Terrorisme : le vrai visage des cinq Français menacés de perdre leur nationalité

Terrorisme : le vrai visage des cinq Français menacés de perdre leur nationalité

    Ils sont âgés de 38 à 41 ans, majoritairement issus de Mantes-la-Jolie (Yvelines), et se présentent comme de bons pères de famille. Mais pour le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, ce sont des «terroristes» dont il a annoncé, hier à l'Assemblée nationale, avoir demandé la déchéance de nationalité française auprès du Premier ministre. Cette mesure, relativement rare, est prévue par le code civil notamment pour les personnes condamnées pour des faits de terrorisme.

    Condamnés après les attentats de Casablanca

    Les cinq hommes - quatre Franco-Marocains et un Franco-Turc-, ont été condamnés à Paris en 2007 pour leur implication dans les attentats de Casablanca (Maroc) du 16 mai 2003, qui avaient fait 43 morts, dont quatre ressortissants français, et des dizaines de blessés. Al-Qaida avait revendiqué la paternité de ces funestes attaques-suicides. Les cinq Français dans le collimateur de la place Beauvau avaient à l'époque été identifiés comme appartenant à la cellule hexagonale du groupe islamique combattant marocain (GICM), l'un des mouvements impliqués dans l'attaque. Le tribunal correctionnel de Paris les avait condamnés à des peines allant de 6 à 8 ans de prison.

    Initiés par un prédicateur de Mantes-la-Jolie

    Au cours de l'instruction, les cinq suspects avaient confessé leur investissement dans ce groupe radical. Un engagement qu'ils avaient notamment initié au contact d'un prédicateur officiant à la Grande mosquée de Mantes-la-Jolie (Yvelines), expulsé en urgence du territoire français en 1995. L'enquête avait permis d'établir que certains d'entre eux avaient effectué des voyages en Syrie, en Afghanistan ou en Turquie à la fin des années 90 et au début des années 2000, pour parfaire leur engagement islamiste, voire suivre un entraînement paramilitaire. Ensemble, les cinq hommes avaient vainement tenté de se rendre en Afghanistan fin 2001 pour y combattre l'armée américaine. Les investigations avaient révélé leurs liens avec les membres d'autres cellules du GICM, en Belgique ou au Royaume-Uni. Le tribunal correctionnel avait donc estimé qu'ils avaient fourni un soutien logistique aux attentats de Casablanca. La justice leur reprochait également d'avoir financé la cause par le biais de leurs sociétés.

    Un activisme intact à leur sortie de prison

    Mais selon nos informations, c'est le comportement de ces cinq hommes en détention et depuis leur sortie de prison, entre 2009 et 2010, qui a motivé la décision du ministre de l'Intérieur de vouloir les déchoir de leur nationalité française. Selon les services de renseignement, derrière les barreaux, quasiment tous se sont distingués par leur proximité avec des détenus mis en cause pour des faits de terrorisme. L'un d'eux aurait notamment fréquenté Djamel Beghal, le mentor des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly. Un autre était identifié comme imam autoproclamé dans son établissement pénitentiaire. A l'exception d'un seul, tous sont également suspectés d'avoir maintenu un activisme en faveur du jihad depuis qu'ils ont retrouvé l'air libre. L'un de ces anciens condamnés aurait par exemple manifesté son intention de se rendre en Syrie.

    L'expulsion n'est pas automatique

    Tous contestent la demande de déchéance de leur nationalité française, estimant qu'il s'agirait d'une décision manifestement excessive et disproportionnée. Tous craignent également pour leur vie s'ils venaient à être renvoyés dans leur pays d'origine. A noter toutefois que la déchéance de nationalité n'entraîne pas nécessairement l'expulsion.

    VIDEO. Cazeneuve demande la déchéance de nationalité française pour cinq terroristes