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L’armée française mise en cause pour son rôle lors du génocide au Rwanda

Le 27 juin, des militaires auraient promis à des Tutsi regroupés sur les collines de Brisero de les protéger. Ils ne seraient revenus que trois jours plus tard. Pendant ce temps, des centaines de personnes ont été massacrées par les milices hutu.

Le Monde avec AFP

Publié le 01 décembre 2015 à 11h17, modifié le 01 décembre 2015 à 09h47

Temps de Lecture 2 min.

Des militaires français arrivent dans un camp de réfugiés hutu, le 3 juillet 1994.

Des associations parties civiles dans l’enquête à Paris sur l’opération Turquoise ont demandé la mise en examen pour complicité de génocide de militaires français intervenus au Rwanda en 1994. Elles accusent ces militaires d’avoir abandonné aux massacres des centaines de civils tutsi sur les collines de Bisesero, à la fin de juin 1994.

L’enquête a été lancée en 2005 à la suite d’une plainte de rescapés, qui reprochent aux militaires de s’être présentés le 27 juin 1994, d’avoir promis aux Tutsi de revenir, pour ne le faire que le 30 juin. Pendant ces trois jours, des centaines de personnes ont été massacrées par les milices hutu. Les juges enquêtent sur ce que savait la hiérarchie militaire alors que l’opération « Turquoise », sous mandat de l’ONU, avait démarré le 22 juin.

Le lieutenant-colonel Jean-Rémy Duval, témoin assisté, a assuré avoir effectué une reconnaissance le 27 avec une douzaine d’hommes puis avoir relayé ses craintes, à son retour à la base, par téléphone puis par fax. « Je rends compte [au colonel Jacques] Rosier » [son supérieur] de ce qu’on a vu. (…) Je lui demande l’autorisation d’y retourner le lendemain matin avec un effectif supérieur. (…) Il me répond non », a-t-il affirmé, dans une audition de 2013, selon une source proche de l’enquête.

Des comptes rendus sans appel

Le contenu du fax, repris dans plusieurs notes et comptes rendus militaires de l’époque, est sans appel :

« Nous avons rencontré une centaine de Tutsi… Ils seraient 2 000 cachés dans les bois… Ils sont dans un état de dénuement nutritionnel, sanitaire et médical extrême… Ils espéraient notre protection immédiate. »

Entendu comme témoin assisté en juillet, Jacques Rosier assure qu’il n’a « pas le souvenir de ce compte rendu ».

Quant au général Jean-Claude Lafourcade, commandant de l’opération Turquoise, il semble lui aussi bien informé de la situation sur le terrain, relèvent France Inter et Mediapart. « Dès le 27 juin 1994, à 23 h 4, le général Lafourcade envoie un fax à l’état-major des armées dans lequel il fait explicitement allusion à une situation possiblement critique pour les Tutsis à Bisesero. »

Les juges ont aussi montré au colonel Rosier une vidéo du 28 juin 1994 et visionnée par l’AFP. Un de ses sous-officiers, lui, fait état de blessés découverts « hier dans le patelin, dont certains avaient la chair qui pendait ». « Je vois que je ne percute pas car vraisemblablement je ne comprends pas ce qu’il me raconte (…), il faut savoir que j’étais sous pression », tente de se défendre le militaire.

« C’est vrai qu’en revoyant aujourd’hui cette scène il me paraît incroyable de ne pas avoir réagi à l’information donnée ».

Pour les associations Survie, FIDH et LDH, « de nombreux documents de la procédure » montrent que « la hiérarchie militaire avait connaissance, dès le 27 juin 1994 », des massacres « et qu’aucune mesure n’a été prise pour intervenir et y mettre un terme ». Elles demandent des mises en examen pour complicité de génocide de Jacques Rosier et d’un autre officier, alors présent dans le secteur.

Le Monde avec AFP

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