Former French labor minister and main opposition right-wing "Les Republicains" candidate for the regional elections in the Nord-pas-de-Calais -Picardie, Xavier Bertrand, speaks during a campaign meeting in Bousbecque on June 18, 2015. AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN

Xavier Bertrand juge que les Britanniques sont responsables de la crise qui se joue actuellement à Calais.

AFP/Philippe Huguen

En 1337, une missive d'Edouard III, roi d'Angleterre, déclenche une guerre contre la France qui durera "cent ans". Le 16 juillet 2015, Xavier Bertrand envoie une lettre à David Cameron, premier ministre britannique. Aux dernières nouvelles, les archers de Sa Majesté n'ont pas encore pris Calais pour cible. Le seul combat est pour l'heure médiatique.

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Xavier Bertrand est partout. Le 16 juillet, il écrit à David Cameron. Le 30 à Manuel Valls. Le 2 août, il accorde un long entretien au Journal du dimanche. Le 3, il est sur le plateau d'I-Télé. Le même message à chaque fois: "Soit les Anglais changent de politique, soit nous changeons leur frontière."

Si les migrants meurent en tentant de traverser la Manche, si le milieu économique calaisien souffre des tentatives d'intrusion sur le site d'Eurotunnel, si la population locale se sent sous pression, c'est parce que Londres ne fait rien pour éviter d'attirer les exilés d'Afrique ou d'Asie. Pis, toujours selon Xavier Bertrand, la Grande-Bretagne délègue à la France la gestion de ses propres frontières. Depuis 2003, les contrôles s'effectuent à Calais et non à Douvres, côté anglais.

Le député du parti Les Républicains a donc trouvé la martingale: cette crise est de la responsabilité du gouvernement britannique. Qu'il légifère pour limiter le travail au noir! Qu'il établisse une carte nationale d'identité!

Parler des régionales,

Le coup est parfait. En tenant cette ligne, Xavier Bertrand attire la lumière sur sa campagne pour les régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Engagé comme tête de liste dans une bataille difficile -Marine Le Pen est donnée vainqueur, il espère se démarquer de ses adversaires. "Il veut tenir un discours de vérité, très clair et ferme, et partager sa vision de ce que doit être un président de Région, décrypte son entourage. Celui-ci doit être capable de porter la voix des acteurs de terrain."

En visite à Calais le 10 juillet, il avait rencontré des acteurs économiques locaux, désespérés des conséquences de cette crise des migrants. Il leur a promis de remonter leurs inquiétudes au plus haut niveau et évoquera le sujet lors de ses entretiens prévus avec l'ambassadeur britannique à Paris et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

...aux électeurs FN

Aborder le drame des migrants par les faces diplomatique et économique lui permet également d'éviter de courir derrière le Front national particulièrement ancré dans la région. Xavier Bertrand règle son viseur sur Londres et peut ainsi hausser le ton pour se faire entendre sans risquer le dérapage sur un sujet sensible comme celui des flux migratoires.

La facette patriotique de son discours ne risque pas non plus de déplaire aux électeurs frontistes. "Il ne faut pas abuser de notre patience", lance-t-il aux Britanniques dans l'entretien au JDD. "Nous faisons leur travail et ils nous accusent de mal le faire", complète-t-il sur I-Télé ce lundi matin.

...en pleine lumière médiatique

Enfin, dans la torpeur de l'été, Xavier Bertrand émerge dans les médias. Il porte sa critique de la politique britannique depuis plusieurs semaines mais elle ne perce que ces derniers jours. Le voici au centre de l'attention. Florian Philippot, vice-président du FN, l'attaque sur le plateau de BFMTV. Son adversaire socialiste pour les régionales, Pierre de Saintignon l'accuse de parler comme le Front national. La presse britannique, du Daily Mail au Financial Times, reprend ses arguments.

Reste à tenir ce rythme à la rentrée lorsque tous les politiques seront rentrés de vacances. Ce sera le cas de Marine Le Pen, pour l'instant totalement muette sur le sujet. Nul doute qu'elle tentera de déclencher une polémique pour reprendre la main.

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