Accident de Rochefort : le chauffeur du camion mis en examen

Le chauffeur du camion impliqué dans un accident avec un autocar qui a fait six morts, tous adolescents, jeudi à Rochefort (Charente-Maritime), a été mis en examen pour « homicides et blessures involontaires », a indiqué vendredi la procureur de la République de La Rochelle, Isabelle Pagenelle. Le jeune homme âgé de 23 ans a été laissé libre « sous contrôle judiciaire ». Il a été présenté à deux magistrats instructeurs devant lesquels « il a fait valoir son droit au silence », a précisé la magistrate.

La procureur de la République de La Rochelle a également indiqué qu'elle avait « requis le placement sous mandat de dépôt » du chauffeur, sur la foi du rapport d'expertise. Mais les deux magistrats instructeurs ne l'ont pas suivie. Ils ont placé le jeune conducteur en « liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire, en région parisienne », pour éviter tout contact avec des proches des victimes, a expliqué la magistrate.

Des leçons à tirer

Auparavant, elle avait souligné que la ridelle du camion qui a cisaillé l'autocar était déjà ouverte avant la collision, à 90 degrés, dans « une position inhabituelle et dangereuse ». « L'enquête devra déterminer les raisons et le moment de l'ouverture de cette ridelle, et pourquoi le chauffeur du camion ne s'est pas aperçu qu'il roulait avec cette ridelle ouverte », a-t-elle ajouté.

François Hollande a qualifié jeudi soir sur France 2 et sur TF1 de « drame terrible » l'accident d'un car scolaire dans lequel six adolescents ont trouvé la mort jeudi matin à Rochefort (Charente-Maritime). Rappelant que Ségolène Royal et Najat Vallaud-Belkacem s'étaient rendues sur place, le président de la République a indiqué que les deux ministres lui avaient « raconté par le détail ce qu'elles avaient vu ». « Toutes les enquêtes seront, bien sûr, diligentées pour que l'on puisse connaître les circonstances de ce drame », a-t-il ajouté. « Il y a des leçons à tirer. La sécurité routière, c'est une priorité, c'est une exigence, même s'il y a parfois de la fatalité », a-t-il relevé aussi en rappelant l'accident d'un autre car scolaire qui a coûté la vie à deux adolescents mercredi dans le Doubs.

Une fraction de seconde

François Hollande a salué les familles des victimes, en tant que président mais aussi en tant que « père de famille ». « Toute la lumière devra être faite sur les circonstances de ce drame », avait déclaré dans la matinée la présidence de la République dans un communiqué, ajoutant que le chef de l'État adressait « aux proches des victimes ses sincères condoléances » et les assurait de « la solidarité de toute la nation ».

Six adolescents ont été tués jeudi matin à Rochefort (Charente-Maritime) lorsque leur autocar a été éventré par un élément métallique dépassant d'un camion qui le croisait, au lendemain d'un drame similaire qui avait coûté la vie à deux jeunes dans le Doubs. L'accident, « concours de circonstances » aussi « improbable » qu'« épouvantable » selon les mots du maire de la ville Hervé Blanché, est survenu dans une rue longeant les quais du port de commerce de cette commune de 25 000 habitants. Sur les quinze collégiens et lycéens à bord du car, six sont décédés, deux autres ont été blessés et hospitalisés. L'un des deux blessés souffre de fractures multiples.

« C'est un camion-benne dont la ridelle latérale (paroi maintenant en place le chargement, NDLR) s'est ouverte - pour une raison que nous ignorons pour l'instant puisque des expertises techniques sont en cours - et a cisaillé le côté latéral du car qui venait dans l'autre sens », a résumé la procureur de la République de La Rochelle, Isabelle Pagenelle, lors d'un point de presse au centre de secours de Rochefort, tout proche du lieu du drame. La police scientifique s'est affairée autour de l'autocar du réseau départemental Les Mouettes (groupe Keolis, filiale de la SNCF), cisaillé sur toute sa longueur gauche, juste sous les vitres. « Ça s'est fait en une fraction de seconde, je n'ai pas eu le temps de me rendre compte ! Les secours sont arrivés très, très vite », a raconté Maxime, 24 ans, indemne, car il était assis à droite dans l'autocar.