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Vétérinaire, métier aussi attirant que méconnu

Alors que le Salon de l’agriculture, plus grande ferme de France, s’installe à Paris, porte de Versailles, du 25 février au 5 mars, le point sur un métier qui suscite beaucoup de jeunes vocations, sans que sa pratique quotidienne soit bien connue.

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Publié le 26 février 2017 à 10h46, modifié le 26 février 2017 à 10h46

Temps de Lecture 4 min.

Entre eux, les professionnels l’appellent le « syndrome Daktari », en référence à la série des années 1970 sur un vétérinaire et son centre pour la faune sauvage en Afrique. Aujourd’hui, ce sont plutôt les émissions de télé-réalité sur les coulisses des zoos qui font recette. Mais l’impact est toujours aussi net sur les vocations.

« Le souci, c’est que beaucoup de jeunes se tournent finalement vers le métier sans avoir confronté leur rêve à la réalité, témoigne Pierre Buisson, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Travailler dans un delphinarium, cela reste exceptionnel. »

De fait, près de 70 % des vétérinaires s’occupent exclusivement ou principalement d’animaux de compagnie. Et, dans ces horizons bien moins exotiques, ils ne sont ni éthologues ni comportementalistes canins. « Etre vétérinaire, cela peut consister aussi à assurer des inspections en abattoir, faire de la chirurgie, prendre des décisions difficiles comme l’euthanasie, et cela suppose de très bonnes compétences relationnelles », observe Caroline Lelaidier, directrice de l’enseignement à l’Oniris, à Nantes, l’une des quatre grandes écoles françaises formant des praticiens.

Tact, réactivité et sens clinique

Après des stages « un peu partout » dans l’Hexagone, de la Bretagne au Centre, Pauline Cottarel, tout juste diplômée de VetAgro Sup, à Lyon, vient de prendre un poste en Normandie et confirme l’importance du dialogue. « J’étais partie pour travailler avec des animaux. Je me retrouve bel et bien face à des bêtes au quotidien, mais aussi à beaucoup d’humains », dit-elle en souriant. « C’est une profession qui s’inscrit dans un contexte économique et les soins dépendent aussi de la capacité des propriétaires à en supporter les coûts », prévient Isabelle Chmitelin, directrice de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT).

Dans le cabinet où elle est salariée, Pauline Cottarel accueille et soigne les animaux de compagnie et se déplace quand il s’agit de ruminants, de moutons et, parfois, de chevaux. Avant toute intervention à l’extérieur, il s’agit de « bien faire décrire la situation par téléphone pour comprendre dans quoi l’on s’embarque, mesurer l’urgence et apporter le matériel nécessaire ».

Un tact et une réactivité à marier avec un sens clinique certain. « Sur le terrain, il faudra souvent prendre un grand nombre de décisions rapidement, sans pouvoir passer par des examens complémentaires », commente Pierre Buisson, du SNVEL. Des responsabilités sources de stress ? « Il y a aussi de grandes joies quand on pose le bon diagnostic, qu’on arrive à sauver des animaux et à aider les gens », rétorque Pauline Cottarel, qui apprécie le grand air et la ­variété de ses missions.

Le vétérinaire de 2017 « n’est plus seulement un clinicien mais aussi un chef d’entreprise »
Marine Slove, cofondatrice du portail de recrutement spécialisé VétoJob

Exerçant dans une clinique ­canine de Bourgogne depuis sa sortie de l’ENVT en 2014, Hugo Rolland a une vie beaucoup plus sédentaire mais assure que « pas un jour ne ressemble à l’autre ». ­Entre consultations classiques ou interventions chirurgicales, prises de sang ou radios, il trouve son travail « très stimulant sur le plan intellectuel. On a l’impression d’élargir sans cesse son champ d’action », explique-t-il.

« Il y a toujours quelque chose à ­rechercher dans un bouquin, il faut s’informer sur les dernières maladies et avancées de la science, renchérit Amélie Dartevelle, en poste dans le Jura depuis sa formation à VetAgro Sup. C’est un métier qui est aussi très prenant sur le plan personnel. »

Le poids peut être d’autant plus lourd que le vétérinaire de 2017 « n’est plus seulement un clinicien mais aussi un chef d’entreprise, ­explique Marine Slove, cofondatrice du portail de recrutement spécialisé VétoJob. La législation s’est étoffée, le matériel s’est perfectionné et il faut aujourd’hui un équipement technique plus complet pour rester compétitif ». Résultat : des difficultés à recruter du côté des petits cabinets de campagne, d’autant que « la jeune génération aspire à travailler plus en équipe, pour limiter les gardes mais aussi favoriser les échanges ».

Laboratoires pharmaceutiques et entreprises agroalimentaires

Seulement 10 % des diplômés commencent en indépendant, d’après la dernière enquête d’insertion publiée par le ministère de l’agriculture. Reste qu’ils sont aussi courtisés dans un champ plus large que les soins des animaux proprement dits : « Les laboratoires pharmaceutiques et les ­entreprises agroalimentaires sont intéressés par ces profils », observe Marine Slove. Après la création de son site Internet, elle-même a été embauchée par une start-up spécialisée dans la santé connectée. Chez Equisense, la voilà directrice d’un produit qui surveille à distance les paramètres physiologiques des chevaux, pour prévenir les risques de colique, « une des premières causes de mortalité » chez ces animaux.

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Toutes les perspectives ne se ­situent pas sur des créneaux aussi originaux, mais les diplômés peuvent aussi se tourner vers les services vétérinaires, chargés des contrôles sanitaires, ou poursuivre en doctorat pour intégrer des équipes de recherche. « Il n’y a pas un, mais des métiers vétérinaires », insiste Isabelle Chmitelin, de l’ENVT, soulignant néanmoins l’intensité des cinq ans d’études, après un concours assez exigeant à bac + 2. Cela dit, « une partie de la sélection se fait dès le bac, à l’entrée en classe préparatoire », prévient-elle. Sur les 554 places ouvertes en 2016 par les écoles, 444 ont en effet été pourvues par des élèves de ces filières scientifiques.

Néanmoins, il est possible de se présenter après une licence à l’université, un BTS ou un DUT. Une voie choisie par Amélie Dartevelle avec succès. « Je n’avais pas le mental qui correspondait à une prépa et cela me rassurait de valider d’ores et déjà un diplôme au bout de deux ans. » A chacun sa stratégie.

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