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Le Venezuela veut se retirer de l’Organisation des Etats américains

Déplorant la tenue d’une réunion sur la crise qui secoue le pays, le gouvernement de Nicolas Maduro fustige l’« ingérence » de l’instance.

Par  (avec AFP)

Publié le 27 avril 2017 à 02h46, modifié le 27 avril 2017 à 10h49

Temps de Lecture 3 min.

Manifestation à Caracas, au Venezuela, le 26 avril.

Les manifestations contre le président Nicolas Maduro ont fait deux nouveaux morts, mercredi 26 avril. A Caracas, l’étudiant Juan Pablo Pernalete, 20 ans, a été atteint par une grenade lacrymogène qui l’a frappé en pleine poitrine. A Valencia (nord), Christian Ochoa, 22 ans, a été tué par balle, mardi soir. A ce jour, le bilan du « printemps vénézuélien » contre le régime Maduro s’élève à 29 morts depuis début avril.

Outre la pression de la rue, le gouvernement vénézuélien est de plus en plus isolé sur la scène internationale. L’Organisation des Etats américains (OEA) a décidé, mercredi, de convoquer les ministres des affaires étrangères de la région pour examiner la situation du Venezuela. Les pays des Caraïbes qui bénéficiaient de pétrole vénézuélien à prix d’ami ont commencé à lâcher leur allié et permis de former une majorité. Sans attendre, Caracas a annoncé son intention de quitter l’OEA, une procédure inédite qui prendra deux ans.

« Coup d’Etat permanent »

Les protestations de ces dernières semaines avaient commencé à la suite d’une tentative de la Cour suprême de s’arroger, le 31 mars, les compétences législatives de l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition à Maduro depuis sa victoire aux législatives de décembre 2015. Cette manœuvre avait été jugée contraire à la Constitution par Luisa Ortega, procureure générale de la République, jusqu’alors alignée avec le gouvernement.

Les juges ont été obligés de rétropédaler, mais les opposants ont dénoncé un « coup d’Etat permanent » et convoqué, depuis le 3 avril, une série de manifestations, aussi bien à Caracas qu’en province. Les manifestants réclament des élections anticipées, la libération des 150 prisonniers politiques, le respect de la séparation des pouvoirs et donc des compétences de l’Assemblée nationale et l’indépendance de la justice, et l’ouverture d’un « canal humanitaire » pour que l’aide internationale puisse secourir les plus vulnérables, plongés dans la misère.

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Les manifestations de l’opposition trouvent pour la première fois un large écho dans les quartiers pauvres de l’ouest de Caracas. Ainsi, mercredi, la police a dû réprimer avec des grenades lacrymogènes des protestations à Catia, lointaine banlieue sur la route vers l’aéroport international de Maiquetia. Samedi 22 avril, exceptionnellement, la police a laissé le cortège venu de l’est passer par le centre-ville, sanctuaire du pouvoir, pour se diriger vers le siège de la Conférence des évêques, et rendre un dernier hommage aux victimes mortelles de la répression. A cette occasion, les manifestants ont été accueillis avec des cris de bienvenue et de joie : « Si, se pudo ! » (« Oui, on y est arrivés ! »).

A la tête des rassemblements, ­Lilian Tintori, 38 ans, porte un tee-shirt avec le portrait de son époux, Leopoldo Lopez, enfermé depuis plus de trois ans à la prison militaire de Ramo Verde (à une heure de Caracas). A ses côtés, Freddy Guevara, 31 ans, ancien dirigeant du mouvement étudiant, vice-président de l’Assemblée nationale. C’est souvent lui qui trouve la formule pour galvaniser les opposants et les mécontents, pour les mobiliser tous les deux jours, pour varier les modalités de la manifestation et montrer la force de la résistance pacifique. Ils sont entourés de jeunes portant un tee-shirt orange, la couleur de leur parti Volonté populaire, membre de l’Internationale socialiste.

L’ancien candidat présidentiel Henrique Capriles Radonski, 44 ans, privé de ses droits politiques pendant quinze ans, n’a pas été en reste. Il a relancé sans cesse la mobilisation et promis à ses sympathisants un dénouement rapide de la crise, ce que la plupart des observateurs jugent improbable. Gouverneur très populaire de l’Etat de Miranda (périphérie de Caracas), agitateur charismatique, il est secondé par Julio Borges, 47 ans, président de l’Assemblée nationale, stratège au tempérament réfléchi. Leurs supporteurs portent le tee-shirt jaune du parti Primero Justicia (Justice d’abord).

Jeunesse radicalisée

La présence des dirigeants politiques aux premiers rangs, alors que les cortèges sont attaqués par les forces de sécurité, consolide leur prestige auprès des Vénézuéliens. Ils sont sans doute poussés par l’émergence d’une jeunesse radicalisée prête à en découdre, qui risque de les déborder dans la rue. ­Situation d’autant plus périlleuse que les policiers et gendarmes, épuisés, se lâchent et n’hésitent pas à tirer des grenades lacrymogènes à l’horizontale, à utiliser des fusils à plombs ou des balles en caoutchouc. Luisa Ortega, la procureure générale, est sortie à nouveau de sa réserve pour critiquer les arrestations qui se font sans justification établie par écrit lors du présumé flagrant délit.

Le danger principal, pour les manifestants comme pour les habitants des quartiers populaires, vient néanmoins des « collectifs », des groupes paramilitaires qui se déplacent à moto et tirent dans le tas ou visent carrément à la tête pour terroriser la population. Liés à la pègre, ils contrôlent des territoires ainsi que la gestion des programmes clientélistes. Un mélange mortifère de politique et de crime organisé.

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