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Les prisonniers palestiniens arrêtent leur grève de la faim

La grève, lancée le 17 avril, était observée par des centaines de « détenus de sécurité » dans les prisons israéliennes, qui entendaient dénoncer leurs conditions de détention.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 27 mai 2017 à 08h43, modifié le 27 mai 2017 à 15h01

Temps de Lecture 3 min.

Au moment même où débute le mois du ramadan, les prisonniers de sécurité palestiniens détenus en Israël ont accepté de mettre un terme à leur grève de la faim, commencée le 17 avril. L’annonce a été faite samedi 27 mai à l’aube, de façon inattendue, alors que les appels à la solidarité autour de cette cause se multipliaient encore ces derniers jours dans la société palestinienne.

Vendredi soir, un accord a été conclu entre l’administration pénitentiaire – en réalité, le gouvernement israélien – et les représentants des prisonniers, avec la médiation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). De source israélienne, on explique qu’il restait encore environ 800 grévistes mobilisés, parmi les quelque 6 300 prisonniers de sécurité. La détérioration de leur santé, au bout de quarante jours de jeûne, rendait une solution indispensable, d’autant que la rue palestinienne risquait de s’embraser.

Les contacts entre les services de sécurité israéliens et palestiniens – notamment avec Majed Faraj, le puissant chef du renseignement – s’étaient intensifiés depuis deux semaines. Mais le gouvernement refusait de traiter directement avec certains des prisonniers emblématiques, à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Marouane Barghouti, condamné à cinq fois la détention à perpétuité pour implication dans des attentats pendant la seconde Intifada. Selon Kaddoura Farès, le président du Club des prisonniers palestiniens, ils ont fini vendredi par accepter le dialogue. « L’administration pénitentiaire a transféré les 13 membres du comité des grévistes, dont Marouane, vers la prison d’Ashkelon, pour vraiment négocier », dit-il au Monde.

Un accord flou

Le résultat concret de cet accord demeure encore flou. Côté israélien, on veut maîtriser la communication pour ne pas trahir de signes de faiblesse ou de compromis. L’administration pénitentiaire affirme que les prisonniers auront seulement le droit, à nouveau, à deux visites mensuelles, comme ce fut le cas dans le passé. Mais les grévistes réclamaient plus largement un assouplissement des droits de visite: leur durée allongée, leur élargissement à la famille éloignée, etc. En outre, on ne sait, pour l’heure, ce qui a été décidé concernant les autres revendications : par exemple, l’instauration de cabines téléphoniques ; l’accès à la presse ou à des livres ; la possibilité de s’inscrire dans des universités israéliennes ; une meilleure prise en charge médicale des détenus gravement malades ; et puis, la fin des détentions administratives, sans inculpation ni procès, pendant des mois, que les Israéliens ne risquent pas d’abolir.

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La fin négociée de la grève, considérée comme une grande victoire côté palestinien, survient alors que le gouvernement israélien se refusait à tout compromis avec des personnes qualifiées de terroristes. Mais le placement à l’isolement de certains prisonniers, leur transfert dans d’autres établissements ou la menace d’une alimentation forcée n’ont pas dégrossi les rangs des protestataires. « Israël a tout fait pour casser la grève par la force, explique Majed Bamya, diplomate palestinien très actif en soutien de la cause des prisonniers. Constatant son échec, elle a été obligée de négocier avec le leader de la grêve, Marouane Barghouti, et les représentants des grévistes et de répondre à leur demande de voir respecter leur dignité humaine. »

Les autorités pensaient discréditer le mouvement en diffusant deux vidéos tournées selon elles dans la cellule de Barghouti. Elles montraient le prisonnier en train de manger en cachette des barres chocolatées. Mais ces images, contestées par l’entourage du détenu, n’ont pas eu d’impact chez les centaines d’autres grévistes. Or le début du ramadan pouvait représenter un risque important, en termes sécuritaires, pour Israël. Pendant ce mois, des dizaines de milliers de Palestiniens reçoivent une autorisation temporaire de visite à Jérusalem, pour se rendre à l’Esplanade des mosquées (Mont du temple pour les juifs), où se trouve la mosquée Al-Aqsa.

La séquence diplomatique récente a aussi eu une influence sur l’issue trouvée. Les 22 et 23 mai, Donald Trump a rencontré Benyamin Nétanyahou et Mahmoud Abbas, à Jérusalem et Bethléem. Il a demandé aux deux parties de consentir des efforts, en vue d’une reprise des discussions bilatérales. Après son départ pour Rome puis Bruxelles, son envoyé spécial au Proche-Orient, l’avocat Jason Greenblatt, est à nouveau revenu à Jérusalem et Ramallah, pour discuter des détails possibles d’une nouvelle initiative diplomatique. Jeudi, il a été reçu par Mahmoud Abbas, qui a lourdement insisté sur le règlement nécessaire de la grève de la faim. Le président de l’Autorité palestinienne a demandé à Washington d’intervenir en ce sens, auprès du gouvernement israélien, avant que des morts ne soient enregistrées. Des dizaines de prisonniers avaient déjà été hospitalisés pour soins. « Les Israéliens se sont trouvés sous forte pression », résume Kaddoura Farès.

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