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Deux Français sur trois n'attachent pas leur ceinture dans les autocars

La police attend qu'un car Ouibus arrive en gare de Lyon, le 19 juillet dernier. © Robert Pratta / Reuters/REUTERS

Un an après l'obligation du port de la ceinture dans les autocars, une étude de l'association Prévention Routière et Keolis montre que seules 16% des personnes interrogées disent «toujours» s'attacher dans les bus. Un constat préoccupant qui a provoqué le lancement d'une campagne de sensibilisation.

La ceinture ne séduit pas une grande partie des passagers d'autocars. C'est en substance ce que démontre une enquête inédite réalisée par l'association Prévention routière et l'acteur majeur du transport public en France, Keolis, un an après l'entrée en vigueur de l'obligation pour tous les autocars d'être équipés de ceintures de sécurité. Selon cette étude, menée auprès de 1.346 passagers entre juillet 2015 et juillet 2016, deux tiers des usagers ne s'attachent toujours pas lors de leurs transports en autobus. Un constat qui a poussé les deux auteurs de l'enquête à lancer une campagne de sensibilisation nommée «En car comme en voiture, j'attache ma ceinture».

Afin de sensibiliser les voyageurs à l'importance du port de la ceinture, deux vidéos et une fiche de conseils pour les voyageurs ont été réalisées. L'objectif: «convaincre les utilisateurs de l'utilité de la ceinture qui est indispensable à la bonne protection des voyageurs», rappelle au Figaro Thierry Guinard, directeur sécurité et environnement du groupe Keolis. Car les chiffres sont alarmants. Selon cette enquête, 65% des usagers ne s'attachent pas, et seuls 16% des passagers interrogés disent «toujours» porter la ceinture. «Nous ne sommes pas complètement surpris par ce résultat», tempère au Figaro Anne Lavaud, déléguée générale de Prévention Routière.

En outre, le problème du non-port de la ceinture est particulièrement visible chez les adolescents et jeunes adultes. En ce qui concerne les 15-19 ans, ils ne sont que 4,6% à déclarer porter une ceinture. Chez les 20-29 ans, ce chiffre monte à 9,8%. Toutefois, Anne Lavaud, déléguée générale de Prévention Routière, tend à nuancer ces chiffres: «Il y a une forte disparité selon les départements. Dans le Pas-de-Calais, 80% des usagers portent la ceinture, mais ils ne sont que 0,5% dans l'Oise. Nous constatons que ce taux est bien plus élevé dans les localités où des actions de prévention ont été menées, notamment auprès des scolaires». Ce taux atteint en effet 100% dans certains transports scolaires observés.

La ceinture considérée comme «inutile»

Autre conclusion de cette enquête: la perception de la ceinture reste approximative. Elle est souvent considérée comme «inutile» pour un grand nombre de passagers interrogés. Jointe par Le Figaro, Anne Lavaud assure que «changer les comportements va prendre du temps» car jusqu'à la loi du 1er septembre 2015, l'obligation était tout aléatoire. Une loi de 2003 reconnaissait effectivement l'obligation du port de la ceinture dans les autobus, mais uniquement ceux qui en possédaient. Avant cette date, il était autorisé de ne pas en mettre et, le plus souvent, les autocars n'en étaient pas équipés. «L'obligation du port de la ceinture à l'avant dans les voitures, votée en 1973, s'est généralisée lentement. Il a fallu près d'une génération pour que 98% des automobilistes adoptent ce comportement. La prévention peut agir sur les usagers, nous en avons la preuve», affirme encore Anne Lavaud.

En 2015, on dénombre 42 décès et 12 blessés parmi les usagers d'autocars

Depuis le 1er septembre 2015, les 66.000 autocars qui circulent en France sont donc dans l'obligation d'avoir des ceintures de sécurité. La popularité des Ouibus, mis en place en août dernier, a également permis d'accroître les transports en autocars avec près de 3.000 départs par jour. Seulement, si l'autocar reste le transport routier le plus sûr, il n'en demeure pas moins dangereux. En 2015, on dénombre 42 décès et 12 blessés parmi les usagers d'autocars suite à un accident. La majorité d'entre eux ne portaient pas leur ceinture, selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière.

La prévention avant la répression

Si l'association Prévention routière souhaite utiliser toute la palette de la prévention avant de miser sur la répression, une amende est prévue par la loi en vigueur. Tout passager ne portant pas sa ceinture risque donc d'être verbalisé et devra s'acquitter d'une contravention de 135 euros. Toutefois, les contrôles routiers sont encore rares. À terme, le rôle du conducteur devra donc sans doute être repensé, selon Thierry Guinard. «Nous invitons tous nos conducteurs à rappeler l'importance du port de la ceinture avant le départ. Certains font également le tour de l'autobus pour contrôler les passagers, notamment les plus jeunes», affirme-t-il. Cependant, Anne Lavaud juge «illusoire» de demander aux chauffeurs une telle mission car «ils doivent être concentrés sur la route avant tout».

Une autre enquête de ce type est prévue pour l'été 2017 ou 2018. À cette occasion, Anne Lavaud espère que les chiffres seront «bien meilleurs et que les comportements auront quelque peu évolué».

Deux Français sur trois n'attachent pas leur ceinture dans les autocars

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32 commentaires
  • mike53290

    le

    D'accord pour attacher la ceinture, encore faudrait-il qu'elle soit suffisamment longue pour les personnes fortes ou obèses !

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