, le commandant de gendarmerie, qui exerce encore mais dit avoir vu sa carrière de « brillant chef d’escadron » s’arrêter, a difficilement tenté de se justifier à la barre.

Il a prétendu avoir visé au « dessus des têtes » avec le gaz lacrymogène, et avoir essuyé un « caillassage » intense, ce que les photos démentent.

« Ce qu’on m’a reproché c’est de passer à la télé »

« Je n’avais pas d’autre moyen d’obtenir le départ » des manifestants, et sinon « j’aurais fait perdre la face au préfet et aux élus » qui se trouvaient à bord du train bloqué, a-t-il avancé. « Ce qu’on m’a reproché c’est de passer à la télé, de faire une mauvaise image à la gendarmerie. »

« Faire évacuer ces voies c’est votre volonté », a relevé de son côté le procureur, soulignant que le commandant avait agi de son propre chef : « Je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit d’orgueil mal placé. » « Vous n’avez pas supporté que cette poignée de retraités et d’enfants défie votre petite personne », a-t-il pointé.

Décision attendue le 20 mars.

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