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SNCF, RATP, aéroports : une nouvelle semaine de contestation sociale

Des appels à la grève, reconductibles, ont été lancés dans le secteur des transports pour des motifs mêlant revendications internes et opposition à la loi El Khomri.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 30 mai 2016 à 04h19, modifié le 31 mai 2016 à 05h45

Temps de Lecture 5 min.

Le gouvernement n’en a pas terminé avec la contestation de son projet de réforme du code du travail. Après les carburants, le secteur des transports s’apprête à vivre une semaine agitée, à partir de lundi 30 mai, avec des appels à la grève reconductibles, lancés pour des motifs mêlant revendications internes et opposition à la « loi travail », alors que l’Euro de football approche (10 juin-10 juillet).

  • Carburants : la situation s’améliore

Un militant de la CGT lors du blocage de la raffinerie de Donges, le 27 mai.

La situation s’est améliorée en ce qui concerne les carburants, avec le déblocage de la quasi-totalité des dépôts pétroliers, mais des perturbations perdurent. « Il y aura de l’essence » lundi dans les stations, avait assuré dimanche le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Sur les huit raffineries françaises, quatre sont toujours à l’arrêt et deux en débit réduit. Quant aux terminaux pétroliers du Havre et de Marseille, qui alimentent Orly et Roissy en kérosène, le mouvement qui y dure depuis une semaine ne semble pas vouloir s’arrêter. Le gouvernement a néanmoins imposé un service minimal. La grève a été reconduite lundi après-midi par le personnel du Havre. Au cours d’une assemblée générale organisée par la CGT, syndicat unique de la Compagnie industrielle maritime (CIM), la grève a été reconduite jusqu’à mercredi midi par un vote à 85 % des 150 salariés présents. Reste à connaître la décision des personnels marseillais, où l’arrêt de travail est pour l’instant prolongé jusqu’à mardi.

  • Blocage d’une usine de traitement des déchets en région parisienne

En région parisienne, le mouvement a aussi gagné, lundi, le secteur du traitement des déchets. Des personnels de la propreté CGT bloquent depuis la matinée le centre de traitement des déchets d’Ile-de-France à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). L’appel a été lancé par la CGT d’Ile-de-France et parmi les éboueurs qui bloquent le site « une minorité sont des agents de la ville », observe Mao Peninou, adjoint chargé de la propreté à la ville de Paris.

L’usine d’Ivry se charge du retraitement des déchets de quinze communes de la région, dont Paris. Elle reçoit chaque jour entre 1 500 tonnes et 2 000 tonnes de déchets, soit 150 à 200 camions. Les camions-poubelles sont « déviés vers d’autres centres afin de continuer à assurer le service public  », annonce le Syctom (l’agence métropolitaine des déchets ménagers). Le président de l’agence, Hervé Marseille (UDI), maire de Meudon, n’a pas fait appel jusqu’ici à la force publique pour faire cesser le blocage.

A Paris, « nous n’avons pas eu d’alerte » laissant penser qu’il pourrait y avoir des grèves parmi les agents de la ville dans les prochains jours, a dit au Monde, lundi 30 mai, M. Peninou. Un préavis de grève déposé depuis mars par la CGT, majoritaire au sein des agents de la ville, a été jusqu’ici « peu suivi » en dehors « des journées nationales de mobilisation, lors desquelles 20 % des éboueurs ont fait grève ».

  • Grève à la SNCF dès mardi

Les opposants au texte ne comptent pas baisser les bras. L’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, FIDL, UNL) a appelé « à amplifier les mobilisations » avant une journée nationale d’action, le 14 juin. D’ici là, la mobilisation se concentrera dans les transports.

A la SNCF, où de délicates négociations sur le temps de travail des cheminots entrent dans leur phase finale, la CGT, l’UNSA et SUD-Rail ont déposé des préavis de grève reconductibles à partir de mardi soir. Aux motifs internes, la CGT-Cheminots et SUD-Rail ont ajouté l’opposition au projet de loi travail.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Loi travail : le gouvernement pris au piège d’un calendrier maudit

Lundi 30 mai, la CFDT-Cheminots, quatrième force syndicale à la SNCF, a finalement levé son préavis de grève après de nouvelles propositions de la direction dans le cadre des négociations sur l’organisation du travail des cheminots. L’UNSA-Ferroviaire (deuxième syndicat) maintient de son côté le préavis.

Les syndicats espèrent peser sur les négociations, qui doivent se poursuivre jusqu’au 6 juin, à quelques jours du coup d’envoi, le 10, de l’Euro de football, dont la SNCF est le transporteur officiel. « On ne va pas empêcher les gens d’aller voir les matchs de foot, mais il faut que le gouvernement aussi veuille discuter. Tout est entre [ses] mains », a lancé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

  • RATP : des perturbations attendues à partir de jeudi

Pour les Franciliens, des difficultés sont aussi à prévoir à partir de jeudi à la RATP, avec un appel à la grève « illimitée » de la CGT. Le premier syndicat de la régie demande la réouverture des négociations salariales annuelles et le retrait du projet de loi travail. SUD-RATP, troisième force syndicale, a déjà appelé à une grève illimitée à compter du lancement de l’Euro « contre la loi travail » et « la remise en cause du statut RATP ».

  • Les trafics aérien et portuaire touchés

Le trafic aérien pourrait aussi connaître des perturbations, en raison d’une grève à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) prévue du 3 au 5 juin, pour des revendications internes. Enfin, dans les ports et docks, la CGT appelle à un arrêt de travail de vingt-quatre heures jeudi contre la loi El Khomri.

  • M. Valls refuse de « renoncer face à un mouvement social »

Manuel Valls, à l’Assemblée nationale, le 25 mai 2016.

Du côté du gouvernement, le premier ministre, Manuel Valls, a promis dimanche d’aller « jusqu’au bout » pour ce texte et paraît miser sur l’essoufflement de la crise sociale la plus dure du quinquennat, qui menace la reprise économique française. « Nous sommes dans un moment crucial », a-t-il dit au Journal du dimanche.

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« C’est l’idée même de réforme qui se joue. Il s’agit d’une clarification dans le syndicalisme, d’une clarification à gauche, d’une clarification dans la société française », a ajouté M. Valls, qui dit ne pas vouloir rejoindre « la longue liste des (…) politiques qui ont renoncé face à un mouvement social ». « Si nous cédions à la rue et à la CGT parce que nous serions obsédés à court terme par [les élections de] 2017, il ne resterait plus rien », fait-il valoir.

Pour la première fois depuis deux mois, le premier ministre a néanmoins appelé samedi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui y a vu un « bon signe ». Dimanche soir, celui-ci a exigé le retrait de l’article 2, « colonne vertébrale » du texte qui consacre la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. « Si le gouvernement dit “on suspend la procédure parlementaire, on discute, on améliore”, il n’y a pas de problème. C’est ce qu’on dit depuis le début », a-t-il dit, se défendant d’infléchir sa position.

Mais le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger — également contacté par le premier ministre samedi — a demandé, lui, le « maintien de l’article 2 », en « l’expliquant davantage ». La prochaine étape parlementaire se déroulera au Sénat à partir du 13 juin.

Le Monde avec AFP et Reuters

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