Guyane : démarrage timide de la grève générale

La "journée morte" démarre ce mardi en Guyane. Bernard Cazeneuve a annoncé l'envoi d'une délégation ministérielle "avant la fin de semaine".

Source AFP

Démarrage timide lundi pour la première journée de grève avant la
Démarrage timide lundi pour la première journée de grève avant la "journée morte" mardi. © AFP

Temps de lecture : 4 min

La mobilisation était timide pour le démarrage de la « grève générale illimitée », lundi, en Guyane alors que le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé la venue de ministres « avant la fin de semaine », répondant à l'une des revendications des acteurs sociaux. Des voitures circulaient dans Cayenne, où les stations-service ont été approvisionnées. Les commerces étaient ouverts.

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Une myriade de drapeaux indépendantistes vert, jaune et rouge flottait sur les voitures, scooters et ronds-points. Des banderoles « nous bon ké sa », « ça suffit » en créole guyanais, étaient visibles partout sur le territoire. Mais la mobilisation était bien inférieure à celle des jours précédents. Alors que des centaines de manifestants se tenaient autour des barrages routiers dans Cayenne ce week-end, ils n'étaient que quelques dizaines lundi à empêcher les voitures d'entrer ou de sortir de la ville lundi. Quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant le rectorat, avant de former une chaîne humaine.

« Journée morte »

« Ceux qui sont hors Cayenne n'ont pas pu passer les barrages », selon un professeur de sport gréviste qui s'« attendait à plus de monde ». Air France, dont les avions ne desservent plus Cayenne depuis dimanche, a annulé son vol pour mardi. La Guyane, qui compte plus de 250 000 habitants, vivra une « journée morte » mardi. Des marches se tiendront en parallèle à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni, à l'appel du collectif Pou la Gwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle). Ce sera « la première démonstration de rue au-delà des barrages », a affirmé l'un des porteurs du mouvement.

Ce collectif, très majoritaire, a édifié une plateforme de revendications communes, de la construction d'écoles à l'intensification de la lutte contre l'orpaillage, en passant par le paiement des arriérés aux fournisseurs de l'hôpital de Cayenne. « La première priorité, c'est la lutte contre l'insécurité, le renforcement des moyens », a toutefois déclaré François Hollande depuis Singapour. « Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine » pour conclure les discussions engagées par la mission de hauts fonctionnaires dépêchée samedi, a annoncé Bernard Cazeneuve, au côté de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts. « Si, toutefois, les conditions du respect (...) et de l'ordre républicain sont réunies », a-t-il précisé. Le Premier ministre a annoncé notamment qu'un « centre pénitentiaire et un tribunal de grande instance » seraient « construits à Saint-Laurent-du-Maroni ».

Cazeneuve appelle au dialogue

« On ne dialogue pas en cagoule. On dialogue le visage découvert. Il faut que la confiance soit présente », a de son côté insisté le nouveau ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, depuis Bruxelles. Alors que le préfet Jean-François Cordet, qui pilote la mission interministérielle, a fait état de « premiers résultats » obtenus depuis samedi dans un communiqué, un porte-parole des socio-professionnels a réclamé « un plan de développement et pas des mesurettes ». « On a l'impression que le gouvernement ne perçoit pas le ras-le-bol de la population », dont « encore 30 % (...) n'a pas accès à l'eau potable ou à l'électricité », a déploré le sénateur PS de Guyane, Antoine Karam, sur BFM TV. Dès dimanche, des barrages de poids lourds arboraient des slogans explicites : « Hollande, il est où ton pacte d'avenir ? Pas de routes, pas de développement ».

Le Premier ministre, qui a appelé « encore une fois solennellement au dialogue, à la responsabilité et à l'apaisement », a affirmé vouloir signer ce « pacte d'avenir » dans « les meilleurs délais ». La mission interministérielle a fait dimanche plusieurs annonces visant à désamorcer le mouvement social. Mais, a souligné une source gouvernementale, « les revendications sont éparses et les collectifs ne sont pas d'accord entre eux ».

Cordet, ancien préfet de Guyane, a notamment annoncé le renfort de « 25 policiers, 23 gendarmes », ou « la fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne », mais aussi une enveloppe d'urgence de « 60 millions d'euros supplémentaires » pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté. La situation en Guyane a trouvé un écho dans la campagne présidentielle, à quatre semaines du premier tour. Marine Le Pen (FN) a dénoncé le « service cruellement minimum » du gouvernement, François Fillon (LR) y voyant « la conséquence de l'échec de la politique de François Hollande ». Bernard Cazeneuve s'en est pris, lui, à ceux qui cèdent à « la démagogie » et à « l'électoralisme ».

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Commentaires (2)

  • Francois28

    Inadmissible;

  • matmatmat

    Test app